*~°¤ Mär Heaven ¤°~*
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
*~°¤ Mär Heaven ¤°~*

Bienvenue dans le royaume de Mär Heaven ! Ce royaume paradisiaque que menace de détruire le diabolique Echiquier...Combattant, pion ou voleur ?
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

 

 En quête de caillasse et de blé.

Aller en bas 
AuteurMessage
Le Geek Fou
Militaire de la Cross Guard - Modérateur
Le Geek Fou


Nombre de messages : 1010
Localisation : Dans les obscurs tréfonds de son atelier...
Date d'inscription : 20/05/2007

En quête de caillasse et de blé. Empty
MessageSujet: En quête de caillasse et de blé.   En quête de caillasse et de blé. Icon_minitimeDim 16 Déc 2007 - 23:11

Un mince faisceau balayait méthodiquement les contours de la falaise déchiquetée. À son approche, la pellicule de givre frémissait sur un support de granit probablement millénaire, comme si elle craignait l’aiguille de lumière. L’aube ne poindrait que dans une heure, et il faisait vraiment trop froid, sur la lande de Pazurika. La poignée d’épineux chétifs revêtant les franges rocheuses supportait hélas mieux le climat que le guetteur isolé. Dans tous les sens accessibles. Celui-ci supportait en effet la rigueur matinale comme la nature tolérait les promeneurs inconscients. Pas des masses, donc. Il avait été contrait de fouiller à l’opposé insulaire du phare, sans quoi la pollution lumineuse de la balise rendrait ses espoirs chimériques. Il s’agissait tout naturellement de l’aire la moins minéralement riche de l'île : sans challenge, la science ne mérite pas d’être vécue.

Dans un déchaînement élémentaire assourdissant, une lame colossale vint se pulvériser sur un promontoire indiscernable aux faibles lueurs nocturnes, et le faisceau fut à nouveau coupé net par une grêle d’eau froide et salée. C’était aussi la face la plus exposée de l’île. Steve, grelottant dans sa combinaison malgré le poêle portatif qu’il s’était sanglé sur le dos telle une hotte métallique, bouillonnante et fumante, envisageait de réviser son opinion sur les bienfaits des intempéries. Il ne devait plus rester beaucoup de bois dans le petit fourneau, qui n’était plus maintenant ni très chaud ni très bruyant. Des fougères sèches cueillies non loin dégèleraient sitôt qu’il les mettrait au charbon, suintant quelques litres d’eau avant de brûler réellement : pas moyen de s’en sortir autrement qu’avec le peu d’énergie thermique qui lui restait. Et comment se pourrait-ce, alors que les averses d’écume se décuplaient avec le petit matin comme autant de fausses alertes. Le pointeur d’Ivan avait quadrillé la moitié de la côte sans jamais subir de véritable absorption lumineuse. Et il serait vain d’espérer y voir quoi que ce soit dès que le jour se lèverait. Restait à savoir ce qui tomberait en rade le premier, la chaudière ou le collimateur de visée.


*La particularité géologique de Pazurika n’en serait pas une si elle était pareillement flagrante, voyons. Sacrénom d’un kromok velu, le grimoire faisant état de la cavité mentionnait pourtant une source mineure néanmoins très nette dans les environs. Aurais-je trop optimisé la zone de recherche ? Ou bien le vil ouvrage ferait-il seulement état de la mythomanie de son auteur ? Les repères géographiques mentionnés coïncident, pourtant...*

La silice blafarde, quoique aussi écarlate qu’une côte de bœuf, autrement appelée pierre vorace, serait abritée dans les flancs rocailleux de la dentelle de Pazurika. Elle tirait bien son nom de ses propriétés chromatiques, seulement dès qu’elle était mise en présence de phénomènes magiques, elle virait progressivement à une blancheur laiteuse. Ce au fur et à mesure qu’elle en vampirisait la source. On la repérait ainsi à son coloris sanguin lors de l’extraction, puis elle perdait généralement toute pigmentation une fois repue, soit dans les heures qui suivaient. Du moins aux dires d’un livre miteux, troisième génération de réplique de l’original, qui devait aujourd’hui être retourné à l’état sauvage. C’étaient trois lignes de hiéroglyphes desséchés et mangés par le papier –quand ce n’était pas l’inverse– qui elles seules attestaient de la position d’un gisement plus mythique que réellement localisé.

Il n’en fallait pas plus pour jeter Steve Jollmer sur les voies incertaines mais prometteuses comme nulles autres d’une ruée vers l’or improbable. Il est certain que les esprits scientifiques haïssent depuis toujours le fait légendaire et autres croyances de taverne. Sauf qu’une fois prouvée la véridicité de la légende, elle tient à jamais du domaine de la science, et de tous les valeureux colporteurs ayant un jour participé à la propagation de sa célébrité, n'apparaît plus dans les livres qu’un seul nom, qu’un seul mérite : celui du savant sceptique et dédaigneux jusqu’au bout des ongles et jusqu’à la dernière seconde, qui n’a jamais cru à rien qu’à l’instant final, l’objet de la quête entre les mains.

Voilà la raison profonde de l’acharnement du Geek Fou à scanner hargneusement chaque centiare de lande. Il n’accordait pas le plus petit crédit à cette paperasse aux reliures moisies. Il la jetterait sans remords à une meute de rats pagivores. Il était convaincu du caractère purement fantaisiste de cet inconcevable caillou. Il savait pertinemment qu’il perdait son temps, son énergie et son talent à grelotter ici à pareille heure. Il pestait haut et fort contre tous les autres consciences crédules qui avaient à leur tour toléré cette ineptie et contribué à sa survie, permettant par leur insuffisance d’esprit critique l’apposition de cette anecdote délirante dans un recueil d’hallucinations somnambuliques des derniers résidus de la morgue d’un hôpital psychiatrique désaffecté. Il se maudissait lui-même d’avoir un jour eu la faiblesse d’esprit de poser le regard sur cette tare de l’évolution littéraire.

Il n’en serait pas moins le premier à mettre la main sur cette foutue caillasse.

Parce qu’on arrête pas le progrès en marche. Fût-on un pauvre livre maltraité avec toutes les circonstances atténuantes du monde, vieux, sénile, délavé, à moitié rongé par les mites, aux trois quarts boulotté par des champignons nauséabonds et avec huit nouvelles et un essai orphelin à sa charge. Ce truc se ferait très prochainement réduire en bouillie spongieuse à coups de tromblon pour induction en erreur et embobinage, mais avant Steve démontrerait par l’expérience la véracité des dires du vénérable et bonimenteur ouvrage, fussent-ils erronés comme c’est pas permis pour autant. Car l’inexistence d’un objectif n’est pas le genre de détail mineur qui empêche un Geek Fou de l’atteindre.


*Il est des expressions qui brillent par leur trivialité. Quand des auteurs de vulgarisation scientifique décrètent qu’il n’est rien de plus aisé que de cueillir les aiguilles parmi les bottes de foin, se munissant d’une torche et d’un aimant, je rétorquerai bien à ces doux imbéciles d’enfiler des semelles magnétiques. Ce afin de leur remettre une bonne fois pour toutes les pieds sur terre et le cerveau à l’endroit. De façon à leur signifier le caractère purement exemplaire du vocable « expression ». Puis je les enverrai à coups de botte m'aller trouver ce diantregnoll de wookie déplumé de bout de caillou dans cet amas hétéroclite de rochers tous prêts à vous rompre le ciboulot à l’instant t. Rien de mieux que la pratique pour descendre en flammes ces envolées de génialité de bas étage. Non contente d’être hautement destructrice et de risque même de vaporiser l’objet cherché, cette méthode est parfaitement inadaptable et ne prouve rien d’autre que les dimensions bien excessives de l'ego d’un profane qui, persuadé d’avoir fait une trouvaille fondamentale, s’est empressé d’écrire une trilogie inepte dans le seul but d’y inclure cette anecdote*

La silice blafarde n’ayant aucune propriété physique remarquable, il était d’une toute autre affaire de la localiser, et arroser la falaise de napalm n’y changerait que peu de chose. En revanche, sa force d’absorption passait pour être suffisamment massive pour poindre sous dix mètres de fond. Restait à espérer qu’elle traversait le solide avec la même énergie que le liquide ; le cas n'échéant pas nécessairement, Steve ne désespérait pas pour autant qu’un filon sous deux ou trois mètres de granit ne parvienne à troubler faiblement le faisceau d’Ivan. Peine perdue, la roche était plus imperméable que l’humour anglais. Ce qui était plutôt logique, à y bien repenser : si ce minéral conserve sa teinte à jeun jusqu’au moment de son extraction, cela implique son impuissance à franchir parois pour se repaître de magie brute. Qu’à cela ne tienne, si la silice ne venait pas à Steve Jollmer, Steve Jollmer viendrait à la silice.

*J’aurais commencer par ça. La méthode expéditive est toujours la meilleure*

Avec peine et fracas, il brisa la glace qui s’était formée autour de ses bottes pendant qu’il songeait, pour se frayer un chemin à grandes brassées dans les fougères urticantes. Il ne lui fallut pas moins de dix minutes de nage acharnée dans la broussaille pour atteindre l’emplacement de son pétard à mine. Le hissant sur son dos en haletant, il entreprit le trajet inverse jusqu’à un cap rocheux donnant à pic sur le large et ses récifs mugissants. La pointe était orientée de manière suffisamment propice pour ne pas briser trop de rouleaux et ainsi assurer au promeneur une sécurité relative. Oui, seulement "relative" : il ne faut pas oublier qu’il reste un geek fou ou deux en maraude dans les environs...

SBLATCH !

Le tonnelet rouge brique s’enfonça dans la cuvette de terre meuble et humide, appuyé dans sa démarche par le coup de pied vertical de l’artificier. Il déroula alors avec toute la prudence dont il était capable –ce qui réduit donc les risques d’accident d’environ un demi pourcent– la cordelette imbibée d’huile de tournesol, de première qualité, jusqu’à une petite butte en retrait. S’assurant brièvement que la mèche ne trempait pas dans un marigot quelconque, il y mit le feu avec un petit système à galets. Semblable à l’allumage de son propulseur de flammes, en fait. La ligne de feu ne mit pas deux secondes à rejoindre le baril : l’huile étant en large excès par rapport au chanvre, les volutes ardentes surfaient littéralement sur la corde. Le récipient dans lequel elle versait déflagra alors en projetant des fusées vertes de tous côtés, qui allèrent pour la plupart finir leur course sur un écueil en répandant des gerbes de flammes colorées, ou bien vinrent se noyer dans les flots sombres. Trois seulement retrouvèrent la terre ferme et allumèrent de faibles foyers d’incendie à leur point de chute. Steve avait plutôt bien visé. Quant à l’à-pic, il avait généreusement frémi, mais néanmoins tenu bon avec une opiniâtreté presque moqueuse. Son détracteur devrait se contenter du large cratère carbonisé lui ornant désormais le dessus, une grosse concavité à la pente assez plate, de deux mètres de rayon au jugé.

*Bigre. C’est pas allé bien profond. J’ai gâché une charge*

Quoique, à y regarder de plus près, brillait à la lumière de deux projecteurs amplifiés un petit œuf de pigeon vermeil, écorché d’un éclat et reposant sur la frange de la zone de débris. Steve le ramassa précautionneusement et l’examina avec quelques grincements mécaniques lorsqu’il réajusta le rapport gaussien de spectrographie photolytique –qu’il tripatouilla au pifomètre une molette bruyante et (car ?) mal graissée avec un nom destroy, en fait– en espérant en apprendre quelque information propre à corréler ses conjectures.

« Ouais, c’est bien ce que je cherche. Mais tout ça pour si peu... Bof. »
Revenir en haut Aller en bas
 
En quête de caillasse et de blé.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Le nouveau look du forum ...

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
*~°¤ Mär Heaven ¤°~* :: Le continent :: Île de Pazurika-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser