Le tombeau des pantins (Cristal)

Sujet: Le tombeau des pantins (Cristal) Lun 19 Nov 2007 - 21:35

Alongé sur le toit de l'aile nord du château de Lestower, le valet contemplait le ciel dont la couleur dérivait à cette heure vers une teinte rouge sang. Il ferma les yeux, se laissant porter par les grandes bourrasques de vents frais qui lui apportaient l'heure tardive et l'altitude. Il aurait pus être paissible, tranquille. Mais au contraire, son esprit en général calme et serein, était agité dans un trouble profond.

Devon l'inquiétait au plus haut point.

Depuis qu'il avait donné sa lettre à Cristal, depuis qu'il s'était tailladé les veines jusqu'à l'os, depuis qu'il avait les bras paralysé, depuis tout ce temps Armand ne dormait plus. Il veillait sur lui, changeait ses bandages, lavait ses blessures, réfléchissait à un traitement, l'aidait à lutter contre la fièvre, mais au dessus de tout cela il pensait.

Qu'avait bien pus lui dire cette fille.

Il connaisait la lettre, Devon la lui avait dicté. Il la trouvait certes un peu maladroite, mais pas de quoi se disputer. Surtout pas Devon et Cristal, depuis le temps qu'ils étaient ensemble... Cette fille de toute façon Armand ne l'aimait pas, et ce depuis longtemps. Il la trouvait presque nuisante pour son maître, comme une mauvaise fréquentation. Il aimait l'humanité entière, mais pas cette fille, car elle haïssait ce monde qu'il chérissait.

Comment avaient-ils pus se disputer ? Il y avait autre chose, l'histoire de l'enfant de Devon ? Probablement que Cristal ne lui avait pas vraiment pardonné, et que lui s'attachait à des souvenirs.
Probablement.

Armand ouvrit les yeux, autour de lui étaient posés des corbeaux. Des dizaines d'oiseaux noirs jais. Il y en avait plein aux alentour du château.
Et même à l'intérieur.
Les pions de l'échéquier étaient tous des corbeaux.
Cristal était un corbeau.

Armand aimait bien les corbeaux, mais pas ceux qui aspirent à la destruction.

Sujet: Re: Le tombeau des pantins (Cristal) Lun 19 Nov 2007 - 23:16

Cristal se rongeait les sangs. Elle n'avait pas osé reparaître devant Devon depuis son éclat, mais elle était inquiète. Il ne l'avait pas suivi, et semblait même avoir complètement disparu. Elle regrettait sa colère, mais au fond elle pensait ce qu'elle avait dit : elle l'aimait bien sûr, elle était folle de lui, mais elle avait pensé qu'il fallait le secouer pour qu'il cesse de remâcher des regrets stériles et se tourne vers l'avenir. Car oui enfin, à quoi bon répéter sans cesse qu'on avait failli, si c'était pour ne pas changer son comportement ? C'était là tout ce qu'elle avait voulu dire. Elle voulait qu'il sorte de ses pensées si sombres, qu'il profite plus du présent ...

Et elle craignait maintenant qu'il n'ait pas compris.

Elle tournait en rond dans les couloirs déserts du château de Lestower, à la fois attirée et repoussée par la porte de la chambre de celui qu'elle aimait, souhaitant être rassurée, mais ayant peur qu'il la rejette ... Ses pas la menèrent vers le toit du château. Elle connaissait bien le lieu, elle s'y était déjà entraînée, mais aujourd'hui cette idée ne la tentait même pas. Elle avançait d'un pas lent, traînant presque des pieds, le regard baissé. Même la vue des corbeaux ne la tira pas de son humeur sombre, alors qu'en temps normal elle en aurait vite attrapé un pour passer ses nerfs.

Les croassements insistants lui firent finalement relever les yeux, et elle aperçut Armand. D'ordinaire, elle méprisait le valet, le trouvant stupide et faible, mais maintenant il était pour elle quelqu'un qui pourrait lui dire ...

Elle se précipita vers lui, et s'arrêtant d'un coup face à lui, dit d'un ton suppliant :

« Armand, je vous en prie, dîtes moi comment va Devon ? Je ... j'ai eu un éclat de colère, mais à présent j'ai peur de sa réaction ... et je n'ose plus aller le voir ... »

Elle baissa les yeux pour dissimuler les larmes qui perlaient au coin de ses paupières.

En cet instant, elle ressemblait à ce qu'elle restait, malgré elle : une jeune fille de quinze ans, amoureuse de tout son coeur, pour la première fois, et qui avait peur de perdre son seul amour.

Sujet: les corbeaux ont bonne mémoire Mar 20 Nov 2007 - 12:15

Alors qu'il était perdu dans sa réflexion métaphysique sur les corbeaux, l'un d'eux apparu. Il ne pus s'empêcher de frémir en constatant la présence de Cristal. Puis il se mit à sourire, un sourire amer et figé.
Il ne l'aimait clairement pas, mais il avait l'intention d'aller lui parler un jour où l'autre, pour éclaircir cette histoire. Elle se présentait devant lui, comme un coup du destin.

Le destin se jouait d'eux une fois de plus.

A la vue se la jeune fille, les corbeaux s'envollèrent pour aller se réfugier derrière Armand. Elle on une bonne mémoire ces petites bêtes.
Armand s'apprêta à dire une méchanseté, quand soudain il vit la jeune fille se précipiter près de lui et le supplier. Cet acte sincère le destabilisa, mais pas assez pour l'empêcher d'être cynique.

*Un éclat de colère ? Le mot est faible. Vous savez mademoiselle, si vous regrettez votre colère, alors il ne fallait pas s'énerver...*

Pensant un instant il la soupsonna d'avoir fait elle même les blessures de Devon, et que ce dernier le lui avait caché.

Le valet lacha ces mots amères, telle une sentence.

"Dans ce cas là ne cherchez même plus à le revoir."

Il voulait protéger Devon de cette fille, et ce à m'importe quel prix. Armand tourna les talons, puis ne pouvant se résoudre à la laisser mariner de cette façon atroce, il se retourna.

"Vous regrettez vraiment ? Veuillez m'excuser, je me mèle une fois de plus de ce qui ne me regarde pas, mais j'aimerai bien comprendre ce qui c'est passé. Une fois que vous m'aurez éclairé sur ce point et répondu à toutes les questions qui me martèlent l'esprit, dans ce cas là je vous ammènerait à Devon."

Il s'asseya sur le toit l'incitant à faire la même chose.

Sujet: Re: Le tombeau des pantins (Cristal) Mer 2 Jan 2008 - 17:00

La réaction d’Armand surpris Cristal au plus haut point. Un tel cynisme dans la réponse, une telle retenue … Une telle méchanceté presque ! Cela ne lui ressemblait pas. Ô dieu ! Il avait vraiment dû se passer quelque chose …

Elle se laissa tomber aux côtés d’Armand, et entreprit de lui raconter toute l’histoire, par phrases hachées, serrant les poings sur ses genoux pour ne pas trembler.

« Il m’a écrit une lettre … Il disait regretter. Regretter de me faire souffrir. Il me demandait de lui pardonner. Mais demandait aussi si je souhaitais toujours me marier avec lui. Tout son texte était émaillé de plaintes. Des choses comme « je t’aime mais je t’ai fais souffrir, me pardonneras-tu un jour ? ». Mais je trouve stupide de ressasser le passé comme cela. Il ne fait que se plaindre ! Mais il ne lui viendrait pas à l’idée d’essayer de ne plus reproduire ses erreurs à l’avenir ! Je me fiche de ce qu’il a pu faire, je veux penser à l’avenir ! Alors je lui ai dit. En criant, il est vrai. Mais j’étais en colère contre cette façon de voir la vie si … Si fermée, bloquée sur le passé. S’il dit regretter, qu’il décide de ne plus refaire la même chose, au lieu de se plaindre ! Ce n’est pas en répétant qu’on a fait des erreurs qu’on peut les éviter à l’avenir … »

La jeune fille réalisa alors qu’elle ne devait pas être très compréhensible dans sa façon de s’exprimer. Elle prit une grande inspiration et tenta de s’expliquer plus calmement.

« Ce que je veux dire, c’est que Devon semble ressasser le passé, mais sans se donner les moyens de ne plus refaire les mêmes erreurs … J’aurais voulu lui faire comprendre avant qu’il ne s’enferme dans cette manière d’agir … »

Elle leva les yeux vers Armand.

« Je l’aime … »

Sujet: TT_TT Mer 2 Jan 2008 - 17:49

http://fr.youtube.com/watch?v=EjC9k7U0Wzc

Armand l'écouta attentivement, les yeux plongés dans le lointain de l'horizon. Il restait calme, mais avait comme une blessure, une plaie ouverte dans son cœur. Il aimait Devon comme son ami, voir même comme il aimerait son fils. Il ne pouvait supporter de le voir souffrir et se détruire ainsi.

Il voulait l’éloigner de Cristal, pensant que si elle ne s'approchait plus de lui, il guérirait de cet amour qui le consumait.

Mais maintenant il était face à cette fille en personne, elle lui jurait qu'elle l'aimait, mais elle s'offusquait de son comportement misérable. Armand se sentit soudain très proche d'elle. Essayant de masquer son sourire triste, il prit la petite main ganté de velours noir de Cristal, et la serra fort d'une étreinte compatissante.

« Je comprend ce que vous ressentez. Et je sais qu'il vous aime comme vous l'aimez. Il se confi souvent à moi, et avec le temps j'ai réussi à percevoir les sentiments qu'il cache derrière son masque. Il vous aime vous, et vous seule. Ces filles qu’il fréquente ne sont rien pour lui. Je me souviens un jour, il m’avait dit que vous étiez la seule qui n’était pas une poupée. Vous comprenez ce qu’il veut dire ? Vous êtes la seule vraiment important pour lui. »

Il n’osa pas la regarder et continua de parler, la gorge nouée.

« Quand à ce que vous dites sur son passé, je le comprends tout à fait. Moi aussi je pense comme vous. Je crois qu’il ferait mieux de laisser tomber ses habitudes malsaines et de regarder vers l’avenir. Je sais qu’il vous perdra sinon, et je crois que c’est ce que vous avez voulu lui dire, il me semble. Devon doit oublier son passé. Je ne sais pas s’il vous l‘a déjà raconté, mais il a eu une vie qui n’a pas été tendre avec lui. Ca ne l’excuse en rien, mais ça explique un peu ce qu’il est devenu. Vous ne voulez pas qu’il souffre, mais lui souffre de vous avoir fait du mal. Il faut pardonner mademoiselle. Il doit laisser tout cela derrière lui et recommencer une nouvelle vie près de vous. Je compte sur vous mademoiselle, pour qu’elle soit plus saine que la précédente. Il faut que vous le rendiez heureux, que vous prenez soin de lui. Vous devez connaitre comme moi les blessures qui le déchire ? Il faut que vous guérissiez son âme. Je sais que vous pouvez le faire, vous et l’enfant qu’il aura. »

Il la détailla vraiment pour la première fois, alors qu’il l’avait souvent croisé.

« Vous êtes jeune mademoiselle. Mais vous devez être forte, pour lui. Courage. Seules vos caresses pourront le soigner. »

Il prit son visage dans sa grande main, dont l’or de son holy ärm brillait doucement dans la lueur du jour.

« Alors le retrouver, le marionnettiste vous attend. »

Il l’aida à se relever et l’emmena avec lui dans les couloirs du château, jusqu’à la chambre de Devon. Au moment ou la main du valet effleura la poignée, il se crispa, se demandant s’il faisait le bon choix. Il avait peur de ce que ressentirait Cristal en voyant Devon ainsi. Elle allait probablement souffrir, mais il n’avait plus le choix.

Il ouvrit doucement la porte, dans faire de bruit.

A l’intérieur de la chambre, de la musique résonnait, toujours trop forte selon les goûts d’Armand. Une musique un peu triste qui tournait en boucle sur le gramophone. Le valet alla pour l’éteindre puis se ravisa, il avait attrapé au vol quelques une des paroles de la chanson que ses piètres connaissance en anglais lui avait permit de traduire, et elles l’avaient touchées.

*En fin de compte elle est belle cette musique.*

Il se contenta seulement de baisser un peu le son. Puis il se retourna et invita Cristal à le rejoindre dans la pièce, près du lit dans lequel était couché Devon.

Il dormait. Les paupières closes il semblait différent, plus calme et plus jeune. Il n’était plus le marionnettiste ricanant et certain de sa puissance, non, là il ressemblait à un enfant. Allongé sur le dos, blotti entre les draps, le visage tombant sur l’oreiller, ses bras posés sur la poitrine.

Ses bras morts posé sur sa poitrine. Ces bras entourés de bandages qu’il trainait à présent comme des poids morts, qu’il était incapable de faire bouger, même en utilisant ses pouvoirs.

Devon s’était détruit bêtement et le regretterait amèrement quand il se réveillerait il verrait Cristal à son chevet. Et là pour la première fois de sa vie il aurait honte de son comportement.

Sujet: Re: Le tombeau des pantins (Cristal) Mer 2 Jan 2008 - 17:54

The reason

I'm not a perfect person. There are many things I wish I didn’t
do.
But I continue learning. I never meant to do those things to
you.
And so I have to say before I go, that I just want you to
know.

I've found a reason for me, to change who I used to be
a reason to start over new, and the reason is you.

I'm sorry that I hurt you. It’s something I must live with
everyday.
And all the pain I put you through, I wish that I could take
it all away.
And be the one who catches all your tears, that’s why I need
you to hear.

I'm not a perfect person. I never meant to do those things to
you.
And so I have to say before I go that I just want you to
know.

I've found a reason for me, to change who I used to be
a reason to start over new, and the reason is you.
I've found a reason to show a side of me you didn’t know
a reason for all that I do,

and the reason is you.

Sujet: Re: Le tombeau des pantins (Cristal) Mer 2 Jan 2008 - 19:23

Cristal était étrangement touchée par la confiance soudaine d’Armand. Elle savait bien, au fond d’elle, qu’elle avait été profondément injuste avec le valet, et qu’au fond elle lui en voulait parce que malgré tout il avait réussi quelque chose qu’elle avait échoué. Il avait conservé sa gentillesse envers et contre tout, protégeant même les animaux, là où elle ne savait que faire souffrir. Il obéissait aveuglément, mais c’était à Devon … Il avait une volonté propre, et ne s’inclinait que devant son maître. Peut-être avait-il ses raisons d’agir ainsi … En vérité, Cristal n’avait aucune raison de le mépriser à ce point. À part bien sûr cette violence qu’ont souvent ceux qui se savent fautifs envers ceux qui ne le sont pas.

Elle ne le repoussa pas quand il lui saisit la main, et l’écouta parler avec un mélange d’inquiétude et de reconnaissance. Inquiétude, car elle sentait à travers les paroles d’Armand que Devon avait besoin d’aide. Reconnaissance, car le valet semblait avoir mis de côté les griefs qu’il pouvait avoir, à juste titre, contre elle, et faisait cause commune pour aider son maître. À la fin de son discours, elle ne put qu’acquiescer, muette.

Elle se laissa entraîner à sa suite dans les couloirs du château de Lestower. Armand entra dans la chambre de Devon, et elle resta sur le seuil, encore hésitante. Elle put entendre la musique triste qui emplissait toute la pièce, forte, trop forte, comme à défaut de pouvoir crier soi-même. Armand baissa le volume, puis revint vers elle et lui fit signe d’entrer.

Devon dormait. Il semblait si fragile ainsi … Surtout avec tous ces bandages autour des bras.

Cristal pâlit à vue d’œil, et porta sa main à sa bouche, comme pour s’empêcher de crier. Elle s’approcha doucement du lit, juste à côté d’Armand, et murmura

« Que … Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qu’il a fait ? »

Son cœur se serra. Elle avait peur de comprendre.

« C’est … à cause … de moi ? » acheva-t-elle d’une voix blanche.

Son regard ne quittait pas le visage du marionnettiste.

Sujet: TT_TT Sam 5 Jan 2008 - 13:58

Armand ressentait beaucoup de compassion pour cette fille. Il craqua et la pris dans ses bras pour la consoler.

"Non mademoiselle. C'est ni de votre faute, ni de la mienne, ni de la sienne. C'est comme ça, c'est tout. N'en tenez rigeur à personne je vous en supplie. Ce genre de chose serait fatalement arrivée un jour de toute façon."

Il relâcha son étreinte, sans être troublé le moins du monde par la présence si proche de la jeune fille. Le valet la fit s'assoir sur le lit, à côté de son maître.

"Je vais vous faire du thé. J'en ai pour quelques minutes."

Il sortit de la chambre, pour lui laisser un moment seule à seul avec le marionnettiste.

Elle resta lontemps à le regarder, puis soudain la musique prit fin et cela sembla le réveiller.
Il soupirait et ses yeux commençaient à bouger derrière ses paupières closes. Encore un peu empâté, il gémit et appela.

"Armand... remet la chanson."

Il ouvrit les yeux et apperçut Cristal. Il eut un mouvement de recul, ne s'attendant pas à la trouver ici. Puis il sourit, et dans un élan de tendresse, tenta l'effort suprème de se relever (sans les mains, faut des abdos quoi ^^) et posa sa tête sur son épaule, laissant ses bras morts tomber sur ses cuisses. Devon était heureux de la voir, cette apparission imprévue lui semblait être un miracle.

"Mon ange noir... Je t'aime."

Il avait envie de la serrer dans ses bras, de la tenir tout contre lui et de caresser ses cheveux doux du bout des doigts, mais ses bras invalides ne lui permaittaient pas d'offrir tant de douceur.

Une fois de plus il se détesta profondément.

Sujet: Re: Le tombeau des pantins (Cristal) Jeu 10 Jan 2008 - 23:41

Le cœur de Cristal se serrait à la vue du marionnettiste étendu, pâle et inerte. Étrangement, le soutien d’Armand la réconforta quelque peu. Cet homme savait se faire apaisant.

Elle aurait pu écouter son esprit balancer entre deux opposés. La partie d’elle-même qui ne vivait que pour Devon se rongeait de culpabilité, persuadée qu’elle était entièrement responsable de l’état de son fiancé. L’autre, celle qui demeurait directe et entière, indomptable telle qu’elle l’était avant de se rouvrir aux sentiments, assenait avec un cynisme intéressant que le seul responsable était justement Devon, qui avait décidé lui-même du sort de ses bras, après tout … Mais dans le fond, c’était sans doute Armand qui avait raison : personne n’était coupable … ou peut-être, plutôt, tout le monde l’était, ajouta la voix du bon sens.

Mais elle chassa tout cela de son esprit, se contentant de veiller sur le sommeil du marionnettiste, attendant son éveil, bercée par la musique qui, sans interruption, remplissait la pièce de ses intonations ambiguës.

Armand était sorti depuis un moment quand le gramophone se tut, fatigué de répéter sans cesse le même message que personne n’écoutait vraiment. Le silence soudain parut tirer le jeune homme de sa torpeur. Il s’agita, appela son serviteur sans ouvrir les yeux, puis enfin posa son regard sur la jeune fille qui attendait, assise sur le rebord du lit.

Sa réaction dépassa tout ce qu’elle avait pu espérer. Il ne semblait pas fâché, paraissait heureux de la revoir …

Elle lui sourit en retour, et passa ses bras autour de son corps frêle, lui rendant l’étreinte qu’il aurait souhaité lui donner. Mais il ne pouvait voir sur son visage l’expression étrange qui ne collait pas avec ses gestes tendres et apaisants. Une sorte de tristesse ou de regret, accompagnée d’un mince sourire en coin, d’un cynisme sans borne. Alors comme ça il l’aurait forcément fait tôt ou tard ? Quel gâchis …

« Moi aussi je t’aime … » lui murmura-t-elle à l’oreille. « Alors ne gaspille pas ta vie ainsi … »

Il n’avait pas compris ce qu’elle avait voulu lui dire. Et il ne comprendrait probablement jamais. Certaines personnes sont ainsi, ne pouvant changer, même si elles prétendent le souhaiter de tout le cœur et faire tout leur possible pour y parvenir.

Devon serait-il de ceux qui sont incapables de cesser de se détruire ?

Sujet: et vive le mélo ! Ven 11 Jan 2008 - 8:35

"Je te le jure."

Mais au fond il aurait préféré dire "Je vais esseyer." Car il n'était sûr de rien. Il ne savait quel éclat de folie il pourait découvrir en lui demain. Ou pas. Devon était rongé par la maladie, et même si ces derniers temps grace aux bons soins d'Armand il avait réussi à reprendre du poids, il pouvait encore mourir d'un jour à l'autre, ou basculer encore plus profondément dans sa folie destructrice, de lui même et de tout ce qui l'entourait.
Pronfondément attristé par ces pensées, il glissa son visage contre la gorge de Cristal et ferma les yeux. Il respirait son parfum. Cette odeur lui avait manquée, et il n'aimait qu'elle.

"Aide moi à respecter la promesse que je viens de te faire. Prend soin de moi. Je veux vivre, vivre à tes côtés."

Il était au bord des larmes. Il venait de s'imaginer mourir et de la laisser seule derrière lui. Et cette vision Devon ne pouvait la supporter.

"S'il te plait, reste toujours avec moi. Je ne supporterais pas que tu me quittes."

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