Entraînement

[Ce topic se déroule après "Afin de faire plus ample connaissance ..." ; je suis allée manger à la cantine, puis me suis dirigée vers le terrain d'entraînement en début d'après-midi.]

[ Je demande Nobody, si possible …]

Le Soleil était haut dans le ciel, à présent. Il faisait bon, un vent tiède soufflait. Je décidai que c’était le temps idéal pour aller s’entraîner.

Je sortis du bâtiment, et arrivai sur le terrain d’entraînement. Ce n’était pas immense, mais pas minuscule non plus … La bonne taille pour un terrain d’entraînement modeste.

J’activai mon ärm, et ma lance apparut. Scintillante comme d’habitude, son contact n’était pas froid comme la plupart des objets en métal, mais plutôt … chaud. Relativement chaud. Personnellement, je la trouvais magnifique.

Je m’avançai jusqu’au milieu du terrain d’entraînement ; une bourrasque particulièrement violente fit s’envoler mon chapeau, que je rattrapai in extremis. Je le renfonçai sur ma tête : seules mes sœurs Witches m’avaient déjà vue sans mon chapeau … J’étais intraitable à ce sujet. Pourquoi ? Je ne sais pas. Question de principes … Habitude.

Avec cette douce chaleur, impossible d’imaginer qu’elles étaient mortes … Impossible d’imaginer quoi que ce soit de négatif, d’ailleurs. J’avais l’impression de voir mon avenir devant moi, radieux …

N’oubliant pas la raison de ma venue, je commençai à frapper dans le vide. Ce n’était pas génial pour s’entraîner. J’aurais aimé que quelqu’un vienne … Je ne connaissais pas encore toutes les personnes présentes … mais j’aurais aimé m’entraîner avec Monsieur Eärfalas. En fait, je ne savais pas vraiment comment l’appeler … Monsieur Eärfalas ? Monsieur Athanase ? Athanase ? Mon chef ?… Impossible de me décider. Enfin, si je le croisais, je pense que je lui dirais Monsieur Eärfalas. Naturellement. Et s’il me disait de l’appeler autrement, je l’appellerais autrement, c’est tout …

Par ce début d’après-midi, tout semblait si simple …

Les paupières closes, le visage orienté vers le ciel, je prenais un peu le soleil en ce début d'après midi. Je n’avais pas le cœur à rester enfermer ni à faire quoi que ce soit.

Je rêvais, ce jour là comme durant tout le reste de ma vie, je ne fis que rêver.

Seule et perdue dans un monde de lumière et de chaleur, là où personne ne s’aventure, là où ils ont bien tord de ne pas aller. Les gens ont peur de se perdre et de ne jamais revenir à la réalité, alors ils ne se risquent pas hors des sentiers battus. Jamais ils n’iront à la découverte des chemins lumineux que j’empreinte rien qu’en fermant les yeux.
C’est triste à dire mais d’un côté je les plains, mais d’un côté seulement. Parce que je paye le prix fort de ce renoncement à la réalité. Regardez-moi comme je semble faible et misérable. Et si mon corps semble si vide et si fragile c’est parce que mon âme se promène ailleurs, très loin.

Là bas il y a une jeune fille qui s’entraîne à la lance. Elle a un joli chapeau et elle se bat bien.
Mois je n’ai ni l’un ni l’autre. J’ai découvert en entrant à la Cross Guard à quel point je ne valais rien. Tous les autres soldats sont de très bons guerriers et moi je ne peux même pas me comparer à eux. Je ne cherche plus à m’intégrer, j’ai pourtant fait preuve de courage mais là je ne peux plus. Je reste en dehors et ne vais pratiquement plus aux entrainements. Jamais je ne me suis sentit aussi gênante pour un groupe. Si j’étais vraiment courageuse je prendrai mes affaires et partirais aussitôt. Mais n’aillant nulle part où aller, je reste là, continuant de jouer ce rôle de boulet qui me donne la nausée.

C’est vrai qu’elle est forte cette fille à la lance. Elle tourna la tête, elle me regarde. Je fais comme si je ne l’avais pas vu et je continu de lézarder au soleil. Je n’ai pas envie de me mesurer à elle. Pourquoi ? Parce que je ne veux plus de pitié. Quand je perds, on me regarde toujours comme ça, avec pitié et déception. Comme si on semblait me dire "défend toi un peu, ce n’est pas drôle si tu ne tiens pas cinq minutes."

Je déteste ce regard, je déteste ce sentiment, je déteste ceux qui me l’inflige.

J'étais toujours en train de donner des coups dans le vide. Au bout de quelques minutes, je m'arrêtais –courte pause- essoufflée, pour mieux recommencer. Et juste là, quand je tournai la tête, je vis une jeune fille, plus jeune que moi de plusieurs années –d'apparence, en vrai, je devais être plus vieille qu'elle d'à peine quelques millénaires ?- qui me regardait. Je ne l'avais pas vu auparavant, trop absorbée par mon entraînement. Elle vit que je la vis, et pourtant elle ne vint pas jusqu'à moi. Elle ne dit rien, même pas un simple bonjour ; elle ne fit que rester plantée là, à ne rien faire. Mais à peine l'ai-je regardée qu'elle détourne le regard ; aurais-je rêvé, ne m'aurait-elle pas vu ?

Faisant disparaître ma lance magique d'une simple volonté –désactiver un ärm est toujours plus facile que de l'activer-, je m'approchai de la fille, et demandai :

"Bonjour, mademoiselle ! Comment vous appelez-vous ? Je suis Lucia.", finis-je en souriant.

Je me demandai aussi pourquoi n'avait-elle rien fait, pourquoi j'avais cru qu'elle m'avait vue, pourquoi …

Peut-être le saurais-je au fil d'une conversation ? Mais cette jeune fille ne souriait pas. Pourquoi ? Peut-être avait-elle juste envie d'être seule ? Peut-être l'embêtais-je de par ma simple présence ?

Je le saurais bien. Aujourd'hui, demain, ou dans dix ans. À part si je mourrais demain.

Un jour, je sus pourquoi j'avais pensé ça.

[Je demande donc à un administrateur de clore ce topic. Pour les explications, c'est par là : Problème.]

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