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Bienvenue dans le royaume de Mär Heaven ! Ce royaume paradisiaque que menace de détruire le diabolique Echiquier...Combattant, pion ou voleur ?
 
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 L'espion. [topic privé avec ... Cristal.]

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Montjoie Saint-Denis
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Montjoie Saint-Denis


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MessageSujet: L'espion. [topic privé avec ... Cristal.]   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeMer 22 Aoû 2007 - 18:00

Lestower, perle de Mär Heaven, est une cité ancienne : la capitale du monde, en d’autres temps plus futiles, moins sombres, pourrait s’enorgueillir de l’un des plus important patrimoine historique des villes du continents. La cité accueille ainsi de nombreux bâtiments épargnés par l’Histoire, encore majestueux, quoique rongés par le temps, les assauts innombrables des touristes blasés, et, parfois même, les guerres. À l’exception d’un seul. Le plus célèbre des monuments de Lestower est entretenu avec un zèle qu’ignorent les autres trésors de la ville. Il ne résonne pas sous les pas des visiteurs, mais sous ceux de ses meurtriers habitants. Épargné par la guerre, il en est pourtant le centre, la raison.
Le château de Lestower, investi par les troupes de l’Échiquier qui en ont fait leur quartier général, se dresse encore au centre de la ville. Ses gargouilles gothiques ont contemplé la prise de pouvoir de Diana. Ses murailles ont résistés aux tentatives désespérées de la Cross Guard pour l’assiéger. Dans ses innombrables chambres, cachots et corridors vivent des créatures qui ne méritent même plus le nom d’humain, tant elles sont la négation même de la compassion et de l’honneur.
Et pourtant … Tout a une fin. Ce qui fut construit par l’Homme ne peut être que destiné à finir, détruit irrémédiablement par le temps ou par la force. Et dans le cas présent, quelqu’un est là pour s’en assurer.

À quelques dizaines de mètres à peine de la forme colossale du château, un spectre élancé, fourmi face à l’immense bâtiment, contemple calmement les murailles du château, à la recherche d’une faille, même infime, dans le système de défense de la plus puissante organisation que Mär eut jamais portée. Il est évident que cette patiente observation, aussi minutieuse soit-elle, est vouée à l’échec devant les calculs tortueux de la maîtresse des lieux ; mais dans le cas contraire … elle n’aura peut-être pas le loisir de regretter son imprévoyance. C’est pour cette seule raison, aussi improbable que potentiellement cruciale, que la sombre silhouette erre autours de la forteresse comme un loup autour de sa proie, et se perd régulièrement à la vue d’hypothétiques observateurs ennemis dans le dédale de rues qui entourent le château ; elles sont de loin trop basses pour gêner son investigation. Étrangement, les rares passants qui osent s’aventurer aussi près du regard de la Reine ignorent tout à fait la haute silhouette encapuchonnée dans un imposant manteau noir ; comme s’ils n’avaient cure de se faire apercevoir par ce qui ne peut être qu’une Pièce trop zélée, comme si la créature n’était qu’un élément du décor de ces lieux, comme si elle avait revêtu une cape d’invisibilité, ou, plutôt, une sorte de
voile d’indifférence
S’intéresser à l’espion était un bras de fer mental contre son pouvoir, que le commun des mortel n’avait aucune chance de gagner : seuls les mages, et quelques individus à la volonté exceptionnelle –ou, au contraire, défaillante- auraient pu entrevoir, à force de concentration, le véritable aspect de cette chose masquée, dans l’ombre d’une nuée de corbeaux nécrophages, qui violait l’intimité des âmes sans même y songer un instant, dont la respiration sifflante inspirait à elle seule l’angoisse à ses adversaires :
Montjoie Saint-Denis.
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MessageSujet: Re: L'espion. [topic privé avec ... Cristal.]   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeMer 12 Sep 2007 - 23:17

Dans les ruelles presque désertes, la silhouette sombre était seule avec les corbeaux. Personne ne semblait l’apercevoir. À moins que ?…

Un passant croisa Montjoie sans le voir. Même quelqu’un n’ayant aucune empathie aurait pu sentir sa peur irraisonnée, ainsi que sa douleur. Il se retourna, comme pour s’assurer que l’objet de sa crainte ne le poursuive pas. Il tenait sa main serrée contre lui, cherchant apparemment à la protéger de quelque chose qui lui était déjà arrivé. Puis il repartit en courant. Il laissa derrière lui quelques gouttes de sang sur le pavé, témoignage de son inconscience …

Cristal s’avança. Ses pas ne faisaient aucun bruit perceptible par une oreille humaine, elle marchait dans une aura de silence, silence du prédateur en chasse … Sa démarche habituelle. Elle n’y songeait même plus, et évitait d’instinct les pierres démises ou les feuilles pouvant crisser. Sa capuche était relevée et elle portait son masque. Seules quelques fines mèches de cheveux aile-de-corbeau flottaient autour de la blancheur cadavérique qui dissimulait son visage.

Elle s’arrêta face à Saint-Denis. Les deux silhouettes, identiques hormis la taille, se regardèrent.


« Que fais-tu à rôder ici, toi que seuls les oiseaux de mort accompagnent ? »
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Montjoie Saint-Denis
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MessageSujet: Masques et ombres.   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeLun 10 Déc 2007 - 19:26

Les passants étaient rares, dans la rue, à cette heure creuse qu’avait choisie Montjoie pour espionner ; et, plus encore si près des yeux de la maîtresse de Lestower, nul ne s’aventurait plus à portée de l’ombre, aussi immense et distordue que l’Échiquier qui le hantait, du château. Pourtant, c’était bien un passant, un de ces humains si banals, si ordinaires, de ceux qui écrivent l’Histoire tandis que les ordres sacrés ou maudits s’élèvent ou s’effondrent, qui venait de croiser le fantôme. Il tenait sa main contre son corps, et regardait sans cesse derrière lui … Une rencontre, imprévue, l’avait apparemment condamné à la fuite ; mais la nature de l’agresseur, celui qui s’était plu à maculer le sol séculaire de Lestower de gouttelettes grenat, restait à vérifier … Nul ne suivait l’homme dans sa course.
Montjoie tourna la tête … se retourna, et, nonchalamment, recentra ses perceptions surnaturelles autour de lui … Il s’interrogeait : qui avait bien pu terrifier cet homme à cet point ? Les Pièces de l’Échiquier avaient-elles donc, sacrifiant la prudence à leur soif de sang, tenté le destin jusqu’à venir, au cœur d’une ville, opérer des rafles pour leurs « jeux » pervers ? Elles ne devraient pas prendre ainsi leurs proies à la légère … tôt ou tard, avec une procédure aussi peu fiable, une Pièce se fera tuer par l’un des proches, fou de colère et de douleur, d’une de ses victimes. Et ce jour-là … la vie sur Mär Heaven basculera, pleinement, dans toute l’horreur de la guerre. Et nul ne pourra dire que l’Échiquier aura la chance de son côté …
Saint-Denis vit la Pièce en même temps qu’il la détectait par l’éther. Il aurait presque pu être surpris par la discrétion surnaturelle de l’assassin, si seulement la surprise, la peur, la colère, toutes ces émotions qu’il n’éprouvait encore que dans ses souvenirs … ne l’avaient pas laissé, seul, abandonné à un destin cruel.
Élégamment vêtue d’un ample manteau noir, portant sur son visage le masque blafard de ceux dont les rêves se brisèrent, le nouvel arrivant, étonnamment, ressemblait aussi physiquement à Saint-Denis qu’elle différait du spectre par l’esprit. Son âme était rose … et noire. Une sculpture fragile de bonheur, construite sur le socle noir de la douleur, et de la damnation. La fille –en était-ce une ?- s’efforçait de reconstruire sa vie précaire sur un gouffre de néant et de pulsions mortifères ; comment ces sentiments se reflétaient-ils sur sa raison, comment affrontait-elle les spectres qui la hantait, tout en essayant de reconstruire un rêve qu’elle savait bien, au fond d’elle-même, être vain ? Voila de quoi matière à étudier, pour Montjoie, le comportement si étrange des humains face à leurs propres contradictions … Mais ce ne serait ni ici, ni maintenant, que le soldat apprendrait à mieux comprendre les Hommes parmi lesquels il vivait depuis … ce fameux jour.
Car la Pièces, selon toute probabilité, ne ressortira jamais de cette ruelle … Sa rencontre avec la Cross Guard sera à tout jamais la dernière, et les souvenirs de son existence iront se perdre dans le néant ; à moins que, déployant une puissance magique ignorée de Montjoie, ce ne soit le soldat dont l’âme ira bientôt nourrir l’éternité. Attendez donc de voir … La réalité peut se montrer bien plus complexe qu’un simple jeu de combat, et pour chaque duel, il existe d’innombrables façons de gagner … ou de perdre.
À présent, les deux silhouettes se font face, se dévisageant posément, évaluant leurs forces respectives. Seule leur taille les différencie. Puis, la plus petite de ces ombres prend l’initiative, et le temps son envol, au milieu des corbeaux et des nuages.
«
Que fais-tu à rôder ici, toi que seuls les oiseaux de mort accompagnent ? »

Montjoie reste alors silencieux ; lentement, pour bien montrer qu’elle n’a aucune intention belliqueuse, la revenante extrait précautionneusement un carnet de son propre manteau, et y écrit ces mots :
«
Salutations, gente Dame. Permettez-moi de me présenter : je suis Montjoie Saint-Denis, peintre muet de son état. J’envisageoi de produire une exposition consacrée à l’ansienne cité de Lestower, et, plus précisément, à son architecture : aussi vins-je tantôt en cette rue, afin que je bénéficiasse d’un meilleur angle de vue sur le castel, qui ne sauroit être absent de mes tableaux.
Quant à vous, gente Dame, que me vaut l’honneur de votre rencontre, en icelle heure ?
»

Nul besoin, pour le moment, de s’en prendre à la messagère de la mort ; Montjoie aura bien tout son temps, pour conduire à la tombe celle qui n’est bien sûr qu’une autre de ces Pièces sadiques de l’Échiquier. Mais la conversation l’intéresse ; il se demande vraiment quelle vision de l’humain peut donc avoir une tueuse, comment les Hommes, si disparates et si troublants, se reflètent-ils sur la rétine de l’inconnue.
Montjoie ne dénie pas aux Pièces l’intelligence et la raison ; il sait trop qu’elles sont nécessaires, sinon indispensables, quand le meurtre devient pulsion, régulier. Ce monde l’intrigue et le tourmente, il se demande pourquoi l’Homme est un loup pour l’Homme. Quoi de mieux que de demander aux principaux intéressés, ceux qui ont renoncé à camoufler leur noirceur du vernis de la civilisation ? Peut-être détiennent-ils, eux, la clef de la rédemption …

Bien sûr, Montjoie finira par la tuer. C’est une Pièce, et le destin de Montjoie est de tuer les Pièces, il ne pourra trouver le repos sinon ; mais en attendant, il a tout son temps pour parler …
Oui, tout son temps …
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MessageSujet: Re: L'espion. [topic privé avec ... Cristal.]   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeLun 31 Déc 2007 - 13:42

L’immense silhouette voilait la lumière diffuse qui tombait des cieux, contournant tant bien que mal l’énorme masse de pierres entassées en un édifice guerrier, incrusté dans la ville comme une cellule cancéreuse, une promesse de destruction. Le temps suspendait son cours, figeant la scène en un tableau digne du pinceau d’un Grand. Fantastique, car chaque personnage semblait prêt à s’effacer tel un spectre. Mais ancré dans le réel par une présence indiscutable de chaque protagoniste.

C’était l’aube, et chaque rayon de lumière renchérissait de beauté pour éclipser ses confrères. Ils peignaient la ville d’un chatoiement inhabituel, teintant même le château de couleurs vives et changeantes, créant pour un instant l’illusion qu’il n’était rien d’autre qu’une prouesse d’architecture, une œuvre d’art venant sublimer la cité, et non la tanière des bêtes fauves qui déchiraient Mär Heaven de leurs crocs acérés. C’était pourtant un lieu ouvertement militaire, dont les inutiles décorations se couvraient de mousse tandis qu’aucune fissure ne se laissait voir sur ses murailles. Mais même cela paraissait élégant dans la lueur du matin.

En contrebas, dans la pénombre, là où les rayons colorés ne parvenaient pas encor jusqu’au sol, les deux silhouettes noires s’observaient. Puis la plus grande se mit à écrire, sans geste brusque. Elles se comprenaient, prédatrices toutes deux, sachant reconnaître la dangerosité de leurs semblables. Tout était suspendu. La rue était déserte, silencieuse. L’on n’entendait que quelques rares et lointains chants d’oiseaux, et, surtout, la plume de Montjoie courant sur le papier dans un crissement léger. Qui s’arrêta soudain, laissant l’aurore emplir tout l’espace de sa présence incontestée. Le carnet changea de main, sans bruit, sans heurt, et Cristal lut. Elle releva lentement la tête, tournant son masque sans vie vers son semblable, et répondit à l’artiste, de sa voix grave et posée.


« Je réside en ce château, peintre. Je ne sortis de si bonne heure qu’à cause de l’étouffement qui me guettait en cette bâtisse lourde et immobile. »

Lourde et immobile … Comme ses habitants songeait peut-être la jeune femme. Ancrés dans leurs petites vies, leurs petites ambitions, ils se contentaient pour la plupart de présenter leurs hommages à la reine quand celle-ci daignait être parmi eux, et c’était tout.

« Pourrais-je te regarder peindre ? J’aimerais tenter de comprendre comment tu procèdes pour rendre sur la toile l’essence d’un bâtiment … »

Cristal était curieuse de découvrir quelle vision de Lestower avait cet étrange peintre.
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MessageSujet: Lumière et poésie.   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeSam 2 Fév 2008 - 20:34

Sans accroc, le masque sans visage de Montjoie acquiesça, tandis que, dans le souffle de silence sublime qui déferlait sur les deux manteaux noirs, sa main délicate, couverte d’un gant blanc, reprenait doucement le carnet vieilli des doigts de la Pièce.
Le spectre sans visage réfléchit, intensément, posément, sans hâte, prenant le temps de tirer de son âme brisée les plus beaux mots qu’il lui était possible de sauver de lui-même ; de nouveau la plume caressa le papier, de nouveau les silhouettes restaient seules, seules en compagnie de l’odeur entêtante, étrange, de Montjoie, seules avec l’aurore et son cortège rosé de nuées, seules avec leurs masques ... Comme toujours.
Une vie entière à dévoiler un visage anonyme, à subir le regard des autres que l’on s’efforçait d’éviter, de peur d’y lire l’horreur et la colère des Hommes normaux, stupides, médiocres …
Vivants.
Eux n’avaient ni besoin du masque mortuaire, ni d’un suaire, souillé par le sang, qu’il ait été blanc pur ou noir profond avant –quelle importance cela avait-il, d’ailleurs ? Seul le masque importe.- ; eux ne s’étaient jamais autant approché de la mort, et ne le désirait pas ; eux croyaient encore à l’horreur des tueries, bien qu’ils ait été à l’origine de chaque guerre qui embrasa Mär Heaven, et d’autres mondes encore … Certains avaient peut-être fait le deuil d’un être cher, mais aucun, comme Montjoie ou Cristal, n’avait fait le deuil de leur vie passée, de leur innocence et de leurs rêves …

Déchirure. La feuille, arrachée de celles qui tiennent encore à la reliure, bat lentement, comme une aile, dans la brise qui se lève en même temps que le Soleil. Les autres sont jaunies ; elle est marquée de la griffure grisâtre du crayon, qui forme sur elle des paroles grises, d’attente, et de promesse …

« Je n’emportoi sur moi que carnet et crayons : je préfère exercer dans le confort de ma demeure ; mais vous pouvez observer mes prises d’esquisses, si vous le désirez, bien que je doute de l’intérêt que peuvent avoir à vos yeux mes pauvres crayonnés. En revanche, je seroi enchanté de vous voir présente à mon exposition. J’aimeroi vous indiquer la date et le lieu où vous pourriez voir mes œuvres, mais je n’ai point encor trouvé de salle. Où puis-je vous revoir pour vous le dire, Damoiselle ? »

Sans attendre la réponse de celle-ci, le peintre s’est remis à son carnet, où, sur une nouvelle feuille, sur laquelle dépasse encore un fragment déchiqueté de la précédente, naît, à présent, une nouvelle image : lentement, à force de délicatesse et … d’amour, peut-être, venant de celui qui en est incapable … le château de Lestower émerge de l’esprit du soldat, gris comme son berceau, et irréel comme la pensée brute.
Pour l’heure, seules quelques marques, précises et géométriques, viennent augurer de la destinée du dessin ; mais bientôt, les murs marbrés de mousses de la forteresse, apparaîtront, comme malades de leur intérieur ; les angles agressifs des tourelles qui défièrent les cieux les rejoindront au sein des contours flou de la citadelle, qui donneront au château de l’artiste une apparence étrange, irréelle, comme si le bâtiment gigantesque n’avait pas plus de substance que le songe d’un enfant …
Le château de Lestower, enfin, apparaîtra sur le papier, fier, majestueux et dérangeant, tel le mauvais rêve d’un ange exilé … La nostalgie d’un séraphin, face à Mär Heaven, un monde d’une beauté à couper le souffle, gangrené par les pires des démons …
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MessageSujet: Un coeur de ténèbres ...   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeMar 5 Fév 2008 - 0:24

Les yeux mordorés de la jeune fille parcoururent avec légèreté les quelques lignes arachnéennes tracées par la main délicate de l’artiste. Elle ne répondit pas tout de suite à sa question, préférant observer son coup de crayon, sa manière subtile de ne pas se contenter d’une transcription fidèle et mécanique d’une triste réalité, mais de transfigurer le réel, transmettant à travers une image pourtant exacte des sensations et des sentiments que l’on ne ressentait pas en regardant le modèle.

« On croirait un songe … » murmura-t-elle, pensive. « Ce château ne semble pas réel, on dirait qu’un simple coup de vent va l’effacer, avec tous ses habitants … »

Elle s’enfonça dans sa rêverie, laissant son regard glisser du château onirique au château de pierres et de douleur qui les surplombait. Quand elle reprit la parole, sa voix semblait venir de très loin …

« Dans un monde sans humains, tous les bâtiments se transformeraient en spectres, avant de retourner à la poussière … Puis le souvenir même des humains tomberait en cendres, en Mär Heaven pourrait enfin connaître la paix … »

Il y eut un long silence. Puis elle reprit son monologue, condamnation sans appel …

« Je hais la race humaine. Cette engeance impure qui grouille partout et pervertit tout ce qu’elle touche … Je sais que beaucoup ne peuvent comprendre, ou peut-être qu’ils ne veulent pas comprendre ? La soif de vie de ces êtres dépasse et occulte la maigre intelligence qu’ils pourraient parfois avoir. Ils se complaisent dans la destruction … Vous qui êtes peintre, vous savez observer … Vous avez dû la voir comme moi, l’indifférence au malheur d’autrui ? Vous avez dû le sentir, ce plaisir égoïste de ceux qui se rient des souffrances des autres car eux ne sont pas touchés ? Vous qui peignez ce manoir comme un château de sable, sentez-vous comme moi qu’il faut détruire l’humanité avant qu’elle ne détruise le monde ? »

Sa voix était montée malgré elle, tandis qu’elle exposait son point de vue de plus en plus définitif. Elle redescendit d’un ton et poursuivit.

« Je ne suis pas meilleure qu’eux. Je n’ai aucun droit à les juger. Mais ce droit je le prends, car c’est une tâche qui doit être accomplie. »

Elle leva les yeux vers le masque de Saint-Denis.

« Et vous, vous aussi, humain, vous êtes comme eux. Vous devrez mourir aussi, tôt ou tard, et de ma main s’il le faut. Je n’aurait de cesse d’avoir éliminé cette race impure, cette souillure du monde, et de toutes mes forces je tendrai vers ce but … »
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Montjoie Saint-Denis
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MessageSujet: À présent, nul ne profitait plus de l'aurore.   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeMar 12 Fév 2008 - 18:29

Sans préavis aucun, la conversation entre les deux créatures, du noir de la nuit encapuchonnées, venait de basculer. La vision du château de papier, celui qui ne reflétait la réalité qu’à travers les yeux morts de l’artiste, avait ramené la jeune fille vers un monde où nulle citadelle ne se dressait des cendres des royaumes pour s’élever vers le ciel, comme pour le tutoyer, et le contaminer de sa souillure … Ce monde, c’était le sien.
Les tableaux de Montjoie, même simplement esquissées, avaient souvent cet effet révélateur. Lorsque le modèle, que l’on s’efforce d’imiter sans jamais pouvoir l’atteindre, ne réside pas dans la matière banale, mais dans les âmes … alors, l’oeuvre a la fonction et la puissance redoutable d’un miroir : seule, elle n’est rien ; face à l’œil du témoin, une épaisseur infime de peinture peut renfermer un univers entier, celui d’autrui, déformé, mis à nu par la vision implacable du façonneur de portraits.
Bien peu s’avéraient capable de supporter le reflet de leur image selon Montjoie ; de ce fait, Masque-Errant se voyait condamnée à trouver d’autres manières de survivre, au sein du monde cruel des citadins …

La première réponse de Montjoie, à la déclamation anxieuse de la jeune fille, fut simplement :
«
Dans un univers de merveyes, qu’ils magnifient de plus par l’art, les Hommes réussissent à s’ennuyer, ou bien à corronspre la beauté qui les entoure. Ce paradoxe n’est-il point fascinant ? »
Toutefois, le soldat de la Cross Guard ne tendit pas tout de suite son feuillet manuscrit à celle qui, désormais, se posait comme son ennemie ; bien qu’il ne doutait pas de l’issue du combat qui risquait de l’opposer à la Pièce adverse (combien en avait-il tué … depuis son exil volontaire, loin de sa terre natale ?), il préférait remettre l’affrontement au plus tard possible. Il était trop tôt, les véritables pensées et motivations de la meurtrière commençaient juste à se révéler … Aux yeux éteints de Saint-Denis, la vision des âmes d’autrui avait plus de valeur que sa propre vie. Et pour cause : que pouvait-il encore perdre, après ce qu’il avait déjà vécu ?...
«
Je comprend votre choix, et je le respecte. Néanmoins, je suis d’avis que … »
Le crayon de Montjoie, soudain, ralentit, pour s’arrêter tout à fait. Une idée inhabituelle venait de germer dans l’esprit méthodique de l’assassin.
Le corps de la créature se figea.
Jusqu’ici, toujours elle avait détruit l’Échiquier sans se poser de question. Quoi de plus normal ? Cette organisation maudite, criminelle, et pourtant soutenue par la loi, était la raison même de ses errances, sa cible, sa victime ; elle était tout ce qu’il s’était juré de détruire. Montjoie reconnaissait que l’Échiquier comportait dans ses rangs des individus, pourtant, sages et cultivés, dont les idées bénéficieraient, peut-être, grandement à l’humanité -pour peu, bien sûr, que quelque chose dans l’Univers soit susceptible de lui bénéficier …- ; néanmoins, Montjoie les poursuivrait jusqu’à l’autre bout du monde, pour les anéantir un à un, sans l’ombre d’un remord. Leur meurtrier les regretterait, peut-être, mais sans le moindre remord éprouver. Simplement, sa destinée était de terrasser les gens membres de l’Échiquier ; sans cette purification nécessaire, jamais l’âme de Montjoie ne pourrait un jour prétendre au repos. Mais, à présent, un concept inconnu venait de naître en elle.
Celui de « coopération ».
Sur un point bien précis, la Pièce, cynique, désespérée et meurtrière, avait des intérêts en commun avec le soldat de la Cross Guard.
Tous deux voulait la mort de ceux de l’Échiquier.
La purification du monde, selon la tueuse, passait par l’élimination de tous les humains … et l’Échiquier comptaient beaucoup d’humains. Fatalement, tôt au tard, elle en viendrait à vouloir s’en prendre à eux : le dégoût des humains que ses paroles, et son âme sondée par magie, laissaient entrevoir, était trop important pour qu’elle décide d’épargner ses confrères. Pourquoi refuserait-elle de l’aide dans cette tâche … pour un temps ?
Oui, bien sûr, tôt ou tard, elle devrait s’en prendre à la Cross Guard, tôt ou tard, elle s’attaquerait à son allié … Montjoie, cependant, ne se sentait pas suffisamment proche de la Cross Guard pour regretter cet état de fait ; et surtout … il était improbable qu’elle survive le temps d’accomplir son idéal.
Il n’y avait pas de raison particulière pour que, le moment venu, Montjoie ait plus d’états d’âme que la Pièce à éliminer son ancien allié. Tous deux joueraient la même partie, celle de la trêve qui à tout instant peut prendre fin … un pari bien risqué, mais qui méritait, assurément, d’être tenté.
Saint-Denis, après quelques instant d’immobilités, revint à la vie ; il tourna la page sur laquelle il venait pourtant d’écrire, et repris la conversation sur une nouvelle feuille.
Voici le déstabilisant répond que fit, enfin, Montjoie à sa sombre lectrice.

«
Je reste, en ce qui me conscerne, fasciné devant l’aptitude qu’ils ont à s’ennuyer malgré leur art, et à corronspre un monde pourtant si plein de beauté.
Néanmoins, je partage vostre point de vue : les maigres qualités dont disposent les humains sont aisément éclipsées par leur penchant à la violence. Ils ne méritent point de vivre. Sachez donc que si vous avez besoin de soutien ès vostre croisade personnelle, je suis tout à fait disposé à vous en fournir, dans la limite de mes faibles moyens. J’ai d’excellentes raisons de détester le genre humain, auquel certains prétendent que je n’appartiens pas.

Vous ne m’avez toujours point dict vostre nom, Damoiselle.
»
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Cristal
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MessageSujet: ... ou peut-être d'une nouvelle aube ?   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeMer 9 Avr 2008 - 22:45

Cristal demeura muette, figée dans la contemplation des mots du peintre, qu’elle fixait sans vraiment les comprendre.

« Cristal … Je m’appelle Cristal … » murmura-t-elle enfin.

Coopération. Pour elle aussi le concept était nouveau. Elle était de la race des prédateurs solitaires, qui chassent sans pitié quiconque ose pénétrer sur leur territoire, sans distinction d’espèce … Ou du moins, c’est ce qu’elle tentait d’être. Mais elle conservait malgré elle certains travers humains, bien qu’elle fît tout son possible pour s’en débarrasser. L’envie de partager quelques instants son chemin avec autrui par exemple.

Plus pragmatiquement, une alliance lui serait profitable : elle n’était pas en position de force pour atteindre son but. Et le peu de conscience qui revenait dans son âme auparavant désertée par toute compassion lui soufflait que, quitte à purifier le monde, autant commencer par l’Échiquier, qui était sans doute ce qu’il y avait de pire … Et l’évidence apparaissait alors. Elle n’était tout simplement pas assez forte pour vaincre la plupart des pions. Quant à la reine, inutile d’en parler.

Une alliance …


« Je serais ravie, et honorée, que vous acceptiez de m’aider dans l’accomplissement de la tache que je me suis fixée … » Un temps. « Mais, sans vouloir paraître méprisante, je dois vous avouer que je ne comprend pas en quoi un peintre pourrait m’assister … »

Quelques instants coulèrent, fugaces. Un froissement de tissu rompit le silence quasi-total lorsque Cristal tendit la main pour rendre son carnet à Montjoie, attendant la réponse de l’artiste.

La rue était déserte. Dans l’air frais du petit matin, seul le vent soulevant de temps à autres un papier sali par la pluie ou la poussière des rues venait rappeler que le lieu n’était pas un tombeau, sanctuaire désert de deux êtres qui n’appartenaient pas tout à fait à ce monde, mais pas tout à fait à l’autre non plus …

Seul le vent venait animer d’un semblant de vie ces deux cadavres en sursis, agitant doucement les capes noires de cendres, et les cheveux de la jeune fille, tout aussi sombres.

Loin du monde coloré des hommes, Montjoie et Cristal semblaient tourner l’univers autour d’eux en autre chose. Un monde noir et blanc. Un monochrome, tout de niveaux de gris, plus ou moins foncés, mais tirant irrésistiblement vers le noir aux abords de l’humanité.
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Montjoie Saint-Denis
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MessageSujet: L'aurore sur Mär Heaven ; le crépuscule sur l'Humanité.   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeJeu 17 Avr 2008 - 16:58

Unis dans la même logique, liés ensembles par les fils glacés du destin, partageant ensemble une unique noirceur, dans des passés pourtant bien différents, les deux bourreaux, enfin, concrétisaient ce qui n’avait, jusqu’à présent, été qu’un penchant.
Avant, ils n’avaient été que deux justiciers solitaires, condamnés à faire le bien, dans un monde où les véritables valeurs se voyaient renversées, et foulées aux pieds.
À présent, ils étaient deux.
Quoi qu’ils puissent dire, quoi qu’ils puissent faire, l’idée d’alliance avait dorénavant germé dans leur esprit : qu’ils s’associent maintenant, qu’ils se séparent ou qu’ils se tuent, ils sauraient que, quelque part, à la surface de Mär Heaven, existait un autre être qui pensait comme eux.
Jamais deux sans trois, dit-on …
Oppressés par l’État, persuadés d’être persécutés par ceux qui prétendaient vouloir leur bien, combien d’individu aux points de vue curieux se sentaient prêt, quelque part, à commettre le pire pour leurs idées ?... Les marginaux de toutes sortes, auparavant, rejoignaient l’Échiquier, qui incarnait à leurs yeux tout ce que rejetait la société, y compris des valeurs perdues depuis des siècles.
Par les jours où l’Échiquier avait enfin acquis son pouvoir tant convoité, et que rien n’avait changé, sinon en pire, les éternels rebelles du continent se voyaient contraints de choisir un autre camp, pour défendre leurs idéaux. Les bienfaiteurs réprouvés agissaient il y a peu sous le masque des Pièces ; ce sont à présent des soldats, qui viennent grossir les rangs de la Cross Guard, et dans d’inouïes proportions.
Hélas, ces organisations reconnues avaient perdu en secret ce qu’elles avaient gagné en taille : impossible de comploter la chute des grands, de manigancer contre un pouvoir inique, lorsque le groupuscule comporte des milliers d’hommes. Pourquoi ne pas rejoindre, alors, un détachement plus petit et rusé, dont les idées se rapprocheraient plus de celles des arrivants ?... Il serait fort facile d’en convaincre ces gens.

Sans qu’ils s’en rendent véritablement compte, sur le moment, les mondes de Montjoie, et de Cristal, venaient brusquement de s’agrandir.

Combien de loups faut-il pour former une meute ?

Là haut, les cieux étaient vides. Les corbeaux, fatigués, s’étaient posés sur les toits ou dans les rues. D’aucuns cherchaient de quoi remplir leur panse ; postés sur les toits alentours, les autres charognards, silencieusement, écoutaient les rares paroles que laissaient échapper leurs deux maîtres.

Un mouvement blanchâtre se détacha de la troupe des fossoyeurs, et Munin, la corneille albinos, se posa, lestement, sur l’épaule de Montjoie, sans que ce dernier ne tressaillît. L’oiseau désirait, simplement, assister à la scène de plus près ; il se mit sur-le-champ à dévisager la jeune fille, aux cheveux soyeux de la même teinte lustrée que les ailes de ses congénères, portant sur l’humaine un regard fixe, vide et cyclope : pour évaluer les distances, la créature devaient tourner, sur le côté, sa tête, tant le large bec qui lui servait à dépecer ses proies, entre ses yeux, l’empêchait tout à fait de jouir d’une vision binoculaire.
Précautionneusement, pour ne pas effaroucher sa compagne ailée, l’épouvantail que les corbeaux avaient appris à ignorer leva ses yeux de verre teinté vers son escorte mortuaire, qu’il contemplait pour la première fois depuis qu’un autre présage de mort l’éclipsa: Cristal.
Les volatiles lui rendirent son regard vitreux.

Masque-errant reprit la plume, comme d’autres reprennent la parole, et que certains la donnent.

« Cristal, roc aux arêtes aiguës, brillant de mille feux dès que libéré de sa prison de pierre, mes serviteurs que voici sauront bien mieux que moi vous dire ce à quoi ma carcasse maigre rongée par les ennuis de peintre pourrait vous être utile. »

Un frémissement infime, mais de force croissante, se répandit alors dans l’air. D’abord de magie, puis de plume. Sentiment pur, désir imprécis né de l’ärm doré, devenant rapidement pensée, puis son exécution. Sans comprendre la raison de leur attirance soudaine, les dévoreurs de cadavres prirent leur essor, et descendirent vers la rue, où se trouvaient encore deux silhouettes ombreuses.

« Je n’ai point attiré les premiers : le simple parfum de mes viandes s’en chargea. Je partageai volontiers avec eux, j’ai bien peu d’appétit. Ils s’accoutumèrent ensuite à venir me voir, et d’aulcuns décidèrent de me suivre ès mes errances, par amitié. L’instinct grégaire attira les aultres. »

Pendant qu’il écrivait, un cercle de plumages obscurs se formait autour des deux humains, qui paraissaient déplacés, incongrus, noyés qu’ils étaient dans cette marée de noirceur. L’attrait inexpliqué ressenti pour le sol attrayait les oiseaux, le dégoût irraisonné que leur inspirait les deux êtres les maintenaient à un peu plus de deux pas des capes frémissantes. Des croassements belliqueux avaient remplacé le silence du matin, tandis que les maîtres de l’air s’agaçaient de leur présence mutuelle.
Montjoie arracha la page et la tendit à Cristal, calmement, comme pris en un songe, ignorant de la foule avide. Puis il reprit le fil de son récit.

« Je suis le détenteur d’un ärm qui me permet, de plus, de communiquer avec eux, dans une moindre mesure. Nous avons ainsi pu établir un accord : je les nourris, les soigne et les protège de ce qu’ils ne peuvent combattre ; quant à eux, ils nourrissent étrangement mon inspiration, soignent mon âme blessée, et me protègent de ce que je ne puis combattre. Un peintre seul seroit une proie facile pour les pillards qui verroient en moi une proie facile. Si ce n’est pas le cas, la grâce en est à eux.
Nous vivons en symbiose, et ensemble mettrons nos mille serres, et nos mille yeux, au service de qui veux bien lutter pour la cause de Mär Heaven, au détriment des humains qui peuplent et corromspent ce royaume.
»
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MessageSujet: Re: L'espion. [topic privé avec ... Cristal.]   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeDim 4 Mai 2008 - 22:59

Froissements de plumes, battements d’ailes, claquements de becs. Le silence éclatait en mille éclats tranchants comme le verre brisé, éloignant encore un peu plus les éventuels passants ; mais ceux-ci avaient en vérité fuit bien plus tôt. Dans le dialogue semi-muet des deux ombres, dont seule la moitié pouvait être happée au hasard du vent, porteur de mots et voleur de paroles, un pacte implicite liait les deux êtres. Tout gêneur devait fuir. Sous peine de voir le monde qu’il connaissait s’éloigner de lui, couvert de nuit par la Faucheuse. À jamais.
Tout être humain le ressentait ; quelque chose d’invisible dotait ces silhouettes floutées par l’ampleur du tissu mouvant avec l’air d’une aura signifiant à quiconque s’en approchait, même sans les voir, "vous ne souhaitez pas me déranger …".

Corbeaux et corneilles entouraient le peintre et la tueuse, paraissant occulter par leur présence même la lumière colorée de l'aube. La noirceur couvrait de plus en plus la rue de son manteau duveteux, les plumes volaient tandis que les oiseaux se disputaient la place à la fois la plus proche des deux potentiels alliés, et la plus lointaine.

Perdue dans la foule alifère, Cristal contemplait d'un œil songeur ces bêtes qui étaient la garde rapprochée du peintre. À les voir ainsi, elle ne doutait pas un instant de leur redoutable efficacité au combat. Mais il y avait plus que cela. Parfois, durant une fraction de seconde, elle croisait le regard d'un des oiseaux, et ce qu'elle croyait y lire la faisait frissonner. Les noirs volatiles semblaient emplis d'une intelligence tordue et cruelle, qu'elle n'avait jamais vu ailleurs que chez certains humains. Munin, la corneille blanche, soutenait son regard quand elle posait ses yeux mordorés dans ceux, rougeâtres, de l'animal. Comme s'il cherchait à entrer dans son esprit …

La jeune fille se secoua mentalement. Des bêtes. Ce n'étaient que des bêtes. Obsédée par les travers qu'elle lisait chez l'Humain, elle les voyait partout, même là où ils ne pouvaient se nicher. Les yeux des corbeaux brillaient ? Et bien ils brillaient, c'était tout, et il n'y avait pas à interpréter ce fait.

Mais …

Non. Leur comportement actuel ne laissait pas de doute : corbeaux et corneilles n'étaient que des animaux agissant par instinct, s'agaçant mutuellement de leur présence, mais contraint par … quoi ? … à rester trop proches les uns des autres pour être en paix. Mais quelle était au juste cette force qui les maintenait ainsi dans un périmètre aussi restreint ? Était-ce une forme de loyauté envers leur "maître" ? Pourquoi alors étaient-ils restés sur les toits alentours durant le début de sa discussion avec le Pion ? Était-ce Saint-Denis lui-même qui imposait sa volonté à ceux qu'il appelait ses serviteurs ?

Peu importait. La démonstration de force avait atteint son but : convaincre la jeune femme de l'utilité d'une alliance avec le peintre.


"Je comprends mieux à présent ce que vous pouvez apporter à notre cause commune … J'ai le sentiment que nous nous comprenons, peintre, reprit-elle après une légère pause. Pour la première fois, je rencontre quelqu'un qui partage ma façon de lire le monde qui m'entoure … Aussi, même si le terme d' "alliance" sonne étrangement entre mes lèvres, je ne puis que le prononcer pour qualifier ce que, je l'espère, pourrait devenir notre relation, après cette rencontre fortuite."

Dans la discrétion, sur le pavé mal joint d'une petite rue banale et peu fréquentée, venait peut-être de s'écrire une page, ou du moins quelques lignes, du futur de Mär Heaven …

"Je préfère cependant spécifier les termes de cette … collaboration. Je suis prête à vous fournir toutes les informations que je pourrai me procurer sur les choses et les gens qui pourraient croiser mon chemin, et à vous faciliter la tâche si vous souhaitez d'une manière ou d'une autre agir contre l'Échiquier. Je ne puis hélas vous promettre plus : mes pouvoirs, magiques ou non, sont bien limités …"

… car qui pourrait prédire les répercussions de l'alliance de deux êtres si concentrés sur leur tâche … qu'ils s'avéraient avoir en commun ?
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Montjoie Saint-Denis
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MessageSujet: Pactes et conditions.   L'espion. [topic privé avec ... Cristal.] Icon_minitimeMer 21 Mai 2008 - 18:32

Doucement, Montjoie leva une main gantée, modifiant, subtilement, le flux de sa magie. Dans un bruissement de plumes ténébreuses, les corbeaux s'égayèrent, et des détails de leurs parures obituaires se détachaient de certains, et pleuvaient sur les deux silhouettes comme une neige noire et étrange, comme une pluie de cendres, des restes calcinés de ce qui avait été autrefois, qui sait, une contrée verdoyante ?...
Malgré les apparences, qui toujours sont trompeuses, ce n'était pas le geste, ample et mesuré, du soldat qui avait déclenché l'envolée discordante des oiseaux aux serres vides : celui-ci n'était, bel et bien, destiné qu'à la seule Cristal ; mais quant à sa signification, intimidant ou prévenant, visant à éviter ou surprise, ou traîtrise, cela, seul l'être misérable, caché derrière le masque blanc, la connaissait … tout comme les pouvoirs "limités" de Cristal étaient, pour le moment, inconnus au peintre vagabond. Mais peu importait à cette heure fatidique, car, que la Pièce renégate ait parlé sincèrement, ou bien mente, froidement, avec calcul, le temps de l'affrontement était loin d'être encore venu.

À l'horizon s'annonçaient déjà des nuages, noirs et tourmentés, mais leur avancée lente, inéluctable, laisserait largement le temps aux petites gens de Lestower de trouver un abri contre la pluie battante, celle qui fouetterait les vitres, aveuglerait les rues, et s'infiltrerait dans la moindre fissure laissée sur les maisons .. du moins, s'ils se dépêchaient, et s'ils remarquaient l'épée de Damoclès posée au-dessus d'eux, d'où suinterait bientôt le sang incolore des anges …


"Les Pièces pourroient baisser la garde face à votre petitesse reconnue - un poignard empoisonné est plus dangereux que la plus lourde des épées, s'il est manié avec adresse, au moment opportun. Vos informations seront préscieuses.
Quant à mes corbeaux, et moi-même, nous nous engageons à vous fournir toute l'aide armée qu'il vous semblera judicieux d'exiger. Ne vous préoccupez point de mes difficultés : d'une manière ou d'une autre, je sauroi vous fournir n'importe quelle force de frappe raisonnable.
"

Une éclaireuse … et un combattant.
Une formation en duo simple, pratique, et, surtout, mortellement efficace. Depuis qu'il y a de cela des centaines de centaines d'éons les prédateurs s'affrontèrent, des associations inattendues, contre nature, entre les faibles clairvoyants et les guerriers aveugles permettent aux seconds de trouver leur pitance, à des portées inconnues pour le reste de leur race orgueilleuse -tandis que les premiers, charognards, se contentent, sans émotions, des restes de leur proie.
L'Homme n'a pas fait mieux depuis, il n'a fait que changer les noms : les charognards et les bêtes se firent espions, et militaires, collaborateurs, et police secrète -corbeaux et Montjoie.
L'Homme, cependant, a sur l'animal un avantage, déterminant et mirifique : l'esprit, qui lui seul permet de décupler les pouvoirs de cette improbable alliance.
L'Échiquier ne devra pas faire face à une simple espionne, et un simple soldat : il devra échapper aux coups d'yeux et de lames de dizaines d'éclaireurs, de plumes et d'avarice, ou de cape et de ruse, et de dizaines de soldats -Montjoie, bien sûr, mais également tous ceux qu'il ralliera, sur le coup, à sa cause, par convictions communes, impulsion magique, ou, tout simplement, coercition et chantage ; car il n'est, hélas, nul besoin d'être un mage, pour régner sur les corps, et sur les esprits, si pitoyablement faibles, et pourtant d'une si haute noblesse, des humains.
Néanmoins, l'Homme possède également, complément inséparable de l'intelligence, l'apanage de la traîtrise, élevée à son rang le plus haut ; c'est pourquoi Saint-Denis ne jugea pas utile de révéler à son aide d'où tirerait-il tant de force. À quoi bon, quand il suffirait, pour faire taire les questions insistantes de Cristal, d'y répondre par le silence ?... Nul besoin de donner trop d'indices, à celle qui plantera un jour son couteau dans son corps … ou peu s'en faut.

Il ajouta, finalement, cette ultime mention :

"Cette association sera, je le crois, des plus intéressantes pour nous tous ; les nouvelles possibilités qui s'offrent à nos yeux me laissent bien songeur …
Quelle que soit la date de notre prochain rendez-vous, j'attendrai ce moment avec la plus haute impatience.
"

Les corbeaux, plein de défiance envers leur maître, s'étaient remis à tourner dans les cieux, et poussaient, ça et là, des croassements exaspérés. Les contrôles du dernier des Saint-Denis les laissaient toujours désorientés, et irrités -mais la perspective d'un prochain repas compensait, largement, cette rancœur.
Ces bêtes ne sont guères exigeantes : il suffit d'un peu de chair, quelle que soit sa provenance, pour les apaiser.
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