Make me pretty

Trois gros coups frappés à porte se firent entendre. Devon, toujours dans l'incapacité d'utiliser ses bras, foutait des coups de bottes rageurs à l'innocent battant.

"Anariaaa ! Tu m'ouvres ! J'ai rien à glander à la taverve, j'peux venir squatter chez toi ? On m'a dit que t'étais là."

Il posa son visage sur le panneau de bois et dit d'une voix mieilleuse, un ton de confidence.

"T'es avec Armand ? fufufu ♥ Dans ce cas là ok je me barre, mais sache que je vais rester tout seul et mourir tristement au fond d'une bouteil..."

Soudain la porte s'ouvrit et la marionnettiste passa son visage de renard par l'entrebaillement. Il remercia Anaria, puis scrutta la pièce.

Soudain son regard aux cils et à la prunelle mauve effleura quelque chose de nouveau et de particulièrement intéressant. Il passa sa langue sur ses lèvres pâles.

Au milieu de la chambre, une jeune fille. Mignonne et enfantine, dans d'extravagents vêtements jaune pétant. Le marionnettiste la détailla. Tout dans ses traits et dans cette apparence de candeur lui évoquait une poupée de porcelaine.
Quand il posa ses yeux dans les siens, elle baissa la tête. Il sourit. Une timide ? C'était les plus faciles à avoir.
Devon la regarda fixement, mimant la contemplation béate.

"Bonsoir. Mon nom est Devon, je suis un ami d'Anaria. Vous aussi je présume ?"

[Nan, pas "niakbolique", mais juste "nabolique" ! Mouahahahaha !]

Devon était vraiment incorrigible et Anaria ne s'y abiturai surement jamais, mais elle l'appréciait de plus en plus, malgré tout. Lorsqu'il était entré, il avait tout de suite remarqué Rigel, comme quoi le pouvoir du facteur est grand...

" Devon, je te présente Rigel, elle est comme moi à la Cross et depuis quelques minutes elle travaille à Neverland. Quant à moi, je me suis engagée à la rendre "jolie", j'étais justement sur le point de la maquiller et la coiffer, tu restes ? "

( post incroyablement court mais il n'est là que pour meubler la conversation )

Je me regardais dans le miroir, vêtu de ma nouvelle tenue. Elle m’allait bien et je me sentais mieux ainsi. J’avais comme l’impression de respirer, de tendre enfin vraiment vers le but que je m’étais donné, être quelqu’un. J’allais remercier Anaria quand soudain les mots se perdirent da ma gorge. Je m’étais fait surprendre par des bruits, des coups à la porte et des hurlements.

C’était une voix masculine, elle parlait vulgairement, elle demandait à entrer.
Je fus soudain saisi d’une peur que je ne contrôlais pas, et que maintenant que j’y repense, je trouve stupide.
J’étais rouge écarlate, j’avais envie de me cacher quelque part. Moi qui voulais que l’on m’admire, je me sentais soudain au pied du mur. A l’instant même de ma renaissance, un homme que je ne connaissais pas allait entrer et me regarder d’un œil inquisiteur. J’étais alors saisi d’une pudeur plus puissante que toutes celles qui me hantaient habituellement.

Anaria alla ouvrir la porte, je lui jetais un regard suppliant, l’implorais de ne pas le faire. Mais elle ne m’accorda aucune attention et ouvrit cette fichue porte.

L’homme passa sa tête par l’entrebâillement. Il était plus jeune que je ne l’aurais imaginé, mais cela je ne m’en rendis pas compte tout de suite. J’étais comme hypnotisée par son apparence.
Il était assez grand, avait la peau blanche, quasi translucide. Sur son visage était agrafé un sourire à la fois inquiétant et charmeur qui me mettait mal à l’aise. Ses cheveux étaient d’un étrange violet sombre, en bataille. Enfin, faussement désorganisé. On voyait très bien que cette négligence était pensée. Tout chez ce garçon semblait avoir été longuement réfléchit avant d’être adopté. Ses vêtements, ses cheveux, son petit air nonchalant, tout était artificiel.

Il ne ressemblait pas à un vrai homme de chair et d’os, mais à un pantin.

Au moment où je me fis cette réflexion, il posa son regard sur moi, remarquant enfin ma présence.
Il avait les yeux violets. C’était à la fois complètement fou et incroyablement beau. C’était un de ces regards mystérieux et ténébreux qui vous jette des sorts. Il y avait une telle lueur et une telle intensité dans ses yeux que je baissai la tête, mal à l’aise.

C’était le genre de personne dont le regard était parfaitement insondable. Son âme puisse-t-elle être souillée ou pure, jamais personne ne le saurait car elle était dissimilée derrière cette prunelle mauve.

Il s’approcha de moi, se présenta et commença à me parler.
Il me draguait.
Et moi je ne trouvais pas ça désagréable, en fait j’étais plutôt flatté, car ça voulait dire que je lui plaisais. Et si je plaisais à un homme aussi beau et charismatique, ça voulait dire que j’étais forcément jolie moi aussi.

J’approchais de mon but.

Mais au fond j’en étais encore loin. C’est à ce moment que je me rendais compte que j’étais incapable de tenir une conversation avec quelqu’un que je ne connaissais pas. Honteuse de ma piètre performance, je ne leva pas les yeux vers lui, me cachant derrière ma frange.

Et là je vis ses bras.

Il portait une chemise blanche dont les manches étaient retroussées, laissant apparaitre des bras entourés de bandages. Des bouts de doigts jusqu’au coude, ces bandes de tissus immaculées dissimulaient sa chair que je devinais de même couleur.
Ses deux bras étaient croisés sur sa poitrine, portés par une bande de tissus plus épaisse, passée autour de son cou.

Il devait être gravement blessé.
Ses bras étaient cassés ?
Mon dieu, ce n’est pas le genre de blessure que l’on obtient de façon anodine.
Etait-il un guerrier ?
Un manieur d’ärm apparemment, il portait des anneaux d’argents sur ses doigts meurtris.

Je regardais ses avant bras, l’air profondément triste, véritablement touchée par la souffrance de ce jeune homme sur qui mon pouvoir d’empathie ne fonctionnait que très peu. Comme je le pressentais, il était insondable.

Même si moi je lisais en lui une souffrance infinie.

A ce moment là j’osai enfin le regarder. Il était très grand par rapport à moi, et je dû lever haut la tête.

Et mes yeux se posèrent sur un détail qui m’avait échappé et qui me fit retenir un cri.

A son oreille gauche était accroché un pendant en argent. Une sorte d’écusson finement ouvragé orné d’une croix. En tant que soldat de la Cross Guard, je connaissais l’identité de ces porteurs de boucles d’oreille argenté, et en le voyant, je ne pus m’empêcher d’avoir un mouvement de recul.

J’avais en face de moi une des pièces de l’Echiquier. Et pas n’importe laquelle, un fou, représenté par cet écusson d’argent.

Un haut grade en l’occurrence, ce jeune homme devait disposer d’un pouvoir incroyable.

Je jetai un regard perdu à Anaria, elle ne semblait pas partager mon trouble. Apparemment ce type était une de ces fréquentations. Une de ses mauvaises fréquentations.
En l’espace d’un instant elle me dégouta. Elle nous quittait tout le temps, nous ses compagnons d’armes, pour aller s’amuser avec ces monstres.

"Excusez moi, je préfère renter à la caserne plutôt que passer la soirée avec gens comme vous. "

Il était devant moi, il m’empêchait d’accéder à la porte. Sans aucun ménagement je le bousculai. Je vis apparaitre sur son visage, une grimace de douleur au moment ou je poussais ses bras blessés.

Qu’est ce qui me prenait d’agir ainsi ? Ce type était en miette et moi, sous prétexte d’avoir des idéaux différents, j’osais appuyer là ou j’étais sûre que ça lui ferai mal.

C’était donc ça la mentalité des militaires ?

Le monstre ici c’était moi.

Je me dégoûtais profondément.

Je me senti pâlir. Sur ses bandages naissaient des fleurs rouges, des tâches de sang dans la neige. Je baissai les yeux, je ne supportais pas vraiment la vue du sang, surtout pas sur les bras et les mains. Allez savoir pourquoi, mais quand je vois quelqu’un avec les mains écharpés, mon imagination s’envole, et je me visualise dans le même état.
Ca me donne toujours envie de vomir.
Autrefois je voulais soigner les gens, mais je n’ai pas le cœur assez bien accroché pour ça.

Et dans ce cas là j’avais honte, mais ce sentiment n’effaçait pas le dégoût du sang.
J’aimais bien le sang, mais seulement quand il s’agit du mien. Celui des autres me dégoute, surtout sur les mains.
Comme pour me faire plus souffrir, Anaria commença à enlever les bandages des bras du jeune homme, un par un.
J’avais la nausée.
Ces plaies étaient tellement horribles, tellement profondes et nombreuses. Courant sur ses bras, recouvrant sa chair à la fois pâle et ensanglantée.
Moi qui avait crû qu’il avait les bras cassés, en réalité c’était pire que ça. Son corps était lacéré de cicatrices, et moi je les avais ouvertes de nouveau.

Dévorée par les remords et la culpabilité, je n’interrogeais. Qui était le monstre qui avait pus lui faire ça ?
Une pensée me fit pâlir davantage quand Anaria me conta l’histoire de cet homme, qui était notre allié. Etait-ce de la torture ? Lui avait-on fait ça pour le faire parler ?

Quelle horreur, dans ce cas c’était de notre faute.

Comme j’étais stupide, un espion cher nos ennemis. C’était sans conteste la tâche la plus dangereuse. Que ferai l’Echiquier à cet homme s’il était découvert ? Il ne valait mieux pas penser à ça.

Je m’approchai de Devon qui me regardait, ses yeux violets dardant les miens. Je baissai la tête, n’osant pas le regarder.

"Veuillez m’excuser de cette méprise et de la douleur que je vous ai causée. Pardonnez moi, j’ignorais qui vous étiez…"

Devon baissa les yeux, gêné de ces blessures qui découvraient au grand jour sa stupidité et son égoïsme.

"Ce n'est rien, tu ne pouvais pas savoir..."

Il avait quelques sanglots dans la voix et s'en rendit compte en prononçant cette phrase. Il se ressaisit. Il n'avait pas envie de jouer à la victime, pas aujoud'hui. Devon se força à sourire malgrès la douleur qui le lançait. Ce qui le chagrina, c'est qu'il réussisait toujours aussi bien à poser un masque sur son visage.

"Bon, on en était où ? Anaria, tu ne me disais pas que la poupée ne se trouvait pas jolie ?"

Il regarda Nobody en souriant, de ce sourire charmeur et un peu ténébreux qu'il revêtissait à l'ordinaire quand il était en présence d'une femme.

"Tu veux devenir jolie, mais tu l'es déjà il me semble. Tu me dira, on ne se trouve jamais assez bien... je me trompe ?"

Comme effrayé par l'intensité de son regard, elle baissa la tête en rougissant.
Devon ne dit rien, puis soupira.

"Allez dit moi, c'est qui le chanceux pour qui tu te torture autant ?"

Il continua à sourire, tristement cette fois. Il était en train de faire un effort pour prendre sur lui, et ne pas souhaiter une fois de plus que toutes les filles lui appartiennent. Celle-là n'était pas pour lui, il devait se mettre ça dans la tête.

Anaria eu un sourire triste, mais si discret qu'il était presque impossible de le remarquer, tant elle avait travaillé pour laisser sur son visage l'image qu'elle voulait donner d'elle, ce qu'elle faisait en réalité de façon totalement incontrolé.

La dernière question de Devon lui fit refaire surface, et elle pensa que c'était le moment idéal pour voler à la rescousse de Rigel. Depuis les quelques mois qu'elle travaillait pour le marionnettiste, elle commençait tout doucement à le connaître, à force de lui parler, de le soigner losrque Armand n'était pas là, de veiller un peu sur lui, de loin toujours. Et aussi curieux que ça puisse paraitre, plus elle le connaissait plus elle appréciait le jeune homme.
Elle se devait donc de reprendre les choses en main.

Elle avançat, et vint jusque derrière sa nouvelle employé, et prenant appui sur ses épaules, mit son visage juste à côté du sien, de telle façon qu'ils étaient tout deux à la même hauteur.

" Cette jeune femme a de très bon goûts, je dois le remarquer. C'est un militaire de la Cross, je doute que tu le connaisse..."

Anaria laissa un peu sa phrase en suspent, regardant avec insistence Devon avec un regard rieur, qui signifiait * Ne t'en fais pas, je te racconte tout plus tard *.

Puis elle reprit toute sa taille, et tenant toujours Rigel par l'épaule, elle la fit s'assoir sur la chaise qui tronait dans la chambre.
Elle se placa derrière, et alors que d'une main elle attrapait un peigne, elle laissait l'autre se balaber dans la chevelure de la jeune fille.

" Mais pour s'attaquer ainsi à un premier choix, même si on est d'un beauté rare, le plus important est la confiance en soi. "

Ainsi la jeune femme se mit à la coiffer, s'arrêtant pour aller chercher dans un coin de la pièce une bassine et de l'eau fraiche, avec quoi elle mouilla les cheveux de Rigel.

" Je vais égaliser les pointes, refaire la frange pour qu'elle ne te tombe pas dans les yeux, et faire un très léger dégradé. "

Devant le regard de la jeune fille, elle lui sourit, et commençat son travail. Ce fut particulièrement facile, il n'y avait en réalité pratiquement rien à faire, c'était juste pour faire croire à un grand changement.
Ce ne fut que lorsqu'elle eu fini qu'elle reporta son attention sur le marionnettiste. Elle ne lui avait pas adressé un regard, mais elle se doutait qu'il espérait plus que ces minables explications.

Devon la regarda faire, tremblant de désir et d'exitation. Les cheveux des femmes avaient depuis toujours été pour lui l'objet d'une fascination presque malsaine. Il aimait les toucher, les sentir, les caresser. Et ces chose n'étaient plus possible depuis qu'il avait perdu ses mains. Dans ses paumes froides et douleureuses, il manquait la chaleur du coeur chaud et palpitant d'une femme. Bien qu'Anaria ne lui coupe que très légèrement les cheveux, Devon regardait avec une délectation terrifiante, les petits bouts de mèches bleutés tomber au sol. Il voulait s'en saisir et les caresser, s'imbiber de leur parfum enivrant.
Mais ne pouvant bouger seul, il resta là à la regarder, visiblement frustré.
Depuis le premier jour, Devon avait également des vues sur les cheveux d'Anaria, si longs, si doux, si noirs. Un peu comme ceux de Cristal. Il ne savait pas exectement quand il craquerait, mais ce jour là il prendrait les cheveux de l'elfe, et ferait une poupée d'une incroyable beauté.

"Tu es très belle Rigel. Sans doute mérites-tu mieux qu'un homme qui n'a t'a encore jamais regardé. Je comprend que tu désires capter son regard, mais s'il est aveugle, interresse toi plutôt à quelqu'un qui te mérite. Je ne dit pas ça pour te faire de la peine, mais parce que je pense ainsi. Libre à toi de m'écouter ou non."

Cramé. Jusqu’à l’os.

Je baissai la tête et rougit, posant mon regard sur le bout de mes bottes.

Comment pouvait-il lire aussi facilement dans mon cœur ? Ce jeune homme au regard pourpre, il n’avait aucun mal à deviner la couleur de mon âme.
Et pas seulement lui, Anaria aussi s’en était rendu compte.

Si ça se trouve tous savaient ?
Moi qui avais tant fait pour que ça ne se voie pas…

Peut être qu’Athanase s’en était aussi rendu compte ?

À cette pensée je me senti vaciller, comme la flamme rougeoyante d’une bougie presque éteinte. Si c’était le cas, pouvait-il ignorer de cette façon mes sentiments ? Dans ce cas, ça voulait dire que ce n’était pas réciproque. Quel comportement cruel, mais sans doute moins cruel que de me le dire en face, avec des mots blessants.

Perdue dans ces sombres pensées, noyée une fois de plus dans mon imagination qui me faisait assister en rêve à mes pires cauchemardes, je me laissai coiffer par Anaria, sans rien dire. Je ne l’écoutais pas, ni elle si Devon.
Mais je commençais à asphyxier lentement, c’est cet effet grisant qui me fait vivre et me tue doucement. Pour mourir un peu en souffrant beaucoup, il suffisait de fermer les yeux et de se laisser porter par le souffle de ses cauchemardes.

Athanase, enfin une version malsaine crée pour assouvir ma soif de douleur, se tenait devant moi, souriant cruellement. Il me disait que j’étais moche, qu’il ne m’aimait pas et qu’il ne comprenait pas comment il aurait pus aimer une aussi pauvre créature que moi. Je j’étais folle d’espérer, qu’il fallait que je prenne conscience de ma laideur. Il disait que je ne valais pas l’air que je respirais, que je ne méritai pas de vivre, que je n’étais pas un être humain, même pas un animal dont il aurait eu pitié et qu’il aurait abattu pour ne pas qu’il souffre.
Mon cœur battait très fort et je pleurais, beaucoup, comme ça n’arrive jamais en réalité. Je me cramponnais à lui et lui répétais en gémissant que je l’aimais. Il ne disait rien, ne me repoussait même pas. Il me regardait seulement avec dégout.

Rien, je n‘étais rien, une fois de plus.

Parfois, quand je pousse l’asphyxie à son paroxysme, je me tue en rêve. Mais en vrai ça n’arrive jamais. Jamais je n’aurais le courage de me tuer de mes mains, de me blesser physiquement. Alors je ferme les yeux et je me torture l’âme.

Soudain, comme on sort de l’eau la tête de quelqu’un qui tente de se noyer, Anaria me tapota l’épaule, et me ramena à la réalité. Elle me présenta un miroir dans lequel je me regardai, sans comprendre. Tirée à peine de ma rêverie malsaine, je prenais lentement contact avec la réalité.

Mes cheveux. L’effet ne fût pas immédiat, mais étrangement je me plu. Cette fille dans la glace, ce n’étais pas moi, mais elle était jolie, alors je l’acceptais. Mon visage à moi je le déteste, il ne me représente pas. Parfois je pense à mon véritable visage, lui il est beau, lui il est pur, lui il est aimé de tous et ignoré de personne, lui il me ressemble. De temps en temps j’essaye de le dessiner. C’est difficile, et je n’y arrive pas. C’est assez frustrant d’avoir constamment une image au fond de sa tête et de ne pas réussir à la représenter. Mes essais ratés je ne les montre pas, mais je les garde précieusement. Un jour peur être j’arriverai à dessiner ce que je veux, et ce jour là le monde entier verra mon vrai visage.

En attendant je m’approprie toute belle image et je la colle sur ma tête, comme un masque. Evidemment je change de masque selon les circonstances et les personnes avec lesquelles je suis. Mais dans l’absolu je me déteste, car je suis forcée de garder caché mon vrai moi et de monter des pâles reflets approximatifs.

"C’est joli, merci." dit-je timidement.

En entendant ces paroles, le doute s'éprit de moi et me fit m'exclamer tout en regardant Anaria, tentant de me raccrocher à son ombre :

"Je ne dois pas changer ? Mais au contraire ! Je ne m'aime pas ainsi, je voudrais être une autre."

Je regardai Anaria, elle semblait perplexe. Je me tournai aussitôt vers Devon, l'interrogent des yeux. J'étais complètement perdue, et le premier mot que dirait cet homme serait ma devise et je la suivrais à la lettre.

Pauvre petite chose, perdue dans la foule, noyée dans la masse étouffant dans l'anonymat. Ainsi j'étais autrefois, à treize ans je me mourais déjà, lentement. La seule chose que je souhaite, c'est que cette douce agonie me garde en vie le plus longtemps possible. Tant qu'on souffre c'est qu'on est vivant. A treize ans j'étais plus vivante que jamais.

"Que dois-je être ? Répondez-moi. Pitié…"

(@ Anaria : la chanson que je devais te monter =p attention aux paroles !
http://fr.youtube.com/watch?v=o9Gjd_EAa64)

Devon pris un temps de silence, le visage neutre.

"Anaria, t'as encore de la bière ?"

Puis il regarda Rigel, l'air franchement pas inspiré.

"Ce que tu dois être ? Bah je sais pas moi... La réponce la plus facile est toi même. Mais sinon tu peux t'amuser à faire les mêmes erreurs que moi et porter constament des masques. Sache par contre que c'est très diffcile, qu'on souffre beaucoup et qu'au final on n'optient pas grand chose, quand il nous reste un bout de coeur pour survivre. Et en même temps être soi même tout le temps et très douloureux, si on porte son coeur en étendard on est souvent blessé. mais quand on s'enferme dans une carapace, on pourrit. Tu comprend ce que je veux dire ? Tu est une trop jolie fille pour mériter ces sorts peu enviables. Il faut te trouver une solution sur mesure pour que tu souffres simplement le minimun nécessaire. Car oui il est important d'avoir des expériences malheureuses, mais seulement à condition qu'elles t'apportent un enseignement pour l'avenir. Souffir inutilement ne nous apporte rien que des blessures qui ne se referment jamais."

Il jeta un regarde entendu à Anaria, réclamant son attention.

"Tu es d'accord avec moi ?"

( http://fr.youtube.com/watch?v=YOyb-fqnN28 regardes ça baby )

Anaria ne savait plus quoi répondre à la jeune fille, alors elle laissa Devon s'en charger, se tournant vers l'armoir, pour satisfaire à la demande du marionnettiste.

Le dos tourné aux deux autres, pliée en deux pour fouiller dans sa réserve personelle d'alcool (laissant son superbe popotin ressortir à merveille ^^ ), elle portait malgré tout une oreille attentive au discour du jeune homme.
Une fois qu'elle eu trouver la seule bouteille restante du massacre qui avait affecté leur rang, au fil des soirées passées à boire, elle revint près d'eux.

Anaria plongea son regard dans les yeux violets qui la regardaient, souriant doucement.

" Oui. Tu vois Rigel, c'est à toi de trouver le juste milieu pour arriver à vivre, à toi seule. Nous pouvons t'aider sur ton chemin, mais n'oublie jamais que tu es seule maître de ta vie et de tes actes, et seul ^gardien de ton âme. "

Terminant ces paroles, elle leva la bouteille de vodka qu'elle tenait toujours en main.

" Désolé, je n'ai plus que ça. "

( en manque d'idées... question...comment tu vas la boire ta vodka ??? )

Devon eut un petit sourire satisfait. Il avait un goût particulier pour l'alcool fort, et même s'il s'était juré de ne plus en boire en compagnie de dames, l'envie le tirallait de faire une petite entorse à sa rêgle de conduite.

"Ca ira très bien. Je n'en prendrais pas beaucoup, c'est juste pour m'humecter les lèvres. (oui oui bien sûr). Mais par contre je suis dans un petite impasse, j'ai besoin de quelqu'un pour me donner à boire."

Il se tourna vers sa poupée et lui jeta un regard entendu. Elle ouvrit la bouteille et en pris une gorgée dans sa bouche. Puis elle s'appprocha de Devon et l'embrassa, transvasant le liquide qu'elle avait dans sa bouche à la sienne. Devon eut un sourire de bienheureux, non pas à cause du baiser du pantin, mais plutôt à cause de la gorgée d'alcool qu'il venait de s'enfiler.

"Nyaaa... elle est pas dégueu ta vodka Nana... j'en veux bien encore..."

Il regarda les deux damoiselles avec un sourire de renard sur les lèvres et un éclat de malice dans les yeux.

"Y'en aurait-il une autre qui voudrait me donner la prochaine gorgée ?"

http://fr.youtube.com/watch?v=Gt1qrgBuxf8 ( sur ce post, je vois plutot zero...)

( désolé, mais après une journée entière passée à me balader à vincennes avec papi et mami qui voulaient à tout pris aller visiter le château...je me lache complet, désolé mon elfette chérie, c'est Nana qui tire les ficelles. *w* )

Vraiment, ce marionnettiste n'était pas tenable. Parlant un instant avec une profondeur et une raison peu commune, et l'instant d'après inventant un moyen pour casser toutes ses belles paroles.

Anaria sourit malicieusement lorsque le pantin embrassa le jeune homme, se demandant à moitié l'effet que produisait le baiser d'un pantin.

Encore heureux que son alcool était bon, vu le nombre de litres qu'elle descendait chaque jours.

Quand Devon formula sa demande, la jeune femme tourna le regard vers Rigel. Elle connaissait le marionnettiste mieux qu'elle et n'était pas choqué en aucun points par sa question. Mais il valait peut être éviter à sa nouvelle employé ce genre de scène.

Et puis elle était encore jeune, peu de garçons avaient du avoir la possibilité de lui voler un baiser, boir encore aucun.
Il valait mieux qu'elle choisisse seule ce jour, que de devoir offrir ses lèvres au premier venu.

" Drole de façon de boire, mais si c'est le seul moyen."

Elle haussa les épaules, et avançat vers la poupée, lui prenant la bouteille des mains.
Elle bu une gorgée, faisant couler dans sa gorge le liquide fort, se délectant de son goût, et de la sensation qui lui procurait. Elle avait un peu trop bu ce soir, et les effets commençaient doucement à ce faire sentir.

Puis elle plongea ses yeux dans ceux de Devon, lui adressant un superbe sourire, malicieux, ravageur comme elle les faisait si bien, faisant perdre la tête aux hommes qui croisaient sa route.

Elle prit une gorgée, longue, et se tourna vers lui, avançant vers son visage.
Comme la poupée quelques instants au par avant, elle l'embrassa, caressant ses lèvres des siennes, posant sa main sur son cou pour qu'il ne perde aucunes gouttes.

Quand Anaria prit la bouteille des mains de son pantin Devon eut un instant de doute. Il pensait que ça serait Riguel qui le ferait où qu'elles l'enverraient toutes les deux se faire voir en riant, mais jamais il n'aurait songé qu'elle le ferait sérieusement. Et pourtant elle le fit. Son baiser avait un goût empoisonné, qui s'infiltrait dans son sang et lui trouait le coeur. Un profond malaise s'empara de lui comme la douleureuse impression d'être pris au piège et soumis à la pire des tentation.
Cette fille, c'était celle tant chérie par cette personne qui avait tout fait pour lui. Armand, il lui devait milles fois la vie et à présent il se retrouvait dans une impasse sans autre possibilité que le trahir et le blesser jusqu'au coeur ou se perdre lui même dans les flammes d'un désir insatifait.
Car cette fille il l'amait. Ca n'avait rien d'un coup de foudre, ça s'était fait lentement, au fil des jours. Il ne s'en était rendu compte que très réçament, et Armand avait été plus rapide que lui.
Il avait dit une fois qu'il ne pensait pas que Cristal soit sa moitié et qu'il s'en fichait par ce qu'il l'aimait autant que si c'était la cas. Aujourd'hui qu'il était face à celle à laquelle il avait l'impression d'appartenir, il se sentait détruit. Cette histoire serait probablement sa première véritable défaite amoureuse et se baiser avait sur lui l'impacte d'une flèche plantée dans sa chaire.

Devon la repoussa en aillant le réflèxe d'utiliser ses pouvoirs. Il cracha cet alcool qu'il ne saurait avaler puis baissa la tête, cachant sous ses mèches mauves ses yeux imbibés de larmes.
Il ne pouvait pas faire ça à Armand, il devait résister. Combien de fois son valet avait risqué sa vie pour lui, aujoud'hui il était temps de payer sa dette. Plutôt mourir que de blesser la plus fragile des innocents. Mais cette fille était tentatrice et le marionnettiste avait le coeur en miette.
Entre deux mèches de cheveux il vit la silouette de Riguel qui les regardait apparament gènée. Un fort sentiment de honte s'empara de lui et il lui hurla de sortir. Puis Devon se recroquevilla sur lui même comme il le faisait autrefois dans sa chambre envahit par les ombres, et se mit à pleurer.

"Pourquoi... pourquoi est ce que tu me fait ça ? Ca me fait mal... arrête. J'ai mal pour Armand."

Le choc fut violent, plus que l'aurait souhaité le marionnttiste assurement. Il l'avait repoussé comme l'arurait fait un animal sauvage, une bête usant tout ce qui lui reste de force pour frapper ontre les parois lisses de sa cage de fer.
Dans sa chute la nuque de la jeune femme percuta le coin de la chaise qui se trouvait là, produisant une douleur toute particulière dans cette partie du corps, faisant apparaitre devant ses yeux portant ouvert des profonds halos sombres.

Elle remarqua à peine la sortie furtive de Rigel. Que devait donc penser cette jeune fille ? Pourquoi avait-elle fait ça ?

A moitié allongée sur le sol, elle resta interdite, incapable de la moindre pensée logique. Rien n'expliquait son geste, pas même le taux d'alcool présent dans son sang.

Reprenant petit à petit ses esprits qui restaient malgré tout bien trop embrumés, elle se redressa lentement, mais sans succes.Elle restait sans force, impuissante devant la non réaction de ses membres engourdis. Toute sa raison, tout son sens étaient comme asbent de sa pensée.

Et le jeune homme parla, faiblement à vrai dire, mais Anaria n'eu aucun besoin de les entendre à nouveau pour en connaitre le contenu. Ils étaient là dans cette pièce froide, dénudée de tout raisonnement et de toutes convictions, un desert où l'on avance sans même espérer un oasis.
Il restait aussi loin possible d'elle que lui permettait l'espace réduit de la chambre, peut être pour oublier, effacer la présence de cette femme.
Un long silence s'écoula, sansqu'elle n'eu rein à répondre, elle ne pouvait rien répondre, rien ne venait, pas une excuse, pas ne nterpretation à ce geste qu'elle n'aurait pas du faire.

Et pourqoi éprouvait-elle tant de honte ? Quel était ce gout si amer dns sa bouche, cette sensation d'avoir trahit deux personnes qui comptaient plus que tout pour elle.
Par ce simple baiser, elle trahissait Armand. Mais ça, elle le faisait souvent, aussi douloureux que ce soit. Là c'était bien pire.
Est-ce qu'n baiser peut êre égal à un acte de chair, qund la personne à qui on l'a offert est un être cher ?

* Je suis ce que je suis, je ait ce pourquoi je suis fait. *

C'était ainsi qu'elle voyait son existence avant. Avant quoi déjà ? Avant la caserne ? Avant la taverne ? Avant Armand.

Anaria leva sa main jusqu'à pouvoi la voir sans baisser la tête. Encore enrobée dans ce tissu de velours ! Ele enlevaces gants qu'elle haissit mais qui pourtant lui permetait d'évter bien des troubles.
Il tombèrent au sol, sans venir déranger le silence qui reignait toujours en maitre.

La jeune femme se releva alors, utilisant le reste de force qu'elle possedait encore pour avancer vers cet homme. Elle était toute proche de lui, si bien qu'elle pouvait voir chaque larmes que le marionnettiste versait.

" Je...j'ai...je ne sais plus où j'en suis...ni ce que je suis..."

Elle ne tenait plus debout, ses jambes tremblaient. Elle prit dans ses mains nues désormais son visage pour cacher les larmes qui y coulaient.
En cet instant, elle présentait à Devon un fragment de l'être qu'elle était en vérité. Sans même une force, tellement vulnérable.
L'enfant à qui on a arraché les ailles et les jambes, qui ne peu plus que se trainer à terre pour avancer.

Tombant dans les bras de cet homme face à elle, elle le serrait contre elle, pour qu'il la retint de ne pas encore chuter sur le terre gelée. Le sommeil l'emplissait déjà.

" J'ai tellement peur... J'ai peur de ce sentiment qui prend jours après jours possession de moi. Je voudrais m'échapper, mais je ne le puis plus. Je...je suis perdu dans cette sensation. Et... et je l'aime. Alors pourquoi je ne peux pas être heureuse, pourquoi je continu de souffrir ? Pourquoi je continu de mentir ? Pourquoi ne puis-je pas enfin vivre ?"

Ses dernier mots n'étaient plus que de simples murmures, prononcés par une enfant noyée, tombant toujours un peu plus dans les profondeurs de l'inconscience. Elle était maintenant endorie. Peut être allongée à terre peut être dans les draps écrlates de son lit. Peut être morte, enfoui sous le poid des années, des épreuves endurées, des serpents, des tentaties de morts, du souvenir aigre qu'avait laissé Dieusur elle.

Devon étouffa un cri terrifié quand il vit qu'Anaria était tombée à terre. Il l'avait repoussé et elle s'était fait mal. En l'espace d'un instant il pensa à Hugame, cette fusion féminine de deux puissants magiciens qu'il avait repoussé de la même façon pour se défendre, et qui était morte de sa chute. En ce remémorant cet épisode tagique de sa misérable vie, Devon eut soudain très peur d'avoir recommencé, de l'avoir tué sans faire exprès. Si elle était blessé ou morte il ne se le pardonnerait jamais. Plus jamais il ne pourait regarder le visage triste d'Armand en face. Le marionettiste se précipita vers elle et se rendit compte avec soulagement qu'elle n'avait rien. Il lui demanda si ça allait et elle ne lui répondit rien. Elle se jeta dans ses bras, à bout de force.
Ce contact, cette étreinte empoisonnée lui faisait l'effet d'une couronne d'épine lui ceinturant le coeur. Déchiré entre ce sentiment douleureux qui l'attirait vers elle et l'amour qu'il vouait à son confident et seul véritable ami. Elle semblait ne plus bouger, comme une poupée endormie. Elle était tellement belle, son parfum tellement apte à vous faire perdre les sens.
Il se ressaisit et décida de la mettre au lit. Aidé d'une troupe de pantin qu'il avait fait venir de la taverne au dessus, il la fit soulever et glissé dans les draps pourpres de sa couche. Il la fit installer confortablement et s'allongea à ses côtés, la regardant dormir. Attendri devant tant de charmes, il déposa ses lèvres sur les sienne et lui murmura doucement.

"Ce n'était pas pour moi, alors je te le rend."

Il sourie tristement et posa sa tête sur l'oreiller, la regardant une bonne partie de la nuit avant de s'écrouler de sommeil.

La nuit s'écoula, sans que rien ne vint déranger leur repos. Ils ne rêvaient pas, car il n'était pas de la circonstance d'avoir des rêves. Les cauchemars eux mêmes ne virent pas troubler le peu de sommeil qui les habitaient alors. Ils restèrent ainsi, dans l'univers sombre et opaque d'une pièce fermée à toute intrusion du dehors. Leurs corps ne se touchaient pas, leurs regards aux travers de leurs paupières closes ne se cherchaient pas.
Ils étaient deux fantômes, étenduent sur le lit de leur mort, baignant dans un espace temps perdu, éloigné de tout, dans une cascade écarlate d'un trépas qui n'en avait pas de finir et de tomber dans le styx infernal.

Ils étaient deux tombeaux, deux corps dont l'âme tentent dans un dernier espoir une quelconque échapatoire.

Lorsque Anaria s'éveilla, ce fut comme si on avait jeté sur elle une quantité incroyable d'eau gelée. Un réveil en sursot, comme la foudre qui frappe une terre humide par la tombée d'eaux inombrables, comme si elle revenait à la surface après une plongée trop longue en apnée dans les pronfondeurs insondables du monde.
Un instant, pour un instant seulement, elle eu un doute, le sentiment d'avoir son coeur qui s'embale, qui n'en fini plus d'accelerer, Où suis-je ? Se dit-on souvent. Ai-je rêvé ? Me suis-je encore égaré ? Qu'est-ce que j'ai encore fumé hier soir ?
Beaucoup de questions qui se bousculent dans un esprit qui tentent veinement de reprendre le dessus. Elles cherchent toutes une réponse, sans faire attention aux centaines d'autres interrogations qui restent perdues et insatisfaites.

La jeune femme se passa la main dans les cheveux, d'un geste habituel, de ceux qui ne nous demande aucunes réflections pour les éfectuer.

C'est à cet instant, écarquillant les paupières d'une manière déraisonnée, tout lui revint en mémoire. La soirée, l'éro, la musique, l'alcool, l'arrivée et l'embauche de Rigel, l'alcool, sa demande d'être plus jolie, l'alcool, l'apparition du marionnettiste, l'alcool, les lèvres de cet homme. Puis plus rien. Rien.
Un vide mystérieux et rageur prenait place dans son esprit torturé.
Elle baissa les yeux sur son corps, les vêtements qu'elle portait la veille étaient encore là, à ça différent qu'ils étaient un peu plus froissés.

Lentement, comme pour ne pas réveiller un songe maudit qui sommeillait encore en elle, elle tourna le regard, considérant le reste du lit.

Vide, elle était seule, seule étendue dans l'air oppressant des murs froids de la chambre.
Pourtant, quelqu'un avait dormit là, à ses côtés plusieurs heures durant.
Devon était déjà partie, la laissant à son monde pourpre, abandonné et toujours un peu plus meurtrie dans la torture de ses pensées.
Accroupie, inapte à tout autres mouvements, elle restait comme scultée, prise au piège dans le marbre ou le sel, statue superbe de givre figée à jamais dans l'immensité de sa douleur.

Une seule chose bougeait. Unique élément mobile de ce décor morne, dédaigneux de toute vie. Minuscule, fragile comme un nourisson à peine sortie du ventre chaud de sa mère, comme l'instant présent brisé par un simple souffle de vent. Point de pleurs. Point de sanglots longs et graves venant éclater le silence en millier de fragments éparts.

Seulement la caresse d'une larme unique, rendue si belle par ce simple fait d'exister précisément, maintenant. Une goutte de cristal ou de quelques reflets de liquides somputeux par les couleurs qui les composent. La pureté de cette larme sur la pluie de vermeil tombée lors d'un sommeil.

Longtemps elle resta ainsi, dans cette état instable plus proche en vérité d'une forme d'inconscience et de mort que de l'état même de vivre.
Alors, la chute sans fin, la fragilité de la peau de nos poignets, la balle si proche de nos lèvres, le long chemin du poison dans des veines, une noyade, tout, toutes les formes de morts deviennent possibles, envisageables, accessibles. La tentation de faire abandon de sa vie lorsque on en perçoit la fin, lorsqu'il n'est plus question de pardon.

Une larme dans l'espace infini d'un temps mort et trouble, intouchable, et par ce seul et si simple mouvement, un regret de détruire chaque chose entreprisent, d'être le monstre et non l'être humain. D'être le vivant à la place des morts.

Tout juste le regret d'être encore en vie, malgré tous ces actes de pure folie.
Puis une pensée, aussi belle que cette eau qui tombe à présent sur un corps dépassé par tout, mais tellement égoïste cette pensée. Mais on ne peut pas s'en retenir, il nous la faut, car elle seule peu chasser toutes les autres, elle seule ramène vers un pâle semblant de lumière.

* Pardonnez moi *