Nettoyage du terrain d'entraînement de la Cross...

Le ménage, occupation fort avisée quand on souhaite découvrir un lieu sans se faire soi-même découvrir. Les balayages et nettoyages d'He Pao la conduisirent fatalement au terrain d'entraînement de la Cross, par une belle matinée.

Le lieu lui plût, elle était dans son élément. Seule, entourée de multiples objets à caractère militaire, elle se sentait chez elle. Ne seraient les rateliers d'armes tranchantes et perforantes ça et là, elle eût été dans son élément.

Quelques mannequins en paille étaient disposés ça et là à l'usage de ceux qui voulaient exercer leurs talents alors que soit ils ne disposaient point de partenaires soit lesdit talents étaient trop destructeurs et auraient nécessité quelques sacrifices inconcevables.
L'on disposait toujours d'une bonne réserve à cause de Kerio qui s'amusait à les flamber pour tester sa maîtrise de Pythagore.
He Pao les observa un moment avec un petit sourire.
Qui s'élargit.
Encore.

Elle happa son balai et commenca à le faire tournoyer de plus en plus rapidement, jusqu'à une vitesse où il devenait inpossible de distinguer le manche, d'une main puis de l'autre, pour s'échauffer les poignets. Puis elle se jeta sur la hordes d'empaillés et commença à les déchiqueter méticuleusement. Comme ces enfants qui arrachent leurs ailes aux libellules.

Trois minutes plus tard, le terrain était jonché de paille et il ne restait plus le moindre signe autre qu'il y eût eu des mannequins là auparavant. Plus inquiétant encore étant les copeaux de bois qui jonchaient le sol là où auraient du se trouver les piquets servant d'armature auxdits mannequins.

He Pao se morrigéna sur le temps qui lui avait été nécessaire pour réduire en miettes des cibles inanimées. Puis, en soupirant, elle entreprit de mettre les restes en tas.. Il valait mieux que tout ait disparu avant que le reste de la cross guard n'ait l'idée de se lever et de s'entraîner...

Sur ces pensées, elle sortit une alumette...

Son regard paraissait doux et gentil, mais soudain je me rendit compte de la présence dans ses traits crispés de quelque chose que j'aurais mieux fait de ne jamais voir. Je détournai la tête, visiblement mal à l'aise, et lui rendit ses salutations.

"Bonjour euh..."

Je réalisa alors qu'elle tenait dans sa main un balai, objet annondin mais qui pourtant ne m'inspirait pas plus confiance que le reste de sa propriétaire. J'avais un peu peur, cette fille commençait à s'approcher de moi et quand à moi je ne pouvais pas bouger. J'étais comme pétrifié face à elle. On m'avais toujours dit que j'étais très doué pour voir au premier regard la vrai nature des gens, on disait que j'étais pratiquement empathique. A chaque fois j'avais nié ce don, car ce genre de situation étaient l'exemple même de ce que je n'avais pas envie de vivre.

"Euh... vous êtes un soldat de la Cross Guard ? Je viens juste d'arriver et je ne connais personne pour l'intant, alors ne m'en voulez pas si... euh... J'aurai bien aimé me présenter mais euh... à vrai dire je n'ai pas de nom... ça vous dérange ? Euh... escusez moi... "

J'essayai de dire quelque chose, de remplir ce terrible blanc dans la conversation. Mais je ne disais que des choses futiles. J'aurai préféré m'enfuire en courant, mais je n'en avais pas la force. Cette femme me clouait sur place.

"Vous balayez ? Vous voulez un peu d'aide ?"

"Les balais ? Euh oui d'accord..."

Je suivais tout en frissonant, je commençais déjà à regrèter d'avoir ouvert ma bouche aussi facilement. Elle m'entraina dans un corridor un peu plus étroit et sombre que les autres, je remarquais aussi qu'il était plus sale que les autres. Mais que voulez vous, si elle me disait la vérité, elle était probablement seule à nettoyer un aussi grand édifice. Cette tâche me semblait bien courageuse, héroïque même. Je me retourna et la regarda droit dans les yeux, sans faire attention à me peur et à ma timidité naturelle.

"Je trouve votre tâche très noble. Vous occuper à vous seul de la caserne entière me semble être une très louable chose, qui demande de beaucoup de courage."

Il me fallait être honnête, je détestai cacher mes sentiments. J'ai toujours trouvé ça lâche et détestable chez un individu. Cette femme me faisait peur, mais au fond elle m'impressionnait. Il fallait que je lui dise.

"Je viens à peine d'arriver ici, mais je n'ai rencontré que des gens aux intentions louables et courageuses..."

En disant ces mots la pensée d'Athanase m'effleura l'esprit et me troubla pendant un instant.

"... euh et j'espère bien pouvoir faire réellement partie de cette organisation un jour, de pouvoir me démarquer en tant que militaire. Oh mais vous ne vous m'avez pas dit votre nom. Vous êtes ?"

He pao ? Elle venait de dire He pao ? Amusant comme coincïdence, vraiment.
Je souleva mes manches, révellant sur mes bras fins, l'amas de gourmettes, de bracelets et de bijoux, portant tous des noms différents. Ce n'était pas des ärms, mais des verroteries ordinaires qui me plaisaient beaucoup. Ma petite collection de prénoms divers et variés, les uns plus exotiques et incongrus que les autres.

Athanase n'était pas dedans. Athanase n'était pas à moi. Cette pensée me faisait en général beaucoup de peine, mais cette fois-ci mon attention se retrouvait portée ailleurs. Je cherchais frénétiquement son nom.

"He pao ! Regardez ! J'en ai un ici ! J'en ai déjà rencontré une qui portait le même prénom que vous... mais où sommes nous exactement ?"

En levant les yeux que je me rendit compte que nous avions beaucoup marché. Nous étions à présent dans une toute petite pièce très sombre. Le placard à balais, ça me revenais. Elle m'avait promis de me montrer le placard à balais.
J'équarquillais les yeux, hébétée. C'était un endroit vraiment bizarre. Remplit de toute sorte de balais, de toute taille et de toute les formes. J'ignorai qu'il existait une aussi vaste diversité de balais au monde.

Je sourie, elle avait sa collection, j'avais la mienne. Au fond il n'y avait pas de raison d'avoir peur, nous étions exactement pareilles toutes les deux.
Bizarres et tordues toutes les deux.

"Vous m'en prêtez un He pao ? Merci c'est gentil à vous."

Je ne savais que choisir, alors je pris le premier qui ma passait sous la main, à savoir le plus proche de moi.

"Je prendrai celui-ci si ça ne vous dérange pas. Mais donnez moi votre avis, c'est vous l'experte pour ce genre de chose..."

He Pao ignora l'abscence de réponse à sa question sur le nom, occupée à examiner le balai qu'avait pris Nobody. L'incroyable réalité était que pour ce qu'elle s'y connaissait en ménage (2 ans d'espionnage dans une maison bourgeoise), elle avait de loin fait le meilleur choix possible dans ce qui se présentait.

Se pourrait-il qu'elle fasse partie de ces personnes douées du don du ménage ? He Pao avait rencontré quelques personnes dans sa courte vie, comme ça, ayant en termes de ménage une virtuosité à la limite du magique, et celà l'avait d'ailleurs à chaque fois beaucoup perturbé. Elle soupçonnait par exemple la présence d'un tel potentiel chez le chef de la cross, à la façon dont il maniait sa lance, même si il semblait clair que ledit potentiel ne serait jamais exploité.

*C'est dommage, je l'aurais bien vu un balai à la main...*

Un petit sourire aux lèvres, elle répondit, un rien pensive...

"Je pense que ça devrait aller..."

"Ah ? Vraiment ? Et bien allons y."

Je sortie la première du placard, mon balais à la main.

"Par où commençons nous ?"

J'étais toute contente à l'idée de pouvoir lui donner un coup de main. Je me mit à chantonner en me disant que le bonheur c'était peu être ça.

"Le terrain d'entraînement peut être ? J'ai vu que vous aviez commencé, mais qu'il reste pas mal de boulot. C'est normal que cet endroit soit en désordre, les militaires s'y entrainent beaucoup et très durement j'imagine. Un véritable champs de bataille ! Il n'y a qu'a voir les cendre un peu partout, c'est complètement..."


Je m'arrêta de parler et de marcher. Dans ma tête les idées fusaient et s'entrechoquaient dans un éclat d'horreur.

Le feu.
Les cendres.
Ses cendres.

Mon dieu.

Ma voix se fit blanche quand je demanda :

'Y'a-t-il un manieur de feu ici ?"

C'était peu être lui ? Non, impossible. C'était trop gros.
Mais si jamais c'était le cas...

Je pourai le venger et son âme reposserait enfin en paix.

"On ne connait donc dans cette caserne d'autre méthode d'assainissement que la purification par le feu et l'antédiluvien balayage, n'ayant en commun que le rendement minable et une montagne de fonctions contraintes. C'est d'un désolant que de constater que nul ici n'a songé à innover dans un souci d'efficacité minimale : mais dans quelle Pétaouchnock s'est donc exilé le génie humain propre à répondre à toute difficulté par la technologie ? Il ne s'agit très certainement que d'une mathématique coïncidence, mais vous pouvez en féliciter les hypothèses de vous résulter pile poil le personnage de circonstance."

Sur ces entrefaites, le Geek Fou -que nul n'avait reconnu à son élocution si banale- daigna sortir de la motte de foin dans laquelle il se livrait à vous ne saurez quelle expérience (quel est l'infâme protozoaire vulgaris qui a dit qu'il pionçait ?), ce qui lui évita de se faire rôtir vif lorsque la motte en question s'embrasa, attisée par un reste de braises quelques secondes plus tard.

*C'est malin ça : je vais l'empailler avec quoi, mon ornithorynque du Kwoltarr supérieur, maintenant ??? Marre de trouver des substituts à tout ce que le commun met en pièces par négligence, va encore falloir acheter une caisse entière de plumes de calmar à cet épicier rapiat. Et mon ornithorynque sentira la crevette après ça. Beuârk.*

C'était bien beau, les considérations de naturaliste, cela dit il est très rapide elles relevaient peu du problème actuel et après une si brillante entrée en matière, il se devait de se montrer à la cime de ses prétentions. D'un autre côté, s'il gaspillait du temps en explications destinées à banaliser sa science à cette brochette de béotiens, la caserne flamberait avant qu'il n'ait crevé la couche de paresse sapiophobe obstruant leurs esgourdes. L'inconvénient du balai, c'est que c'est long et fastidieux, provoquant en plus de l'indéniable perte de temps un abrutissement certain qui empêche de se rendre compte -par exemple- qu'il vaut mieux s'assurer de la totale extinction d'un incendie potentiel et que cette alléchante odeur de cochon grillé ne provient pas des cuisines mais de l'orc à l'autre bout de la cour qui vient de constater que son pagne vient de prendre feu.

"Démonstration. Toi, là, le drôle, tu vises le machin vert avec un casque à pointes qui court partout en faisant gruik gruik et qui balance des braises dans tous les sens, puis tu décapsules. Avant qu'il ait mis le feu à la réserve d'alcool, de préférence."

Sur ce, le Geek fou lâcha entre les mains de Nobody (qui faillit la faire tomber avec le balai déjà à cet emplacement) une espèce de grosse gourde blindée à languette métallique puis se recula pour observer le résultat.

[Si tu ne sais point de quoi il s'agit, compulse la présentation du Geek Fou qui te renseignera.]

(jai cherché dans ta présentation, mais je n'ai rien trouvé ressemblant à une gourde, désolé ^^' ja vais faire en sorte d'écrire en te laissant décider des effets de ce truc, vu que je ne les connaient pas.)

Un homme vêtu tout en noir sorti d'une motte de foin, et se mit à palabrer dans un dialecte que je ne comprenais pas. La situation, à la basse toute simple, et que j'oserai même qualifier de normale, prenait un tour complètement inattendu avec l'arrivée de cet homme... étrange ? C'était le moins qu'on puisse dire. Inquiétant serai un terme plus juste.
Quand il posa son regard sur moi, je frissonna et chercha la présence plus rassurante d'He pao.
On ne voyais pas une parcelle de sa chair, cachée derrière une cagoule noir. Impossible même de connître la couleur de sa peau.

Mais le plus terrifiant chez cet individu, c'était son regard.

Ses yeux étaient dissimulés derrière d'épaisses lunettes, qui ressemblaient peut être même plus à un masque, aux lentilles de couleur vertes. Deux yeux assimétriques qui me terrorisaient.

Cet homme étaient vraiment un militaire de la Cross ?
Alors je n'avais pas de raison d'avoir peur, il ne me voulait pas de mal. Je m'étais bien rendu compte de ça avec He pao, elle m'avait fait peur à première vue, mais au fond elle était très gentille. Cet homme devait l'être aussi.

Il me tendi un objet tout à fait anondin. Une sorte de gourde en métal. Puis il me demanda d'aller la porter à... à qui ?

Ou devrai je plutôt dire à quoi ! Un orc à la caserne ? Jamais je n'en avais vu en vrai.
Et il voulait que je m'approche ? Mais il rêve celui là ! Je lui fait un peu confiance car il est militaire comme moi, mais il fallait pas m'en demander trop. Je lui rendi son truc et lui dit fermement :

"Allez le faire vous même. Je ne tiens pas à m'approcher de cette créature."

J'étais furieuse, comment Athanase pouvait recruter des orques dans ses rangs ? Je ne comprenai pas, il manquait de monde ? Et depuis quand il y avait une réserve d'alcool dans la caserne ?

Mes idéaux et illusions sur la dignité de la célèbre Cross guard s'effritaient peu à peu.
Je me sentais vraiment déçu. J'avais fait tout ce long et douleureux chemin pour renconter une brochette d'imbéciles. J'étais dégoutée, profondément. Même Athanase, il... non lui je n'avais rien à lui reprocher.

Je comprenai peu à peu d'où venai cette tristesse infinie que j'avais lue dans son regard.
Comme je m'en voulais de le lui avoir reproché, maintenant que je partageai sa peine.

Steve observa Nobody avec circonspection

« Pas si mauvaise non plus, comme méthode. L’orc de lutte contre-incendie : c’est un coup de maître que de donner libre champ à la faiblesse d’esprit de l’orc pour effectuer la tâche à notre place. Si, si, fameux, vraiment. Il a exhaustivement piétiné les flammèches et convoyé tout ce qui comportait une avérée menace de propagation incendiaire dans la zone dédiée à l’effet de leur ventilation. Quelque animal commun assigné à ce travail eût nécessité une quantité de dressage bien supérieure quant à le "convaincre" de s’aventurer dans le dispositif de compression, sans compter qu’il en eût fallu certainement plusieurs pour embrasser tant que l’orc. Celui-ci combine à merveille capacité cargo et bêtise caractérisée, réunion engendrant une efficacité considérable, excellent choix que cette option. »

Il laissa négligemment choir au sol le refroidisseur haute pression désormais surabondant, dont le bouchon d’étanchéité émit un soubresaut vibrant de protestation peu rassurant, pour poursuivre son éloge fonctionnel de l’ustensile olivâtre bien mal en point sous la coupole du puits. En bon Geek Fou qu’il était, la phase seconde de sa tirade porta nécessairement sur l’élaboration conceptuelle d’usages inédits de cet engin de chantier organique, tout en émettant quelques réserves quant à la rentabilité des opérations au su de la ruineuse voracité effective. Le râle dudit engin parvint cependant à se faire raisonnablement bruyant pour tirer Steve de ses applications virtuelles un bref mais suffisant instant.

« Néanmoins, si on désire contempler un jour à l’œuvre ces mirobolants projets, il conviendrait de récupérer leur effecteur principal tant qu’il demeure en un seul et unique assemblage indissociable. »

S’approchant de l’orc qui gigotait toujours mais de plus en plus faiblement sous son couvercle, le Geek Fou en fit le tour avec autant de précautions que s’il ne s’était pas agi de plus d’un quintal de muscles verdâtres mais d’un authentique ouistiti pygmée. Interceptant une jambe au niveau du tibia , il en tapota le muscle adjacent avec un petit maillet métallique et émit la constatation que cela semblait encore à peu près opérationnel. C’était récupérable, voire réutilisable, si on ne s’y prenait pas plus tard que tout de suite. Après, cela aurait tout le temps de s’asphyxier, de pourrir à feu doux, d’exhaler des gaz inflammables en quantités appréciables, de fournir subsistance à bons nombre de larves d’insectes et à des charognards moins petits mais tout aussi élégants, puis de ravir les naturalistes dans quelques siècles et de donner du boulot à la brochette de balayeurs de la Cross Guard bien avant ça. Pourtant ce résultat pouvait être obtenu avec bon nombre d’autres créatures nauséabondes et stupides de grande taille (quoique les naturalistes préfèreraient sans doute un orc à un bœuf de labour bien dodu, allez les comprendre)

Steve empoigna des deux mains la toiture branlante mais non moins pesante actuellement occupée à broyer plaisamment l’épine dorsale de Glarf.

« Vous me fileriez un coup de main pour soulever que ça ne serait pas de refus »

Puis, constatant les réticences de Nobody à s’approcher de l’orc :

« Mais voyons, dans cet état il ne présente aucun danger, il ne risque assurément pas se relever sournoisement et de nous dépiauter tous bout par bout dès qu’on lui aura retiré ce fardeau de sur les reins. C’est à peine s’il peut encore remuer des orteils. Vois, je soulève légèrement ce bord-là et il ne réagit point ; il ne se rend probablement pas compte qu’on le sort de là, ne nous encourage pas non plus, ne hurle même pas parce que l’extrémité opposée lui rentre dans l’épaule de tout son poids : il ne se passe absolument r... »

Il y eut un bruit de jointure qui cède brutalement, la charpente s’affaissa et répandit chaotiquement tuiles et morceaux de tuiles à terre, dégageant un nuage de poussière pourpre et irritante qui fit détourner le regard à chacun. Néanmoins tout le monde entendit peu après le distinct "splatch", lointain mais lourd et rauque suggérant qu’un colis consistant venait de faire connaissance avec le fond du puits. Naturellement, l’orc n’était plus là.

« Amusant : c’était en fait principalement la pression exercée par le couvercle contre les bords de la margelle –avec lui entre les deux- qui l’empêchait de glisser dedans sur le côté, en quelque sorte par un écartèlement au niveau des membres, semblerait-il. »

(il a tué l'orc !! alléluia ! Oh non que c'est triste !! bouh bouh bouh !)