Retour inattendu...

Le vent caressait ses cheveux.

Le voyage avait été long, et ininterrompu.

Quoiqu'il en soit, Miyu était de retour.

Pourquoi était-elle partie ? Impossible de s'en rappeler. Tout ce dont elle se souvenait, c'était un battement d'ailes contre sa joue.

Elle avait dormi longtemps. Elle s'était réveillée paralysée. Seule.

Seule, elle avait trouvé la sortie. Au prix de nombreux efforts, elle avait trouvé la sortie d'un labyrinthe sans fin. Elle avait erré dans des couloirs aux murs nus, un château désert où personne n'entendait ses appels au secours. Elle avait déchiré ses vêtements. Et puis...

Elle était arrivée face à un nouvel ennemi. Il lui avait brûlé les yeux,la peau, l'avait asséchée. Des rayons meurtriers lui avaient lacéré les bras. Elle avait soif, soif, très soif.

Ce fut un habitant de Gardea qui l'avait retrouvé. Un sorcier qui l'avait ramenée chez elle et qui l'avait soignée.

"Vous ne pourrez plus sortir sous la lumière du soleil. La chaleur est mauvais pour vous. privilégiez la lune et la nuit."

Voilà tout ce qu'il lui avait dit, mais elle n'avait pas eu besoin de plus.

Elle était devenue vampire à part entière.

Le sang des humains était devenu son complément indispensable d'alimentation. La nourriture avait perdu toute saveur dans sa bouche.

Elle avait perdu la sensation de douleur, la sensation de l'odorat.

Elle ne pouvait toujours pas voir. Mais elle avait encore ses ultrasons... En vingt fois plus précis.

Elle avait gagné en vitesse. Elle pouvait sauter très haut, si haut que quelqu'un d'en-dessous aurait pu croire qu'elle volait.

Deux questions restaient à élucider :

Pourquoi était-elle partie ?

Mais surtout, combien de temps était-elle partie ?

Elle avait le sentiment qu'ici elle renouerait avec un morceau de la Miyu d'avant, qui lui semblait si lointaine.

Quelqu'un devait l'attendre.

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La nuit… Pourquoi est-ce que j’en suis venue a sortir a ce moment là? Parce que depuis si longtemps, je ne trouve plus de signification au mot « dormir »? Il est vrai… je n’ai pas trouvé cette chose qu’on appelle le sommeil depuis tellement de temps… D’ailleurs, qu’est-ce donc encore? Le temps… Qu’est-ce que j’en sais… Je suis perdu… Non, J’étais perdu.

Moi qui ne faisait que me morfondre, me mutiler mentalement et me cracher des souvenirs encore plus douloureux que milles lames plantées dans mon cœur, moi qui ne connaissait plus mon âge, et me rappelant a peine de mon nom. Cet homme qu’on semblait apprécié avant n’était devenu qu’une poupée de chiffon, incapable de réagir autrement que de se rouler en une boule noire au fond d’un coin encore plus sombre.

Moi, qui n’avait d’yeux que pour toi, alors que tu t’es envolée, que tu m’as abandonné. Je n’ai pas d’ailes… l’as-tu oublié? Tu m’as laissé, seul, terrifié sur cette terre maudite et brûlante sous mes pieds. Chaque pas devenait une horreur, chaque battement de cils était un supplice, et chaque respiration semblait me déchirer les poumons. Terre que je considère stérile et âpre sans la présence de la douce lumière qui éclairait mes jours.

Oui, c’est ça… pareil a ce qu’on appelle l’enfer, cette terre était pour moi ma prison, sans la clé qui m’adressait de regards. Elle avait disparut… Elle n’était plus là. Je devais alors, me contenter, comme tous criminels, de purger ma peine, attendant le jugement dernier dans cette cellule qui pour certains parait sans limite, pour d’autre, la plus magnifique des choses, mais qui pour moi ne restait rien de plus que ma sentence.

Mais quel crime avais-je commis?! De quoi m’accusait-on? De ne pas bien m’occuper d’elle? Celle qui occupait mes pensées nuit et jours, et bien plus encore? Pourtant… je lui aurait tout donné, tout. Mes bras, mes jambes, mes yeux ma tête ou bien même mon cœur ou mes mains. Tout ce qu’elle voulait, elle aurait pu l’avoir si tel était son souhait. Je ne suis peut être pas riche, mais j’ai une autre forme de richesse, et je lui aurait léguée sans broncher. Et même si elle m’avait utilisé, je n’aurais pas pu lui en vouloir…

Alors pourquoi?

Pourquoi suis-je ce criminel enfermé a tout jamais?

Qu’ai-je fais? Dites moi… Plus le temps passe, plus je sens cet affreux sentiment, que j’attends pourtant avec une impatience terrible. Je le sens… ce cœur qui s’arrête de battre… Il était presque mort, quand un autre papillon avait réussit a ce poser sur l’épaule du démon que je suis. Je ne connais pas son nom… Je sais juste que son visage, son corps et ses yeux, ressemblent aux tiens. Et alors que je m’étais promis de t’oublier, voilà que je me suis accroché a cette créature.

C’est tellement stupide, j’avais fais une promesse!! Ne suis-je pas capable de tenir mes engagements! C’est peut être pour ça que tu as disparut! J’ai voulu toucher une chose que dieu m’avait interdite, et malgré que j’ai bien consentit a faire ce qu’il me disait, je me suis approché de trop près… Il me l’a retiré… C’est… c’est pour ça… Que je ne dois pas penser a toi… C’est pour ça que je dois m’en sortir… Je ne veux plus souffrir… j’ai trop mal…

Alors pardon, pardon pour ce que j’ai fais. Je ne t’approcherais plus… Plus jamais je ne devrais penser a toi… Je ne dois pas… ça m’en sera peut être fatal… mais je ne dois pas oublier qui je suis… Moi… Keren black…

Je suis un criminel…

Je dois purger ma peine.

Alors a présent… je n’ai plus qu’à attendre… oui, attendre, même si le supplice est horrible, je ne peux plus faire que ça. De toute façon…

Je suis déjà mort…

Parce que je te vois encore…

Le jeune homme ne trouvait plus le sommeil… Rien a faire, il avait beau tourner et virer dans son lit, depuis des mois, des années, ou bien même des jours… il n’arrivait pas a fermer les yeux et à s’endormir. C’était pourtant la chose la plus simple du monde… Pourquoi n’y arrivait-il pas?

Alors toutes les nuits c’était le même refrain… Il sortait de la caserne, ne prenant pas le soin de se couvrir, il sortait pieds nus et a peine habillé il arpentait les falaises de Geirelul, affrontant l’envie de se jeter dans le vide ou non. Ses pieds pouvaient s’écorcher sur les rochers, il n’en laisserait que de longues traces rougeâtre.. Keren avait l’esprit vide… Vide d’une seule chose… Et chaque nuit c’était la même rengaine. Il errait… Comme un fantôme a la recherche de quelque chose.

Debout, là, devant le vide de cette falaise immense, avec le choix de se laisser basculer ou non… Il fixait l’horizon qui se brouillait avec les eaux troubles et noires des abysses lointaines et inconnues. Alors que sa masse corporelle se penchait doucement vers le vide qui semblait le happer.

Une présence… Connue? Aucune idée. Le visage similaire au vide de la falaise du jeune homme aux cheveux tels le pelage des chats noctambules se tourna légèrement Dans un regard presque haineux il décela a travers les ombres une silhouette…

Non… Non…

Une femme, une très jolie jeune femme aux cheveux bruns et aux yeux dorés se reflétait alors dans la nuit… Keren se retourna vers elle pour bien l’observer, restant totalement interdit. Même s’il était partagé entre le sentiment de courir vers elle, il n’en restait pas moins envieux de se jeter tête la première dans le gouffre d’eau au dessous de la falaise. Une minute… Deux minutes… 5 minutes… Il ne savait pas combien de temps il l’avait regardée, laissant ses yeux s’habituer a l’obscurité et scruter attentivement cette femme.

Toi… pourquoi… Pourquoi…Les Dieux me détestent tant que ça? Je n’ai rien fait… Je n’ai rien fait je le jure. Si… Si je n’avais pas perdu ma voix… Je … j’aurais…

Complètement paniqué, le jeune homme tomba a genoux, les mains sur les tempes. Les yeux ouverts sur le sol, il suffoquait a présent. Osant a peine relever le regard sur elle. Après de longues minutes, il se releva, branlebanquant, et recula… Recula… jusqu’à se rendre compte du vide derrière lui, qu’une seule fois ou il tomba dedans…

Il se sentait happer… Délicieuse sensation, et pourtant, malgré qu’il eut attendu depuis longtemps, il se sentait si triste. Dans un geste égoïste sa main attrapa le rebord de la falaise et s’y accrocha. Suspendu dans le vide…Que faire.

Mourir enfin…

Ou continuer a mourir sans fin…

Parce que dans tes yeux...

Ne brille plus la lumière d'avant...

[Angel falls the first--Nightwish]

Elle avait entendu un bruit. Des pas. Le vent. Quelqu'un était là.

Elle bondit vers le bord de la falaise et chercha. Il y avait quelqu'un. Sous son masque, sa respiration paraissait sifflante. Elle sentit la présence rassurante de Raven autour de son doigt. Et il y avait le poids du baton dans son dos.

Elle tremblait. Elle sentait sa présence. Mais d'où lui venait cette impression ? Il n'y avait que le vide devant elle. Ou...

Elle entendit un léger craquement de la roche. Il était là, en-dessous, accroché. Elle ne savait pas qui il était mais il était là.

Elle se coucha sur le sol et tendit sa main. Trop loin.

Elle se redressa. Lentement, comme si elle s'apprêtait à prononcer une sentence, ses lèvres s'entrouvrirent. Sa voix s'éleva et claqua comme un fouet dans le silence de la nuit.

"Silverwing Raven !"

La masse qui s'assembla derrière elle ne fut d'abord qu'une vague forme noire, puis elle grandit, grandit, grandit encore, masquant la lune et les étoiles. Puis dans cet amas d'obscurité en formation apparurent un bec une tête, un corps d'oiseau. Les ailes ne s'étendirent autour de lui qu'en dernier. L'argent des plumes qui les composa refléta un court instant la lumière de la lune lointaine avant de la masquer de nouveau.

Raven avait aussi changé. Un peu. Il avait grandi et gagné en envergure.

Dans un souffle silencieux, ses grandes ailes agitant l'herbe qui s'étendait sur la falaise. Il plongea dans l'abîme et remonta avec un passager entre ses serres, qu'il posa doucement sur le sol.

Il disparut brusquement, libérant les astres du masque obscur derrière lequel il les avait emprisonné.

Miyu se pencha sur l'homme qui était étendu devant elle. Elle entendait une respiration faible.

"Est-ce que..."

Les mots s'étranglèrent dans sa gorge quand sa main entra encontact avec l'épaule de l'homme. Elle aurait voulu lui demander s'il ne s'était pas fait mal, si il allait bien...

Elle ne s'était qu'à moitié trompée. Ce soir-là sur la falaise, il y avait bien quelqu'un, mais qui ne l'attendait pas.

Le mot franchit ses lèvres avant qu'elle ait eu le temps d'y réfléchir.

"Keren..."

Des sensations lui revinrent en mémoire. Des formes s'agitèrent devant ses yeux aveugles, elle se souvenait de lui.

"Keren ?"appela-t-elle, timidement.

Ça ne sert a rien, rien du tout… Même si maintenant quelqu’un se penchait dans ce vide pour me sauver, rien n’y ferais. Même si on m’extirpait de ce vide qui m’attire, rien n’y ferais. Je marcherais encore, je verrais encore. Mais je serais toujours mort. A chaque pas, je souffrirais, a chaque vision j’aurais mal. Et même ton retour n’y changeras rien. J’ai tellement mal. Dites moi, pourquoi je n’ai le droit a rien. Que faire? Puisque je ne peux rien dire.

…

…

…

J’étais pourtant vif d’esprit avant… Là je ne sens plus rien. Je suis froid…Et le pire dans tout ça… C’est que l’idiot que je suis n’a pas pu déclarer sa flamme avant de mourir. Tu es partie avant que j’en ai le temps.

Ton retour serais-ce une façon de me signifier qu’une personne au moins, tiens a moi? Même si je suis devenu affreux, même si je suis un monstre maintenant. Je ne suis pas mort tu comprends, je suis la mort… Quelle bizarrerie, j’en viens a me compliquer la vie tout seul. Et s’il suffisait juste d’un geste pour revivre? J’ai pourtant essayer tout ce que je pouvais… Oui mais peut être qu’il me manquait l’élément de départ…

Alors je m’excuse

Continuer sur cette route de douleur n’est pas la chose a faire. Je ne peux pas souffrir plus… Il faut que j’ouvre les yeux et que ce pic dans le cœur me soit retiré. Je suis peut être l’être qui terrifie les gens sur cette planète, mais soit, je vivrais ainsi avec, portant la croix de mon péché. L’exhibant aux yeux de tous! « Regardez! Regardez! C’est cet homme qui retiens cet ange prisonnier! » Oui… Oui c’est moi. Ainsi vous pourrez me juger mais moi, j’aurais été heureux.

Les humains sont imparfaits…

Ils sont égoïstes, égocentriques et n’obéissent qu’à leurs envies, ils ont oublier toute morale et toute bonne foie. Ils sont écœurants, horribles, hideux et sales.

Je suis un humain.

Jamais je ne pourrais être parfait…

Mes erreurs, doivent m’instruire, mes choix doivent me nuire pour que je puisse comprendre.

Puisque c’est comme ça, je choisis une vie de pêcheur, une vie en proie a mes seuls désirs.

Et plus rien n’y changera…

Aller viens…

Viens dans mes bras…

Que je t’y retienne a jamais…

Allongé sur cette herbe qui lui paraissait glaciale, Keren avait remué ainsi toutes ses pensées… Il n’y avait plus rien a redire. Finalement il lui manquait la chose de départ, et il venait de la retrouver. Il l’entendait l’appeler… C’était maintenant qu’il fallait agir. Il tendit ses bras vers les cheveux aussi noirs que la nuit de la silhouette qui lui avait fait si peur, affrontant ses cauchemars ses angoisses et ses désirs il attrapa la nuque si frêle de cette jeune femme pour l’attirer a lui.

Et c’est alors serré contre elle, l’enlaçant aussi fort qu’il pouvait, cachant ses yeux de fous dans ses cheveux et sa respiration haletante dans son cou qu’il se promit de respecter cette promesse là.

Celle d’être un homme impur, imparfait et immonde…

Keren était différent.

Il avait peur. Peur d'elle... Etait-il en colère ? Etait-ce de la simple tristesse ?

Elle sentait que les mots qui ne pouvaient franchir les lèvres du jeune homme étaient contradictoires. Elle se sentit glacée d'un drôle de pressentiment.

Qu'allait-il faire ? Allait-il la rejeter ? L'accueillir de nouveau ? Et elle que devait-elle faire ?

Il se passa alors la chose à laquelle elle s'attendait le moins . Elle sentit Keren l'attirer contre lui...

Elle ne bougeait pas, pétrifiée. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Hésitante, elle passa une main dans les cheveux de cet homme qui comptait tant pour elle.

Keren...murmura-t-elle.

Elle sentit quelque chose de froid couler le long de sa joue. Froid comme du sang. Qu'était-ce ? Etaient-ce ses larmes ? Le liquide glissa le long de son masque, dessus et dessous, laissant une traînée foncée sur le tissu qui lui cachait le bas du visage. Elle sentit un gout de sel. Ce n'était pas du sang. Ca n'avait pas de saveur particulière. Ce n'était ni bon, ni mauvais. Juste salé.

Et cette chose qui lui comprimait la poitrine qu'était-ce ? Sa tristesse ? C'était étrange, elle se souvenait de la tristesse comme de quelque chose qui ne faisait pas mal physiquement, mais qui faisait naître une sensation de détresse.

Elle avait mal. Mais elle avait la tête froide. Totalement froide. Emplie seulement de son amour pour Keren. C'était étrange de constater à quel point elle ne vivait pas ses émotions. Elle ne faisait que les sentir.

Mais lui, lui, que lui arrivait-il ? Elle sentait, elle le sentait comme si tout était embrouillé dans sa tête, derrière ce visage muet...

Puis quelque chose monta en elle. Un désir ardent de boire. Boire. Boire encore.

Il était là, il la tenait contre lui, il la touchait alors qu'elle lui avait fait tant de mal, et elle... Ella avait soif !

*surtout pas...Surtout pas... Pas lui...*

Elle ravala cette partie d'elle qui commençait à sortir les crocs. Pas maintenant. Pas Keren. Elle n'avait même pas faim.

Elle avait perdu toute son habitude au contact du corps humain.

Elle sentit peu à peu ses inctincts de bête féroce s'en aller, feulant. Ils repasseraient à l'attaque. Mais pas maintenant...

...K...Keren ?

Qu'allait-elle lui dire ? Elle brûlait de l'envie de lui demander qui elle était pour lui, s'il l'aimait, mais les mots s'étranglaient dans sa gorge. A son tour elle était devenue muette...

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