règlement de comptes deux ^^

Un pas lourd et assuré résonnait dans les petites rues, accompagnant un chant mélancolique susurré que le contretemps (pas en rythme ^^) d’une lance frappant le sol achevait de massacrer. La prêtresse ne se séparait plus de cette lance depuis environ un mois et elle accompagnait toutes ses rares sorties.
Hélène était affaiblie physiquement, moralement et magiquement. Elle ne sortait guère de la caserne, et, pour ainsi dire, très peu de sa chambre. Elle craignait un peu ce qu’il pourrait lui arriver. D’autant plus qu’elle n’était sans doute pas en état de se servir de son ärm, probablement pas plus que de sa lance d’ailleurs. Mais elle espérait tacitement que la vue d’une jeune femme aux cheveux rouges, chantant mal et arborant une arme aiguisée suffirait à lui éviter tous désagréments. À tort sans doute, vu ce qu’on peut croiser dans cette ville.
Mais, pour l’heure, la divinité sous laquelle elle avait placé sa confiance et sa foi depuis son plus jeune âge l’avait préservé de mauvaises rencontres dans la situation délicate où elle se trouvait.

Elle était parvenue non loin des tavernes de Lestower, toujours en chantonnant, ne s’arrêtant que pour saluer certaines personnes que sa retraite à la caserne l’avait emPêchée de rencontrer depuis presque un mois, et pour se tenir le ventre qui la faisait de plus en plus souffrir tant il était lourd à porter.
Sur la petite place qui séparait les deux tavernes ennemies se dressaient encor des débris de la précédente guerre. La prêtresse demeura un instant à considérer l’entrée de la taverne où elle travaillait puis celle où elle avait mis les pieds récemment, lors de l’ouverture, avant de repartir vite fait, se sentant trop mal dans cette ambiance qu’elle appréciait tant au paravent [XD pour le palmarès de l’admin ^^][Merci, c'est gentil =p]. Mais tout était différent à présent, et elle avait changé.
Elle murmura une prière sans y songer vraiment et se dirigea d’un pas décidé vers la taverne de la poupée de cire.

Les remugles du lieu guère aéré où les vapeurs éthyliques se condensaient et s’évaporaient à nouveau la frappèrent. Elle respira doucement, profitant de cette bouffée comme si elle lui était envoyée directement de la divinité pour une prêtresse en détresse qui ne peut plus boire.
Elle balaya du regard la taverne, y reconnut quelques habitués et quelques autochtones. Mais elle ne vit pas le patron. Elle s’avança vers le comptoir, ignorant ses fréquentations, attendant qu’une poupée vienne s’enquérir de sa commande du jour.

Elle tentait de remettre un peu d’ordre dans son esprit très brumeux et de se rappeler tout ce qu’elle avait à lui dire.

Devon releva les yeux. Son détecteur à jeune fille lui indiquait qu'une damoiselle venait d'entrer dans sa taverne mal famée. C'était rare ces derniers temps. Bien qu'il se soit décidé à rester sur le droit chemin, il ne pouvait résister à la tentation de discuter avec une charmante jeune fille, tant que ça en restait là. Le tavernier ôta ses pieds de son comptoir poussiéreux, et jeta un regard large dans la salle enfumée à la recherche de la vue fraîche et délicate d'une poitrine bien ronde. Celle tant espérée n'était qu'à quelques pas.

Tant espérée vraiment ?

Hélène se tenait fièrement face à lui, le regard dur et une lance à la main.

Le marionnettiste devient soudain pâle, un rictus déforma son visage blâfard et en un instant il sauta de son tabouret. Sentant sa dernière heure arriver, il recula lentement et tenta de conserver son sang froid, comme on cherche à échapper à un fauve, sans le regarder dans les yeux pour ne pas le provoquer.

"Hélène... J'ai rien fait je te jure... p-pose cette lance s'il te p-plait. On... on peut discuter posément..."

Devon tremblait un peu. Il ne s'attendait pas à la voir maintenant, ni même à la revoir du tout. Il lui avait sèchement demandé de sortir de sa vie la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Le marionnettiste ne pensait la revoir à nouveau que lorsqu'elle aurait accouchée.

La situation prenait une tournure imprevue, et Devon détestait ça. Il se sentait mal à l'aise quand il ne contrôlait pas tout.

Néanmois il tenta de garder son calme où au moins une apparence seraine. Il se cala sur son tabouret face à Hélène et attendait qu'elle parle, ses bras morts posées en croix sur sa poitrine.
Elle faisait semblant de ne pas le remarquer et ce comportement l'agaçait profondément. Il ne supportait pas qu'on ne le regarde pas et pensa qu'elle devait le faire exprès.
Devon la dévisagea donc en silence, elle, la mère de son enfant. Si Anaria entrait ou pire Cristal (ce qui était pratiquement impossible, elle ne venait jamais à la taverne), il allait devoir s'expliquer de la présence de cette fille, soit un mauvais quart d'heure en perspective.
Devon déglutit et continua de la regarder sans rien dire. Elle était assez belle. La grossesse lui allait bien malgrès ce petit teint maladif qu'elle arborait. Il se surpris à comprend pourquoi il avait été si loin cette nuit là, Hélène était vraiment désirable. Il soupira, même s'il ne se souvenait pas de ce qui c'était passé la soir où il avait couché avec elle, il le regrètait amèrement. Et elle aussi visiblement. Ils avaient réussi à détruire leur avenir en une misérable nuit.

Un tel gachis l'écoeurait.

"Très bien parlons, Vide ton sac je t'écoute."

Devon sourit. La voir et l'entendre parler lui réchauffait le coeur. Cette fille avait été son amie avant que ça dérappe, à cause de lui. Il l'appréciait sincèrement pas n'était pas amoureux, et ça lui faisait de la peine de constater que ce ce n'était probablement pas réciproque.

Il appella une poupée qui servit à Hélène une verre d'un délicieux cocktail composé par Anaria, qui contenait plus de jus de fruit que d'alcool.

"Goute ça c'est pas mal, et puis c'est pas très fort."

Il était tendre avec elle, et se surpris à se préoccuper de sa santé. Son regard s'assombri.

"Je suis vraiment désolé pour tout ce que je t'ai fait. Est ce que tu me pardonneras un jour d'avoir détruit ta jeunesse ? J'aimerais me racheter, que dirais tu d'un travail stable aux horaires élastiques ? Je crois que nous y trouverons notre compte tout les deux."

Il sourit avec malice et la regarda dans les yeux.

"Je te vois bien gérante de la poupée de cire, moi j'en reste le propriétaire, mais j'ai besoin de subordonnés. Qu'en dis-tu ?"

Hélène trempa ses lèvres avidement dans le verre de planteur que la poupée lui avait servi.

*Kyaaa ! du sérum de Vérité !*

Il faut dire qu'elle n'avait pas une grande expérience du jus de fruits (hormis le jus de Pêches sacrées). On ne faisait pas grand chose d'autres que de la tarte et des confitures excellentes avec les fruits du sanctuaire dont elle était native.
Elle écoutait vaguement Devon s'excuser, trop occupée à savourer sa boisson pour lui répliquer quoi que ce soit.
Mais lorsqu'il mentionna le travail, elle posa son gobelet et le regarda dans les yeux, prête à baver ou à se plaindre si l'offre ne lui convenait pas.


Oh, oui, oui, oui... c'est une bonne idée... très intéressante. J'accepte avec plaisir !!
D'ailleurs, ça nous permettra de garder tous les deux un contact avec les... euh, l'enfant.

Elle plongea le nez dans son gobelet pour masquer sa confusion. Elle était aussi rouge que l'insigne qui ornait sa coiffe.

En parlant d'enfant, comment allons-nous l'appeler ? moi, moi, Moi, j'aime beaucoup Th'isbÉ. Si c'est une fille bien sûr ! Ou alors FanCh'on. C'est pas mal, FanCh'on, non ? Ou alors B'abettE ? B'abettE MoiBuy Kaomir' ... ça sonne bien, non ?

Elle fut étonnée de constater qu'elle reprennait l'accent de son pays rien qu'en citant des prénoms. C'était inconscient, mais elle se préparait à partir. D'ailleurs, elle savait que celui qui la ramènerait chez elle n'allait pas tarder. C'était un colporteur, ami de feu son Papa-tout-court, qui passait toujours dans le coin à cette période de l'année. Elle l'attendait avec une certaine impatience.
Il voulait entendre sa voix faible et usée par l'âge l'appeler doucement par son nom de jeunesse, alors qu'elle n'avait pas encor perdue son apo-strophe... Hél'ènE ... rien que de l'imaginer, elle se croyait déjà de retour parmi les Pêchers en fleurs et la rivière délicieusement sucrée de son enfance...
Elle soupira et regarda le tavernier.

Qu'en dis-tu, To'OtkomÉ ?

Elle rougit encor. Il lui ressemblait décidément, et elle s'oubliait.

Euh... Devon, je veux dire ^^""

Elle attrapa la poupée qui l'avait servie et qui repassait avec un élégant plateau vide et lui demanda encor un peu de ce délicieux jus de fruits. Elle plongea son regard dans son gobelet qui était, pour l'heure, vide. Un peu d'amertume surnageait dans son esprit troublé.

[savoure encor un peu de répit, après j'attaque >.<]

Le regard du marionnettiste devient soudain rêveur, on le voyait rarement ainsi, brillant d'autant de candeur.

"Un prénom pour le bébé ? Pour tout te dire je ne m'étais même pas posé la question..."

Il réfléchit un instant.

"J'aimerai un garçon, c'est mieux les garçons. Des filles j'en ai tout plein, mais je n'ai pas de fils. Maintenant que j'y pense, j'aime bien le prénom Tristan, c'est joli. Kaoru aussi c'est sympa... Et Kaomiru n'est pas mon nom de famille, c'est mon deuxième prénom, celui de mon père. A ce propos j'aimerai que l'enfant ai aussi ce nom car il ne relie à cet homme que je ne connais pas et que je souhaite retrouver un jour."

Il sourit en écoutant le doux accent d'Helène qu'il trouva adorable, dont il lui fit des compliments.

"Au fait je me demandais, d'où es-tu originaire exactement ? Moi je viens de Caolu, en terres Amosséennes."

Hélène s'attaquait vaillamment son troisième verre en écoutant Devon.
Elle, grâce aux pouvoirs que lui prêtait sa divinité pour atteindre la Vérité, grand précepte du Culte, savait qu'elle n'aurait pas de gamins mais bel et bien deux gamines.
Pourtant, quelque chose en elle lui soufflait de le taire, et particulièrement à lui, le père.

Il lui fit des compliments sur son accent... c'était bien la première fois. Habituellement, on trouvait cet accent dur et désagréable à l'oreille...
Puis la question de géographie ... Aïe... on ne pouvait pas dire qu'Hélène ait particulièrement suivi ce genre de cours.
Imbattable en chimie et en travaux pratiques, mais elle passait ses cours de géo à dessiner des Pavots au lieu des cartes demandées...
Elle but une très longue gorgée. Mais non, il attendait la réponse >.< Il allait falloir répondre.

"J'ai déjà dû t'en parler : je viens du sanctuaire de M'éhA. C'est un petit coin perdu. C'est à l'Est, bien sûr... On raconte que quelque soit l'endroit où on est, M'éhA est toujours situé plus à l'Est ... "

Elle se fit resservir encor une fois.

J'ai entendu parler d'Amos. Il paraît qu'on y vénérait le Culte avec ferveur, avant. Mais le rick-peu est passé par là, et les infidèles, qui lui ressemblent, se sont multipliés...

Elle hocquetta un petit coup.

J'espère que toi, au moins, ToOtk... Devon, tu ne t'es pas converti !

Elle avait un peu perdue l'habitude de boire autant d'un coup et, sous son énorme ventre mystérieusement fort calme en ce moment (ça devait être l'alcool... ou la présence du père), sa vessie pourtant rodée par l'expérience commença à la rappeler à l'ordre.
Elle se leva d'un coup et se dirigea presque en courant vers les toilettes de la taverne [tu vas regretter d'avoir prévu des toilettes dans cette taverne, Moi, je dis u__u], laissant la lance, le verre à moitié vide, et la conversation en plan.
Devon la regardait s'éloigner d'un air un peu amusé... Toujours la même, celle-là...
Mais pas le temps pour ce genre de constatations, déjà le radar à jeune fille s'était remis brusquement en marche...
En effet, quelqu'un du sexe féminin, âgé d'une vingtaine fraîchement comptée, venait d'entrer avec un air tout à fait contrit. Mais qui aurait remarqué cet air alors que quelque chose d'autre de bien plus troublant sautait aux yeux...
C'était la copie (presque) conforme d'Hélène... Sans les cheveux rouges.
Quelques vieux habitués allèrent même jusqu'à laisser quelques instants leurs bouches ouvertes... Puis se ressaisirent et haussèrent vaguement les épaules, avant de retourner à leurs occupations. Comme si c'était la première chose étrange qu'ils voyaient dans le coin...

Elle semblait un peu perdue.
Puis avant qu'il n'ait pu reprendre ses esprits, elle se précipita vers le tavernier.


To'OtkomÉ !! M'Ais qu'est-ce quE t'u fais là, je te cRoY'ais en'C'or aU s'Anctu'aire !!

Maintenant qu'il était tout proche d'elle, Devon put constater qu'elle semblait plus grande qu'Hélène...

A'lLons, e'mbRassOns-N'ous m'on vi'euX !

Alors qu'Hélene s'en alla en direction des toilettes, Devon la regarda en souriant. C'était un sourire triste et profondément doux qui s'installa sur son visage. Il ferma les yeux et posa sa tête entre ses bras recouvert de bandages, posés immobiles sur le comptoir. Soudain une pensée étrange lui vint, celle qu'il pourait être heureux avec cette fille, bien plus heureux qu'il ne l'était maintenant. Devon entre-ouvra ses paupières, et toujours plongé dans ses pensées, s'imagina vivre avec Hélène. Un frisson s'empara de lui, ce rêve était particulièrement agréable, celui de lui appartenir et d'être sien. Il soupira, il ne voulait pas qu'elle s'en aille et chercha une idée pour gagner du temps en sa compagnie.

A ce moment là la porte de la taverne s'ouvrit, laissant entrer une jeune femme très belle aux cheveux blonds. Immédiatement le marionnettiste se redressa, son détecteur à blondes faisant effet dans l'instant. Il la regarda avant d'esquisser un mouvement de recul. Alors qu'il regardait ses cheveux et se disait qu'il avait déjà une teinte comme celle là dans sa collection, ses yeux se posèrent sur son visage. Le tavernier dégluti, cette fille ressemblait étrangement à Hélène, mais en plus âgée. Ce petit air de famille l'ammena à se poser des questions sur le pourquoi de la présence de cette nana chez lui.
Devon serra les dents, si ça se trouve elle comptait venir la chercher.

La blonde s'approcha du comptoir et vient lui parler, il détourna la tête et pronomça d'une voix froide :

"Pardonnez moi mademoiselle, mais je crois que vous vous méprenez sur mon identitée."

[Elle n'est pas plus âgée : c'est sa jumelle (ouais, ça tourne à l'invasion, je sais u__u)



]

La jeune fille le considéra avec un air à la fois plein d'incompréhension de et de frustration. Elle s'assit en face de lui, à la place qu'occupait sans le savoir, sa soeur auparavant.

A'llons, tu as pErd'u la m'éMoire ToOt ? c'est mo ! Clyda ! rappelle-To'â : le sanCt'UairhhE ! M'éHa !

Elle leva les yeux au ciel d'un air désespéré tout en lorgnant sur le verre à moitié vide (donc à moitié plein) qui tronâit encor sur le comptoir.

Mais si, je suIs s'ûr que l'a mé'mOIre va Te rEve'nIr, viens f'aiRe un tour de'Hors ! Viens Dir'E bonJ'our à tONt'on Laone !

Elle était déjà debout pour le tirer de gré ou de force vers l'extérieur de la taverne, mais resta figée lorsqu'elle l'observa de plus près, tentant de comprendre la mine décomposée qui s'était affichée sur son visage qu nom de Laone, et se demandant si elle parlait vraiment à la personne à laquelle elle pensait.

[bon, c'est juste pour la forme ...]

Le sanctuaire ? Le Laone ? Devon frémit en entendant ces mots. Cette fille avait peut être servie dans son temple autrefois, il ne connaissait pas toutes les prêtresses.

"Votre visage ne me dit rien, étiez vous prêtresse dans le temple du grand marionnettiste autrefois ?"

Elle s'approcha de lui et il recula méfiant, sans voir le quiproquo qui existait entre eux.

"Si vous êtes venue pour me chercher, votre quête restera vaine. Plus personne n'obtiendra jamais plus rien de moi. J'ai tourné la page avec ce passé qui m'encombrait, je refuse de vous suivre."

Il déglutti.

"Je... je refuse de revenir dans le temple et de vivre à nouveau cce que vous m'avez fait subir... Ma vie est trop précieuse à présent..."

A l'autre bout de la taverne, Hélène revenait vers eux, trainant son gros ventre rond. Il lui jeta un regard paniqué et s'enfuit vers elle. Il tremblait et resta muet, incapable de lui dire quoi que ce soit.