La chambre de Devon

C'est une chambre plutôt petite, il y fait très sombre car les volets sont en permanence fermé. Les murs sont recouverts d'étagères sur lesquelles sont assise une bonne centaine de poupées. Elles dorment, leurs paupières sont closes et restent sans bouger dans leurs robes à l'ancienne. Par terre il y a un bordel monstre tel qu'on n'ose poser le pied. Le tapis et recouvert de copeaux de bois et si on regarde sous le lit, seul objet normal ici présent, on peut voir des essais de marionnettes. En gros il y a une quantité impressionante de têtes sans corps, de bras, de jambes, de mains en bois. Si l'ont ingnore le hobby de Devon, on pourait penser qu'il s'agit de la piaule de Jack le découpeur d'enfant. Devon dort dans des draps blancs, Tokun sur son oreiller. Et quand à Armand, le pauvre dort par terre, sur le tapis, juste à côté des marionettes ratées.
Mais le pire, c'est cette impression pesante que l'on ressent en entrant dans cette pièce, à cause de l'accumulation et aussi à cause d'une présence étrange...
Au fond de la chambre, il y a un placard. A première vue on pourait penser q'ui s'agit d'une penderie, mais quand on regarde sous le tas de chemises violettes, on apperçoit des boîtes noires, alongées, comme des cerceuils d'enfants... Rassurerz-vous mes amis, se sont des arms... Enfin je crois...

Devon entra dans la pièce, nullement gêné par la bazar ambient. Il tenait Cristal par la main, et rougit légèrement quand il la fit entré. Tokun alla ouvrir les volet, histoire de faire entrer un peu de lumière dans l'obscurité glauque de la chambre.

"Euh... voilà, je vit là..."

"Surprise non ? Personne de l'extérieur ne peut savoir que mon maître est un homme aussi négliger..."

Devon, vengence personnelle, lui lanca son paquet de clope en pleine tête.

"Arrète de dire n'importe quoi. C'est la faute d'Armand, il n'a pas fait le ménage. Il prétent avoir mal à la main... le con."

"Mademoiselle Cristal, connaissez vous Armand ? C'est le domestique du maître."

"C'est un feignant oui..."

"Moi je l'aime bien. ♥"

Euh, oui, je l'ai déjà croisé ... fit une Cristal quelque peu intimidée par l'ambiance étrange de la pièce, et ne sachant trop comment réagir face à cette accumulation hétéroclite de pièces détachées, semblant si humaines ...

La jeune fille regardait autour d'elle, et partout où se posaient ses yeux elle trouvait des marionnettes à différents stades d'avancement. Des pièces de bois brut, des formes criantes de réalisme, des poupées presque finies, donnant l'impression qu'un meutrier passé là avait fait un carnage et couvert le sol de cadavres mutilés, à qui il manquait un bras, une jambe, la tête ...

Cristal restait figée au centre de la pièce, n'osant pas bouger de peur de marcher sur une marionnette. Elle serrait la main de Devon dans l'une des siennes, et de l'autre tenait la poupée qu'il lui avait offerte. Ses longs cheveux noirs et sa cape dégouttaient sur le sol, formant une mare à ses pieds, telle un miroir agrandissant l'espace.

Devon prit lentement Cristal dans ses bras et allait l'embrasser quand soudain on entendit un bruit.
Sous le lit, les poupées ratées s'agitaient, griffaient le sol avec les ongles et leurs dents. Les grattements sinistres étaient accompagnés de gémissement et de plaintes.

Quand Devon s'apperçut de cela, il donna un grand coup de talon par terre.

"C'est pas bientôt fini ?!

Et les bruits cessèrent comme par magie.

Devon regarda Cristal, elle regardait dans tout les coins et une impression de mal aise flottait sur son visage. Devon la perçu et lui demanda :

"C'est cette pièce qui t'impressionne ? Tu ne t'y sent pas bien ? Ne t'inquiète pas, c'est normal..."

Il soupira.

"A par moi, personne n'aime cette pièce, même Armand qui pourtant ne se plaint jamais le trouve glauque. Dire que j'avais espéré enfin trouver quelqu'un qui me ressemble..."

Non, ça va ! répondit très vite Cristal. C'est juste que ... ces poupées, partout ... elles sont vivantes ?

Tenant toujours Devon de sa main glacée, elle regardait les marionnettes d'un air totalement fasciné. En effet sa première impression avait été du malaise, mais maintenant qu'elle avait réalisé que les choses qui bougeaient dans les recoins n'étaient que des poupées, elle était intéressée par le phénomène. Ses yeux jaunes écarquillés tentaient de percer le secret de ce semblant de vie qui animait les créations de Devon. Elle s'approcha de la marionnette la plus proche, autant qu'elle le pouvait sans que sa main n'ait à quitter la paume si chaude où elle se nichait. Elle tendit presque sa main libre vers le pantin, paraissant vouloir le questionner directement sur la raison de son existance ...

Devon fut très étonné de cette question, un peu outré même que quelqu'un comme Cristal ignore quelque chose d'aussi évidente pour lui.

"Mes poupées ? Vivantes ? Mais bien sur ! Se sont toutes mes petites filles. Tu l'ignorais ?"

Il réfléchi une seconde, puis prit dans sa main droite la poupée de chiffon qu'il avait offert à Cristal, et dans l'autre une marionnette posée sur l'étagère la plus proche.

"Je comprend, en fait tu ne connais pas la véritable définition de la vie."

La marionnette ouvrit ses yeux rouges.

"Tu penses que celle-ci est plus vivante que celle-là parce qu'elle bouge et est douée de parole. Mais tu te trompes, elles sont toutes les deux pareils.En les créant, je leur ai insufflé cette vie qui me fait défaut à présent. Mais je ne le regrète pas le moins du monde. Elles représentent beaucoup pour moi."

La marionnette et Cristal se regardaient, yeux rouges dans yeux jaunes, le jeune fille décidément fascinée par la magie de Devon qui insufflait tant à ses créations. Au bout d'un moment, elle murmura

Je suis désolée ... Je ne comprend pas.

Elle leva son regard vers le jeune homme qui tenait les poupées.

Je ne vois pas la vie dans celle-ci ! s'exclama-t-elle en désignant sa poupée de chiffon. Pourquoi ? Et ... Sa voix se fit plus basse, plus inquiète aussi. Pourquoi dis-tu que la vie te fait défaut ? Moi j'ai l'impression que tu es vivant, et bien vivant !... Non ?

Elle tendit doucement la main et vint la poser sur la joue du marionnettiste, comme si elle voulait en vérifier la réalité.

Devon pris un air inhabituellement sérieux. (ouf, ça fait beaucoup de syllabes !) Il posa sa marionnette et pris la poupée dans ses bras.

"Bien sur que je suis vivant, mais tu comprendras qu'a force de donner la vie, je m'épuise. Mais je te le répète, je ne regrète rien du tout. Ces petites sont purs alors que moi je suis souillé par le péché jusqu'à la moelle de mes os. le moins que je puisse faire c'est leur insufler cette vie que je ne merité pas."

Soudain il décida de changer de sujet et se mit à sourir. Il rendit à Cristal la poupée de tissu.

"Et quant à celle-ci, elle est vivante à travers moi même si elle ne bouge pas comme l'autre. Elle vit parce que j'ai mit en elle toute mon âme et tout mon amour."

Une ombre passa dans les yeux mauves de Devon. Les souvenirs du passé le suivaient depuis si longtemps déjà qu'ils laissaient sur sa peau une empreinte indélébile.

Quand il entendit Cristal l'appeller "ange" un léger sourir ironique figea son visage.

"Moi un ange ? Tu veux rire j'espère ? Je n'ai rien à voire avec les envoyées du divin, ni avec lui même. J'ai passé ma vie à usurper sa place, le jour de ma mort j'aurai des comptes à lui rendre."

Il soupira. Devon n'aumait pas parler de son passée, mais avec Cristal tout devenait facile. Il pouvait tout lui dire, elle seule était capable de porter sur ses épaules le poids de sa souffrance. Il avait tant besoin de souffler un peu, mais il lui coutait tellement de lui imposer cette douleur.

"J'ignore ce que tu sais de moi, mais sache un chose, s'il y a quelque chose que je refuse de te dire, laisse moi ce secret. Cela voudra dire qu'il dégage de ce souvenir une cicatrice trop douloureuse pour être réouverte. Je te l'avoue, j'ai tué. Même pas pour vivre où me défendre. J'ai tué bêtement parce que c'était ce que l'on me demandait. Mon crime et d'autant plus affreux que je n'ai jamais tué d'homme, seulement des femmes et des filles. Je suis un être abjecte, ignoble. Je ne mérite pas de vivre. Ma seule raison, c'est qu'en existant, je peut rendre encore un peu de vie à toutes ces femmes. Toutes mes poupées leurs ressemblent, elles sont si belles. C'est comme un sorte d'hommage que j'ai voulu leur rendre, à elles et à leur beauté à présent immortelle."

A ce moment là, Armand entra dans la chambre sans tout d'abors remarquer le jeune couple qui se roulait des patins.

Le valet tenait contre lui sa main blessée enroulée dans du tissus. Sa guérison avait légèrement fouarré et il souffrait encore de la blessure que lui avait faite Cristal.
Il plia sa veste et la posa sur le dossier d'une chaise. Il avait encore les yeux tourné vers le sol quand il vit le bas d'une cape et des pieds chaussés de bottines féminines. Il leva la tête et vis une fille à côté de son maître.
Il la reconnu en un éclair, c'était elle, la femme qui l'avait blessée.
Et maintenant elle était avec monseigneur. Si proche.

Armand se dit alors qu'il arrivait au bon moment. c'était certain, cette fille était dangeureuse et allait forcément nuire à Devon.
Dans un élan de fougue et de courage, il se jeta sur son maître et le poussa loin de Cristal.

"Monseigneur ! Heureusement que j'arrive à tant ! ne vous inquiétez pas pour moi, je vous protègerai du s'ai-je y laisser la vie !"

Devon tout d'abors surpris par l'entrée d'Armand, dut après contenir sa rage.
Cet imbécile gâchait toujours tout.

Mais quand Cristal frappa son valet, Devon vi rouge. Il n'aimait pas du tout, mais alors pas du tout qu'on touche à ses affaires.
Avant que Cristal ne le frappe une nouvelle fois, il lui dit froidement :

"C'est bon, je m'en charge."

Il s'approcha d'Armand, visiblement en colère.

"Peux-tu m'expliquer ce que tu fait là ?"

Le valet tenta une faible défence. Etrangement, Devon sembla s'en contenter. Il lui sourit et lui prit la main.

"Oh je comprend, tu voulais me protéger ! Mais de qui ?"

Il lui serra très fort sa main blessé le faisant serrer les dents de douleur.

"De mademoiselle Cristal ? Oh non, ce n'est pas d'elle que tu dois te méfier..."

Il serra plus fort, l'obligeant à pousser un gémissement de plainte.

"C'est de moi. Comme tu es servil mon pauvre Armand."

Il lui lacha enfin la main.

"Maintenant tu as enfin une escuse valable pour ne plus faire le ménage."

(Mais depuis quand Devon est aussi méchant avec Armand ! TT-TT)

Armand serrait les dents pour ne pas hurler de douleur. D'habitude son maître ne se livrait pas à des tortures gratuites. Devon devait être terriblement énervé.

Armand redoutait plus que tout les crises de nerfs de son maître, il préféra ne rien répondre et s'en aller.

"Puis-je prendre congé de vous ?"

Devon lui fit un signe négligé de la main. Armand prit ça pour une réponse et s'en alla.

Et c'est seulement dans le couloir qu'il laissa des larmes de douleurs et de rage couler sur ses joues. Il s'enfuit en courant, il avait besoin de réconfort, et il savait qu'il pourrait trouver cette épaule favorable auprès d'une seule personne.

"Monsieur Dewara."

Devon lui jeta un regard de chouette un peu comme ça -_-

"C'est juste que je n'aime pas que l'on touche à mes affaires. Armand est ma propriété, je ne tolèrerai pas qu'on me l'abime."

Cette fois-ci, Devon était très dur à cause de la colère. En général il était très gentil avec son valet, il l'enfonçait quoiqu'il dise, mais dans le fond il l'aimait bien.
Je crois qu'il le voit un peu comme une de ses poupées. Mais en même temps, qui peut se vanter de ne pas être considèré comme un objet par Devon ? Comme il peut manipuler les corps, alors la différence entre le pantin artificiel et l'être humain se fait minime.
Devon n'a aucune idée de cette différence. Dans son esprit tordu il y a lui, en en dessous, tout ce qu'il peut manipuler.

Et rien de tout cela ne peut encore être qualifier d'humain.

Attendez, oui, il y a peut être une personne qui se différencie des autres. maintenant c'est à elle de prouver qu'elle n'est pas une bête marionnette.

N'est-ce pas Cristal ?

Ta propriété ?

Un sourire apparut sur les lèvres de la jeune fille. Pas très engageant.

Tu en as de la chance ... Moi aussi je voudrais posséder quelqu'un ... Mais les fous tentent toujours de me frapper dès que je tourne le dos, alors ...

Elle évacua la question de son esprit, et ajouta, plus gravement

Je suis soulagée que tu ne sois pas trop faché contre moi ...

Elle s'approcha doucement du marionnettiste, allant jusqu'à le frôler.

Où en étions-nous avant que ton serviteur ne nous interrompe ? susurra-t-elle.

Devon posa son doigt sur les lèvres de Cristal et fit mine de réfléchir.

"C'est vrai ça, où en étions nous ? A ça y est, ça me revient !"

Il glissa ses bras cadavériques autours de sa taille fines, et l'embrassa délictement.

Tout en lui caressant les cheveux, il réflichait à ce qu'elle venait de lui dire. Alors comme ça elle voulait posséder quelqu'un ? Etait-ce un sous entendu à propos de son flirte avec Helen ? C'était idiot de s'en faire pour ça, il n'aimait pas cette fille. S'il lui comptait florette dans la taverne, c'était juste pour s'amuser. Il n'aimait que Cristal. Mais tout de même, si elle avait des soupsons sur son amour, il se devait de la rassurer.

Devon la regarda dans les yeux et lui murmura :

"Comment peux-tu penser que personne ne dépend de toi ? Et moi alors ? Je t'appartient, non ? Mon coeur et ma vie sont pour toi. Fait en ce que tu désires. Tu moi si tu veux, je le mériterai bien de toute façon."

Cristal regarda Devon avec surprise. Elle ne s'attendait pas du tout à ce genre de réponse, et était du coup prise au dépourvu.

Devon ... Elle savoura ce nom quelques instants. Je ne veux pas que l’on dépende de moi. Je veux pouvoir torturer, tuer ces humains pitoyables qui ne méritent que cela ! Mais toi, tu es le seul à bien vouloir m’appartenir, mais tu n’es pas comme les autres … Toi, tu mérites de vivre. Quoi que tu en dises.

La jeune fille se mit à sourire, et elle lui murmura à l’oreille

Purifions le monde ensemble, nous pourrons alors vivre tous les deux sans plus devoir souffrir la présence de ces larves répugnantes qui se prétendent humaines … Débarrassons-nous de ces choses que je ne peux plus supporter … Je ne veux plus que toi au monde !

Plus que eux deux au monde ? Devon fut touché au plus profond de lui par ses paroles. C'est comme s'il les avait toujours pensé, mais jamais exprimée. Il posa ses lèvres sur la nuque de Cristal.

"Oui, j'aimerai. J'aimerai un monde en paix. Où seul les gens vraiment bon puissent vivre. Et la seule façon d'obtenir ce que je désir, c'est de purifier la terre. Je ne veux que toi, car tu es la seule qui mérite cette planète."

Il regarda la fenêtre, un petit oiseau venait de se poser sur le rebord. Tokun alla ouvrir, et le moineau ne fuit pas. Au contraire, il entra dans la chambre et alla se poser dans la paume ouverte de Devon.

"Même les animaux me répugnent. Ils sont si laids et sales, ils souillent autant la terre que les humains. Je déteste tout ceux quie se laissent manipuler."

Il ferma sa main violament, tuant le petit oiseau.

"Qu'ils crèvent tous."

(moi aussi j'aime torturer les bestioles )

Les yeux de Cristal se mirent à briller. Elle avait enfin rencontré quelqu’un qui pensait comme elle, et ce quelqu’un était la personne qu’elle aimait le plus au monde. Les choses sont parfois si bien faites …

Goutte à goutte, le sang de l’oiseau sourdait du poing serré du marionnettiste, traçant un sillon vermeil sur sa peau fine, puis prenant son essor dans les airs pour achever son vol dans une tache de plus en plus large sur le sol. Plic. Plic. Plic. …

Les deux jeunes gens ne pouvaient s’empêcher de suivre le liquide du regard, hypnotisés par sa beauté sauvage. Le goût du sang, cette passion qui vous transforme en bête fauve, qui seule vous permet de percevoir la splendeur qui s’en dégage … Cristal l’avait. Et Devon ? Sans doute aussi …

Le bruit régulier cessa. Le marionnettiste rouvrit la main sur le cadavre exsangue de l’animal.

Allons trouver d’autres proies, murmura Cristal, purifions le monde dès aujourd’hui, peignons tout de rouge … Le sang est si beau.

Devon secoua sa main souillé et fit tombé l'oiseau mort par terre. Il aurait put se dire à cet instant qu'Armand n'allait peut être pas apprécier de voir un cadavre sur le tapis où il dormait, si Cristal ne lui avait pas fait une proposition alléchante. Tuer des gens ? Qui , Et pourquoi ? Devon voulait savoir, mais il avait une autre question à lui poser, elle lui brûlait les lèvres.

"Dit moi Cristal, pourquoi es-tu entrée à l'échéquier ? C'est pour avoir le pouvoir et le droit de tuer librement ?"

Il regarda sa main couverte de sang et lécha lentement ses doigts. Soudain il croisa le regard de Cristal qui le regardait fixement. Elle ne semblait pas dégoûtée, ni même effrayée. On aurait dit qu'elle avait envie de sang elle aussi. Mais Devon est un gentlemant, il n'allait pas lui donner le sang d'un vulgaire volatile. Cette file était une perle rare, elle méritait quelque chose deplus noble.
Le marionnettiste s'empara d'un outil qui trainait sur son établi improvisé (qui devait être autrefois un secrétaire) et se le planta dans la main avec une force insoupsonnée.
Il lui tendit sa main mutilé et souriant.

"Tu en veux ? Il me semble que tu aime ça."

Je suis entrée à l'Échiquier car sa vision est très proche de la mienne ... Nettoyer le monde de ses impuretés, n'est-ce pas notre but commun ? Même si ma définition de ce qui est impur est plus large ... Mais aider l'Échiquier à mener à bien son projet fera beaucoup avancer le mien, je m'allie donc à lui ... Provisoirement.

Tandis qu'elle répondait, le marionnettiste avait commencé à lécher le sang sur ses doigts. Les yeux jaunes de Cristal suivait ses gestes avec avidité. L'envie s'y lisait. Devon ne s'y trompa pas, mais ce qu'il fit surprit tout de même la jeune fille.

Pou ... pourquoi te blesser ? fit-elle, le regard fixé sur ce sang si chaud qui perlait de la paume offerte. Ce n'était pas utile ...

Elle s'arrêta, hypnotisée par le sillon rouge qui se traçait sous ses yeux. Elle ne voulait pas que Devon se blesse pour elle, mais ce sang ! elle en avait tellement envie !

Sa mince résolution craqua, et elle saisit le poignet du jeune homme, goûtant à petits coups de langue le liquide nourricier qu'il lui offrait.

Devon la laissa boire son sang. C'était comme tenir des moineaux dans sa main et les nourrir sans qu'ils prennent peur. ...sauf que les moineaux... bref laissez tomber la comparaison. Devon était content et c'est tout ce qui compte.

"Tu sais que le contact de la langue chaude sur ma chair, est très agréable tu sais ?"

Il continua de lui parler, il ne semblait pas souffrir le moins du monde de la douleur.

"Tu sais, j'ai tant souffer. J'ai tant de fois voulut mourir, qu'une égrétignure comme celle-ci ne me fait plus rien."

Il prit son petit visage dans sa main valide et l'admira, elle avait du sang partout autour de la bouche, c'était très mignon. Il lui lècha les lèvres et lui dit gentiment :

"Mais toi tu ne peux et ne dois pas comprendre de quoi je parle. Ton corps est encore en bon état, réjouis toi. C'est important. Il se peut qu'un jour tout bascule et que tu deviennes comme moi. Faible et malade."

Non, je ne comprend pas ... Devon, raconte moi ce qui te tourmente. Je veux te connaître, savoir ce qui t'a blessé dans le passé, toi qui m'a déjà à plusieurs reprises parlé de ta faiblesse ...

Yeux implorants mais sang sur les lèvres, mélange incroyable d'attendrissant et de sauvage ...

*Mais moi, songe à mon âme ...

Si ton âme est encore en bon état, réjouis toi. C'est important. Il se peut qu'un jour tout bascule et que tu deviennes comme moi. Fort mais fou.*