Il y a encore tellement de choses à apprendre

Le soleil revenait enfin après plusieurs jours de pluie et de grand vent. Le vent du Nord hurlait encore, faisant battre rageusement les pans d’une longue cape noire. Quelqu’un se dirigeait d’un pas rapide vers la caserne de la Cross Guard. Le bruit des talons des souliers noirs étaient étouffés par le mugissement du vent qui soufflait son haleine glacée à la face de l’arrivant, comme pour emporter avec lui cette frugale silhouette sombre, l’empêcher d’atteindre la caserne. Mais l’inconnu continuait à avancer tant bien que mal vers son but, la tête baissée pour se protéger de la fureur du vent et serrant le plus possible sa cape de laine noire contre son corps mince.

L’étrange petite chose arriva bientôt à destination. Arrivée aux portes de la Cross Guard, elle leva la tête pour mieux voir mais le vent manqua d’emporter avec lui son capuchon, lui soufflant son haleine glacée au visage et faisant voler une cascade de cheveux châtains par la même occasion empêchant ce qui semblait être une nouvelle arrivante de voir quoi que se soit.
Deux mains fines et blanches apparurent hors de la cape pour écarter les *pouah* mèches de cheveux qui lui obstruaient la vue et dissimulaient son visage. Apparurent alors un nez fin et discret, deux jolies lèvres minces d’un rose très pâle, des joues rosies par les assauts du vent froid, et deux yeux verts. Tout ça placé avec justesse par un Dieu généreux dans un beau visage clair, aux traits fins.

D’où sortait donc cette jolie créature ? Ce beau visage blanc emmitouflé dans sa longue cape sombre ? De quel conte de fée ~~ou Walt Disney~~ avait donc était pompé cette poupée ?

Après avoir noué ses longs cheveux ~~toujours bien coiffés~~ en chignon pour les empêcher de s’envoler, la nouvelle arrivante put enfin voir la grande porte de la Cross Guard.
Elle était arrivée …
Elle était arrivée …
Elle était arrivée …

« Oui, bon, ok. Cette jolie poupée copiée-collée d’un conte de fée est eenfin arrivée devant la graande porte de la graande caserne of THE Cross Guard pleine de gentils et forts militaires prêts à combattre les méchantes pièces de l’Echiquier … comme d’autres avant elles ! »
« Chut ! Faut pas le dire ; sinon tout le monde s’en ficherait. »
« … »
« Nous reprenons. Donc, nôtre adorable créature est ~~plantée~~ arrivée devant les portes de la Cross Guard et … »
…comme la logique le veut, c’est au moment où, après avoir enfin atteint son but, que la belle damoiselle commença à douter de ce qu’elle voulait et de l’aide réelle qu’elle pourrait bien apporter à la Cross Guard mais finit par décider que cela valait le coup et qu’elle était déterminée à réussir à réparer le mal fait par l’Echiquier.
Ainsi, pleine d’une détermination à toute épreuve, elle frappa deux coups décidés à la porte.

Etant enfin parvenu, par des expériences météorologiques dangeureusement farfelues, à bouter le mauvais temps hors du district territorial de la caserne, le Geek Fou décida d'admirer le fruit de son coup d'éclat en sortant profiter de l'éblouissante lumière solaire. Certes, pas un de ses braves compagnons de la Cross Guard ne le croyait réellement à l'origine de la pluie et du beau temps, mais lui, en bon expérimentateur optimiste, était fermement convaincu que ce revirement nuageux était bien dû à ses tirs de fusées chargées de substances pestilentielles, ou bien à sa tentative d'inverser les pôles du champ magnétique local, ou encore à l'engrais miracle qu'il distribuait aux pèquenots depuis quelques mois. Bref, quelqu'en fut la raison, on était tenu de le louer de ses efforts, ne serait-ce que pour encourager la recherche scientifique.

C'est donc le ravissement au coeur que Steve Jollmer se dirigeait vers le portail de la caserne, paré à effectuer une sortie triomphante, acclamé par la foule en liesse des paysans malmenés suite aux récentes crues des divers cours d'eau des environs. En lieu et place de ses fidèles admirateurs, il ne trouva là qu'une fébrile jeune fille enturbanée de la tête aux pieds dans un lainage noir peu festif, qui, à en juger par la position de son poing levé, se démenait à frapper à la porte au moment où il l'ouvrit.

Et où sont les autres ?

La demoiselle ne semblait manifestement pas comprendre de quels "autres" il s'agissait, du moins à ce qu'en laissait supposer sa mine vaguement interloquée. Avant même qu'elle n'eut l'occasion de bafouiller une réponse articulée, Steve renonça d'un coup à la gloire, aux honneurs et à la célébrité champêtre, pour admettre que cette personne n'était probablement pas venue pour flatter son ego de savant à moitié fou. Selon le théorème empirique de Rörfh Luswank, dit le Balafré, toute personne tentant de franchir l'enceinte de cette caserne sans subir de menace armée quelconque était soit pressée de mourir soit trop timbrée pour s'en soucier. Soit dans chacun des cas neuf chances sur dix et une excellente raison pour s'engager à la Cross Guard.

Le Geek Fou tripatouilla les réglages de tonalité de son vocabulateur.

"Procédure classique : nom, âge, profession, motivation(s), personne à prévenir en cas de décès, renseignements divers."

Le tout de la voix chaleureuse et accueillante d'un fonctionnaire du service de redressement fiscal.

La jeune créature descendue tout droit d'on ne sait encore quel(s) conte(s) de fée(s) (n'ayons pas peur de l'accumulation) ouvrit de grands yeux devant le pour le moins étonnant personnage, habillé d'une étrange combinaison noire, qui venait d'ouvrir la porte de la caserne devant laquelle elle était plantée.
Il demanda d'abord où avaient bien pu passer des "autres" dont la jeune femme ne savait absolument rien, avant de lui demander d'une voix de vendeur de magasin qui répète ces mots mille et une fois son identité et ce qui pouvait bien l'avoir mennée aux portes de la Cross Guard.

Elle leva ses yeux de jolie damoiselle appeurée qui semblait s'être échappée de son donjon, fuyant quelques monstres ou dragons sortis de quelques contes et légendes issus de l'imagination des hommes. Ses beaux yeux verts s'illuminérent et, avec un grand sourire crétin de petite blonde barbie amoureuse (tant qu'à faire) comme on n'en voit plus que dans les dessins animés, elle demanda, ou plutôt minauda, d'une voix fluette à laquelle n'importe quel piaf de passage répondrait en chantant joyeusement (fufufu... Blanche-Neige en personne) avec son petit air naif:
"Est-ce que c'est vous le prince charmant ?"

Puis se rappelant la question de ce personnage si surprenant après coup, une idée pas si saugrenue lui vint, à savoir lui répondre, en se balançant timidement d'avant en arrière:
"Je m'appelle Wendy, mais certains préfèrent dire Winry. Je veux m'enroler à la Cross Guard pour réparer le mal fait par l'Échiquier."

(Et avec ça, vous me donnerez un pain de sucre rose... )

« Le prince charmant ? Mais naturellement ! LGF 375B série 9600, godelureau héroïque et hâbleur toutes catégories. Grande expérience de l'occissement des gros monstres hideux avec arsenal au choix, de la cuillère à soupe à l'espadon flamberge, en passant par quatre catégories d’artillerie lourde ! Naturellement doué de tact avec les damoiselles en détresse, disposant d’une large variété de drivers romantiques, périphériques inclus dont arroseur automatique à eau de rose, diffuseur d’effluve printanier, répertoire fourni de déclarations émouvantes, articulation spéciale pour le baisemain, et sans oublier l’essentiel sourire étincelant amovible en contreplaqué verni imitation ivoire. »

Concluant d’un gazouillis typiquement astromech la séquence non exhaustive des mirifiques fonctions de son engin miraculeux, Steve s’apprêtait à en déclamer le prix, quand lui vint à l’idée que la demoiselle était suffisamment excentrique pour l’acheter, et que finir son existence sous le joug d’une princesse idéaliste et de ses sept nabots de compagnie l’enchanterait très moyennement. Condamné à la résignation pour aujourd'hui, il s'écarta pour laisser entrer la belle, puis s'empressa de repousser les battants avant la venue d'un ogre, de son ogresse, d'une méchante sorcière ou d'il ne savait quel dragon désireux d'encager la visiteuse dans la plus haute tour délabrée d'un château aussi miteux que haut perché. Ce sur quoi, lui désignant un spécimen méconnu qui avait jadis dû figurer de siège en ce lieu, le Geek Fou partit en quête d'une babiole quelconque, revint avec un calepin, un crayon et une boîte de biscuits au sucre rose. Après en avoir offert un ou deux à Wendy, notre inventeur de cauchemar fétiche prit place sur ce qu'on aurait juré être un sanglier avachi la seconde d'avant.

*Tout retourne à l'état sauvage, par ici, il serait temps que notre maître plombier national s'emploie à toiletter le mobilier, ou on va avoir une grève des portemanteaux dans pas bien lontemps. Je dis : on accorde une importance démesurée aux balais depuis la venue des derniers olibrius en date. Faudrait songer à rétablir le principe d'égalité dans la maisonnée, des fois.*

Et de reporter son attention sur mademoiselle et son petit air angélique, qui attendait studieusement la question suivante. Steve considéra hâtivement les quelques aspects de la chose -pourquoi cet empêcheur de tourner en rond de chef n'est jamais là le jour de l'année où il pourrait se rendre utile ???- puis opta pour la méthode simple et raisonnable : poursuivre les questions d'ambiance sans trop grand intérêt, jusqu'à ce qu'il trouve une alternative géniale.

"Voyons... Et pourquoi donc avez-vous pensé à la Cross Guard ? Il existe bien d'autres moyens de secourir les opprimés, sans pour autant devenir nécessairement un ennemi déclaré des oppresseurs. Par ailleurs, en quoi estimez-vous pouvoir rendre service à notre éminente congrégation ? Avez-vous des aptitudes particulières ? Des connaissances en quelque savante matière ?"

Avec de nouveau la voix enchanteresse d'un composteur de billets

*Qu'est-ce que peut bien savoir faire pareille donzelle ?*

Notre jolie princesse buvait littéralement les paroles de ce spécimen de prince charmand tout à fait inatendu à la voix de vendeur d'électroniques.
Elle ne doutait pas une seconde que ce qu'il disait était vrai. Il ne pouvait être qu'un prince charmand !... même s'il portait une bien drôle de combinaison.

Ce que cette jolie damoiselle en détresse pouvait bien apporter à la Cross Guard, c'était une question auqu'elle elle avait bien sûr longuement réfléchis, comme il se doit avant de venir frapper à la porte des ennemis les plus connus de l'Echiquier. Mais apparement pas encore assez à en croire le désaroit dans lequel la jolie créature, aussi douce et fragile qu'une bulle de savon, se trouvait devant ce nouveau chevalier.

Elle leva ses grands yeux vers lui et rougis comme une gosse:
"Je... Je... et bien, je suis proffesseur de lettres et je possède un holly ärm et... et je peux me battre. Je ne suis pas encore aussi forte que vous mais je peux apprendre. En m'entrainant je pourrais devenir assez forte... comme vous. J'apprend vite et je suis une élève assidue. j'ai aussi entendu dire qu'il y avait une école dans les environs. Je veux affronter l'Echiquier et participer à sa chute. Qu'il cesse une fois pour toute de répandre le mal et le malheur."

Et c'est qu'elle parlait avec conviction la p'tite... même si elle divagait un peu.

Puis, aussi soudainement qu'elle avait commencé à rougir comme une enfant ou la princesse en sucre de conte de fée qu'elle était, elle leva ses yeux verts de jolie biche et avec un sourir chaleureux et entousiaste elle leva la tête vers son interlocuteur et lui proposa :
"Mais peut-être voulez vous boire quelque chose ?"

Et, ne prettant pas attention à ce que pouvez bien penser son preux chevalier, elle commenca à fouiller dans sa valise en murmurant pour elle même:
"Je suis sûre qu'il doit être quelque part... Je ne pars jamais sans..."
Puis, ressortant la tête de son sac avec un air satisfé elle dévoila au Geek Fou un étincelant servvice à thé en porcelaine blanche orné de délicates fleurs peintes avec deux tasses et leurs soucoupes, une théière d'où fumait un liquide qui dégageait une odeur de thé au jasmin, un sucrier plein et un pot de lait.

Relevant un sourcil dans une expression d'invitation et avec un air de Samantha, ma sorcière bien aimée, et lui tendant une tasse lui proposa gentillement:
"Un peu de thé ?"

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