A la recherche de Cristou

Ce fût Tokun qui l'apperçut en premier, une femme envelloppée dans une cape noire gisait dans un coin. La poupée avertie son propriétaire.
"Maître regardez ! Elle est là !"

"Mon Dieu !"

Il venait de la voir dans l'escalier, recroquevillée sur elle même. Devon s'imaginait le pire. Peut être était-elle gravement blessée, peut être agonisait-elle en ce moment, peut-être était-elle même déja...
Devon se précipita, l'attrapa par les épaules et entreprit de la secouer comme un prunier. Voyant qu'elle ne réagissait pas, il se mit à culpabiliser puis à pleurer.

"Tout est de ma faute ! Si seulement je n'avais pas utilisé cette technique, si seulement j'avait été plus délicat ! Tout est de ma faute ! J'ai tué Cristal !"

Émergeant péniblement de son sommeil commateux, Cristal vit Devon pleurant devant elle. Surprise, elle tenta de comprendre la situation, mais cela lui semblait par trop incroyable. Souhaitant malgré tout se faire une idée de ce qui se passait, elle tapotta doucement sur l'épaule du marionnettiste.

- Marionnettiste ? Que se passe-t-il ? fit-elle d'une voix encore endormie.

Elle essaya de se secouer, réalisant soudain qu'elle offrait une image bien vulnérable au jeune homme en larmes, mais sa fatigue l'empêchait de se concentrer vraiment et elle abandonna. Tant pis si elle paraissait fragile ...

Devon esseya d'essuyer les torrents de larmes qui coulaient sur ses joues, réalisant qu'il était pathétique. Néanmoins il était soulagé d'avoir entendu la voix de Cristal, c'était au moins la preuve qu'elle n'était pas clamsée.

"Maître, on dirait qu'elle dort."

"Mais non, ne dit pas n'importe quoi ma chérie, tu vous bien qu'elle est gravement malade. C'est de ma faute, elle a dû attraper froid en se battan contre moi dans la neige. Je l'ai tué !"

La poupée fit une mine toute tristounette et soupira :

"Si seulement Wyrda était encore là, elle aurait pû la guérir..."

Cette simple phrase eut pour effet de mettre Devon dans un état de rage tel, qu'il frappa sa marionette. La pauvre Tokun, tomba sur le sol, déconsertée par cette réaction si inhabituellement violente. D'ordinaire, jamais il n'aurait levé la main sur une de ses filles. Il les aimait trop pour oser leur faire le moindre mal.

"Ne prononce plus jamais ce nom. Elle est morte ta Wyrda, elle ne reviendra plus et c'est tant mieux, je la déteste !"

L'éclat de violence de Devon acheva de réveiller Cristal. Elle eut une réaction de recul devant cette agressivité si soudaine et si inattendue. Elle ne comprenait pas de qui le marionnettiste et sa poupée parlaient, mais n'osa pas prendre la parole pour le demander, ni même bouger. La colère de Devon la paralysait. Elle prit finalement sur elle de demander d'une petite voix

" Euh ... Que se passe-t-il ? "

Elle se maudissait intérieurement de ne pas être plus sure d'elle ; elle se trouvait à la fois pathétique et ridicule.

* Enfin, au moins je ne dors plus ... *

Devon réalisa qu'il était en colère et acessoirement qu'il faisait peur à Cristal. Alors il esseya de se calmer. Soudain le marionnettiste sentit sa tête lui fais mal, il la prit dans ses mains squelettiques. Il souffrait, comme si il allait exploser. (ça va faire splach ) C'était probablement dû au poison de Cristal et à son énervement passager. Il s'assit à côté de sa collègue et entreprit de se calmer. Sa poupée, encore sous état de choc, était recroquevillée dans un coin de la pièce. Elle murmura d'une voix blanche :

"Maître, vos vous sentez bien ?" (j'ai bien précisé que sa voix était blanche ???)

Devon, comme sortit d'un songe, la remarqua enfin.

"Oh la jolie poupée ! Viens voir ton papa !"

Elle avança lentement, toujours sur ses gardes. Mais Devon n'avait pas l'air d'être animé d'aucune animosité. Au contraire, il semblait fou. La poupée vint s'assoire sur ses genoux et il entreprit de lui carresser les cheveux avec douceur.

Devon parlait à sa poupée, mais dans un language que ne lui était pas habituel, tout en continuant de lui caresser les cheveux.

"Ma poupée est une jolie poupée. Tu es si belle que j'aurai presque envi de te manger. Mais oh ! Que vois-je ?"

Il mima la surprise avec une candeur touchante. Soudain sa main se durcit et il serra fort dans sa paume les cheveux de la poupée qui sanglottait à défaut de pouvoir pleurer.

"Quelle horreur ! Tes cheveux sont bleus ! Comme tu es laide ! Je n'aime que les cheveux blonds comme la lune, comme ceux de ma douce Wyrda. Oh Wyrda, ma chère soeur, pourquoi es-tu parti ? Pourquoi m'as-tu laissé tout seul ?

Il tremblait comme un démant.

"Tout seul. Sans toi... sans personne..."

Il serrait fort sa poupée dans ses bras. Elle avait cessé de se débattre et était à présent déconnectée, Devon n'arrivait plus à rester suffisament calme pour pouvoir la commander.

"Wyrda... Et Wyrdala aussi... elles m'ont laissées tout seul. Mes soeurs, mas soeurs chéries... comme je vous hais."

Il remarque alors Cristal assise à côté de lui.

"Toi aussi tu es comme moi hein ? Tu les déteste mes soeurs. Elles voulaient m'empêcher de vivre, alors je les aient tuées. Mais si tu savais comme j'aimais leurs beaux cheveux blonds comme la lune. Comme j'aurais aimé garder leurs cheveux."

Il se calma et posa sa tête sur les genoux de Cristal. Devon ferma les yeux et respira lentement.

Cristal ne sut quoi répondre. Elle se contenta de caresser doucement les cheveux du jeune homme, espérant le calmer un peu ... Mais, malgré tout, il n'avait pas l'air dangereux ... Elle se détendit légèrement et, tout en restant sur ses gardes, profita du calme de l'instant. Elle songeait à ce que Devon avait dit, il parlait de ses soeurs ... Elle se força à penser à autre chose, car l'évocation de la famille la mettait soudainement mal à l'aise ... Elle ne voulait pas avoir elle aussi une crise, pas encore, pas dans son état de fatigue ... Elle avait la bouche sèche, l'impression que le lieu était trop calme, qu'il devait arriver un malheur ...

* Pourvu que je me trompe ! *

Le Joker, toujours déguisé en truc masqué, passa derrière Devon sans même ralentir ; faut croire que Cristal est douée pour les prévisions inquiétantes ...

* : c'est pas eux chef !!
: Flamand rose a parlé ... Il a raison.
: cinq sur cinq Banane rose à fleurs vertes, on est là que pour les jumeaux ... On trace ...*

Est-ce que Dev'Dev' va réagir ? ... Jok', as-tu pensé à écrire ton testament ? ... Hinhinhin ...

Devon ouvrit l'oeil quand il entendit les pas de Joker qui s'approchait. Il murmura dans un demi songe :

"Mmhh ? T'es qui toi ? J'te connais pas, en fait je t'ai jamais vu au château. Tu es de l'échéquier ?"

Puis il réalisa qu'il était roulé en boule comme un chaton sur les genoux de Cristal. Il se mit à rougir alors qu'elle lui carressait la tête. Pourtant il ne fit même pas semblant de vouloir bouger, il aimait bien les calins.

* : merde. Il m'a vu. Je fais quoi maintenant ? PAS DE PANIQUE ! Le Guide du voyageur galac... enfin bref.*

L'inconnu s'arrêta et tourna la tête vers Devon. Une loooooooonnnnngue seconde s'écoula ; l'agent double du Doppelgänger schizophrène simulait particulièrement bien la pose du génie du Mal qui toise un être inférieur avec mépris et décide que celui-ci ne mérite même pas de se faire insulter par lui. Puis il poursuivit son chemin avec dignité ; autrement dit il fuyait en tentant de passer pour un désagrément passager indigne d'intérêt, description qui habituellement lui convient plutôt bien ... Waaaaaarp ...

* : c'est ça, je suis juste un mec bizarre avec un masque, ne fais pas attention à moi, je suis un infime déchet méprisable ...
: tu me retires les mots de la bouche.
: ... OOOOUUUUUUIIINNNNN !!!! Pourquoi Schopi il est méchant avec mwaaaaaaaaa ?!?! (sanglots insistants et accusateurs)
: on aurait pu leur demander où étaient les jumeaux ... Et puis non. Trop dangereux. On ne sait jamais. *

Devon regarda le Joker s'enfuire en courant et en hurlant je cite :" waaaaarp ". Le marionnettiste laissa tomber l'idée de lui courir après. Car Devon déteste le sport presque autant que moi, alors faire un tel effort lui est impossible. Question de principe.
La tête toujours posée sur les genoux de Cristou, il soupira. Les types comme celui qui venait de se sauver l'épuisait. Il se senti un peu las, alors fouilla dans le col de sa chemise (Chemise violette-jean troué-basket du premier au dernier jour de l'année) et en sorti une fiole attachée à une chaînette dorée. Il l'ouvrit précotionneusement et bu quelques gouttes du liquide vert qu'elle contenait. Voyant un regard interrogateur sur le visage de Cristal, il lui expliqua :

"C'est pas de l'alcool, c'est un médoc quand je me sent mal. Ca m'aide à bouger mon corps. Tu comprends, je suis très fatigué."

Cristal ne put s'empêcher de sourire gentiment.

" Tu avait pourtant l'air en forme pendant notre combat, mmm ? "

Elle trouvait ce Devon attendrissant, fait ô combien étrange pour quelqu'un qui d'habitude ne ressentait que la souffrance, la colère, la haine ... Elle se mit à enrouler une mèche de ses cheveux sombres autour de son index, regardant Devon la regarder. Elle se sentait bizarre. Pourquoi restait-elle à discuter avec ce jeune homme qui s'endormait presque sur ses genoux il y avait encore quelques instants ? Pourquoi n'avait-elle pas envie de lui faire du mal ? Elle était simplement ... calme. Et cela la perturbait.

Devon souriait :

"Moi, j'ai forme ? Tu rigoles j'espère ? A cause des pouvoirs que la nature m'a attribuée, mon corps se ronge de l'intérieur. C'est moche hein ? je suis gravement malade et je m'arrange pour ne faire que le minimun d'effort."

Il posa son doigt blanchâtre sur la bouche de Cristal.

"Mais chut, c'est notre secret. En fait j'aime bien me confier à toi, j'ai l'impression que tu es assez solide pour écouter ce que j'ai à dire."

Au fur et à mesure que Devon parlait, les yeux de Cristal s'écarquillaient de plus en plus. Devon, malade ? Gravement malade ?? Sur la dernière phrase du jeune homme, elle se mit à rougir ; elle ressentait un sentiment de fierté à être jugée digne de confiance par le marionnettiste. Elle ne savait quoi répondre, mais comme le silence s'éternisait elle chercha à le briser.

" Mais, euh ... Tu ... C'est incurable ? "

Elle se maudit de sa gêne. Mais après tout, c'était la première fois depuis tellement d'années qu'elle parlait vraiment avec quelqu'un, comme ça, pour rien ... C'était surtout la première fois qu'elle n'avait pas envie de torturer celui qui lui adressait la parole. Ce Devon la perturbait, vraiment ...

(Rrraaaaaaaahh ! le rateau monumental !C'était sa passe où ça casse... j'crois que ça à cassé... )

Devon la regarda partir, se maudissant intérieurement de ne pas avoir réussi à contenir son désir. Après tout, si elle n'avait pas envie de lui, c'était son problème. Au moins il ne s'était pas prit une beigne, c'était déjà ça. Mais tout de même, c'était dommage.

Devon se recroquevilla sur les marches de pierre et posa sa tête sur ces genoux pour se lamenter en silence.

"J'ai encore tout gâché... Je suis nul... je sert à rien.... J'en ai marre..."

La petite Tokun vint le réconforter en se logeant dans ses bras. C'était gentil, mais sans succès. Devon était inconsolable et ne savait pas pourquoi. Après tout, si cette fille ne voulait pas de lui, tant pis, il se disait qu'il pourrait en avoir une autre. Mais non, allez savoir pourquoi, il voulait avoir Cristal à ses côtés, elle et personne d'autre.
C'était bizarre comme impression, une sorte de poids sur le coeur qui ne voulait pas s'ôter.