Elle descend de la montagne en sifflant ! hip hop !

Diana surveillait l'entrée. Ses espions l'avaient prévenu de ce qui se tramait. Cet idiot de marionnettiste. Il avait fallu qu'il mette une militaire enceinte après avoir couché avec un pion.

Il faudrait qu'elle ait plus l'oeil sur ses actions.

Mais elle manquait d'officiers.

Elle n'avait qu'un fou, qui était aujourd'hui pour elle symbole de menace.

Ce marionettiste avait la science des marionnettes, pourtant, cette science et celle de sa Reine étaient différentes.

Il lui avait paru intéressant.

Aujourd'hui, il lui semblait dangereux.

Non pas qu'elle ait peur, car c'est un sentiment qu'un être au coeur aussi sombre ne peut comprendre, simplement, il faudrait veiller à ce que le marmot tombe entre de bonnes mains. Elle devait engager un nouvel espion.

Mais elle fut arrêtée net dans ses réflexions quand entra le jeune homme.

Elle décela en lui un je ne sais quoi de diabolique.

Intéressée, elle le héla depuis le haut des marches.

Qui es-tu étranger, pour pénétrer dans ce château ? Avance et présente toi.

Aurait-il les capacités requises pour entrer dans l'Echiquier ?

Une voix féminine. Avec beaucoup d'autorité. Parfait... ça lui manquait presque.

En entendant ce timbre inconnu mais aux sonorités familières mais pourtant si lointaines résonnait interminablement dans ses oreilles et un frisson agréable lui parcourait l'échine. Il se revoyait à l'usine, il n'y a pas si longtemps, le bruit cadencé des ouvriers zélés et fiers d'oeuvrer pour la nation sous le joug bienfaiteur de la contre-maîtresse, et tous les bons souvenirs le frappaient de plein fouet et lui faisait plus de mal que de bien.

Il s'éclaircit la gorge et rentra ses mains féminines sous son manteau.

"Je suis un étranger tout droit descendu des lointaines montagnes, et je viens me mettre au service de cette organisation et de ceux qui la dirigent. Je suis recommandé par un ancien membre assassiné par la Cross Guard. Ma détermination à le venger est sans doute à la mesure de leur crime."

Et tandis qu'il exhalait ses paroles, son regard perçant à travers le masque scrutait le bâtiment et son immensité, et lui qui n'avait rien connu de plus grand que sa propre usine se sentait très impressioné. Mais comment pouvait-il en être autrement, alors qu'il avait traversé tout le continent, arpenté des sentiers et des chemins, piétiné des ruelles et des gens pour agrandir sa funeste collection. Sans doute allait-il pouvoir la montrer à des connaisseur ? Sans doute allait-il rencontrer quelque personnalité intéressante ?
L'impatience qui l'accompagnait depuis ce funeste jour du deux février était à son comble. Enfin, le moment qu'il attendait allait arriver...

[fiouuuu la classe le nouvel avatar!!! <3 HAN!! ME BOULOTTEZ PAS!!!]

[Moi je les préférais avant ... TT.TT
...
Bon, cessons là le flood intempestif.]

Diana inclina la tête en direction des jumeaux.

Elle avait toujours ses deux plus fidèles appuis.

Non , non, mes agneaux, rassurez-vous, il ne me dérange pas.

Elle descendit les marches et se planta face au nouvel arrivant.

Tu dis être prêt. Tu dis pouvoir faire le mal.

Elle eut un petit rire.

La seule chose que je te demande, c'est d'être à mes ordres, et de n'obéir qu'à un seul maître à savoir moi. J'exige de mes subordonnés de la puissance, de la discipline, de l'obéissance. Es-tu prêt à prêter serment et à me jurer allégeance jusqu'à la fin de tes jours ?

Le brave Philibert ne savait plus où donner de la tête et il s’oubliait dans une contemplation de ces nouveaux arrivants. Avant même qu’ils n’entrent, il avait perçu l’intensité de leur magie et leur puissance. Mais leur prestance et leur mépris indifférent à son propre égard ne faisaient que renforcer cette impression. Il se sentit tout d’un coup plein d’ humilitude ? Humbleté? Humilité et un frisson lui parcourut le dos sous la forme de fines gouttelettes lorsqu’ils envisagèrent de s’en prendre à lui. Déjà stressé sur sa seule défense, il était prêt à se battre pour sauver sa vie et faire ses preuves, presque honoré d’avoir à affronter des ennemis si puissants et prêts à se battre jusqu’à la mort pour accéder à cette organisation. Mais c’est avec soulagement qu’il appris cependant qu’il lui serait épargné cette lutte.
Il était totalement subjugué par ces trois personnalités, et sentait enfin se concrétiser son projet, celui qui l’avait fait tout abandonné, quitter ses montagnes pour les villes inhospitalières pour quelque un comme lui. Mais il lui fallait s’en montrer digne.
Pour l’usine, pour sa famille, pour le « sorcier », pour sa collection, pour l’Échiquier et pour lui-même, il devait se montrer digne.
Il baissa sa tête modestement et prononça ses mots avec infiniment de respect.

Ô femme, être parmi ceux que vous semblez diriger sera pour moi une satisfaction incommensurable, et ce, quels qu’en soient les sacrifices. Même si ma puissance n’est pas à la mesure de ma détermination, je vous promets autant de puissance, de discipline et d’obéissance qu’il sera pour moi possible d’avoir et fais de moi votre sujet. Je suis à vous, faîtes de moi ce que vous voulez.

Il aurait voulu manifester quelque signe pour appuyer la profonde sincérité de son serment, mais il était subjugué par les lieux et par ses occupants.
Il aurait voulu aller baiser les mains de cette humaine au timbre qui lui rappelait tant de souvenirs douloureux, tel qu’il était de coutume dans les montagnes qu’il avait quitté, mais son instinct lui rappela combien cette idée était mauvaise et risquait de compromettre sa belle entreprise si près du but.
Il aurait voulu se prosterner comme les deux nouveaux arrivants, mais il en était incapable.
Il aurait voulu être un artiste… euh je m’égare…
Mais il se contenta de relever la tête et de fixer son interlocutrice de ses petits yeux jaunes, meurtris, perçant sous son masque, sous le masque de son défigurement, sous ce masque neutre qui reflétait si bien ce qu’il venait de se condamner à devenir : un pantin que trop de malheurs ont asservis sous le joug de la haine et du voluptueux désir de vengeance.

[hrp : si qqn pvait m'expliquer (par MP ^^) pq tous mes paragraphes sont remis en page avec une taille de 9 sans que je fasse quoi que ce soit, je lui serais reconnaissant.]

Diana eut un léger sourire, dissimulé par son masque.

Puis elle se tourna vers les jumeaux :

Mes agneaux, emmenez votre ami dans sa chambre et expliquez-lui ce que j'attends de mes pions. Laissez-le se reposer. Puis amenez-le moi dans la salle du trône. Ainsi que ce Yume, cet Ankoku.

Elle passa une main affectueuse dans les cheveux de Zandel.

J'ai besoin de faire le point avec tous ceux qui ne m'ont pas encore prêté allégeance.

Puis, avec un léger bruit de tissus, elle remonta les marches et disparut dans la salle du trône.

Un ange passe lorsque la reine sortit.
Puis, en un éclair, les deux diables se mirent à ricaner et vinrent saisir le brave Philibert encore tout ruminant son discours passé. Ils l’attrapèrent sous les épaules, enfin, ce qu’ils pensaient être ses épaules et le jetèrent dans l’escalier.
Il prit une de ses échasses sur le crâne, et une main hâtive et stressée sortie précipitamment de son manteau noir pour la remettre à sa place. Mais déjà une lame aussi froide que leurs regards se posaient juste à la jointure de son masque, et à travers les poils de son « menton » , il sentait malgré tout ce contact gênant .
C’est alors qu’il compris qu’on le menaçait. Ce n’était pas la première fois, bien sûr. Mais jamais on ne l’avait menacé de si près, jamais aucun humain ne l’avait approché de si près avec des intentions similaires. Ses propres petites mains se serrèrent sur la ceinture qu’il portait en bandoulière sous son manteau. Mais ce n’était sans doute pas la meilleure solution. Il valait mieux attendre. Et s’assurer qu’ils lui voulaient vraiment du mal.
Tout se brouillait dans son petit cerveau.
Il avait été admis à l’Échiquier, cette organisation qui voulait changer le monde. Une femme qui semblait la diriger lui avait fait prêter un serment. Jusque là, tout allait bien. Puis il y avait ces deux là, qui semblaient faire aussi parti de l’organisation, mais qui ne le regardaient pas en compagnon.
Sans doute ces deux là avaient peur pour leur grade et tentaient de remettre à sa place le concurrent potentiel qu’il représentait…
Il opta mentalement pour cette solution.

L’un des deux pris la parole. Sa voix était froide, comme son regard et sa lame. Il lui fit comprendre qu’il était aussi à leurs ordres.
Puis ils l’attrapèrent par les bras, par ses tous petits bras sans aucune force et le traînèrent en haut de l’escalier. Chaque marche était plus douloureuse, par la traction de son corps velu, et le bois qui raclait le marbre irritait sa fine ouïe et augmentait encor son sentiment d’oppression.

Enfin, ils prononcèrent un ordre, penchés sur sa noire capuche, et le souffle glacé de leur parole passa au-dessus de ses oreilles dans un sifflement désagréable. Un ordre ridicule.

Il se souvint alors des ordres qu’on lui avait donné lors de sa jeunesse, des tâches sans intérêt qu’il avait effectué en tant que stagiaire. Puis il se rappela celles qu’il réservait à ses propres stagiaires.
En acceptant d’entrer ici, il avait choisi de commencer au plus bas. Sans grade, donc aux ordres de chacun. Sans choix possible, mais aussi sans dignité. Inutile de se révolter, c’était le cours évident des choses.
Il tituba lorsqu’ils le relâchèrent et retrouva difficilement son équilibre.

Il lui fallait courir à présent. Sur ses échasses.

La dernière fois qu’il avait couru sur des échasses remontait à longtemps, alors qu’il n’était pas encor chef d’entreprise. Il gardait les vaches dans les prés. Et il rêvassait tant qu’il devait courir partout pour les rassembler lorsque venait le temps de les rentrer.
Depuis qu’il avait ressorti ses échasses pour descendre de la montagne, il s’était débrouillé pour se faire respecter. Jamais il n’avait rencontré pareille opposition, jamais il n’avait respecté un quelconque ordre. Mais son instinct lui soufflait pourtant qu’il ne devait s’opposer à ceux là. C’était aussi une manière de montrer qu’il acceptait son sort, qu’il acceptait de n’être qu’un « pion » comme ils avaient dit. Du moins, pour l’instant.

Il prit sa respiration au travers de son masque, ce qui se traduisit par un grand râle. Puis, sans regarder ses détracteurs, il s’élança. Dès la seconde marche, il manqua de s’étaler… il ne s’était pas encor remis de sa chute. Mais il tint bon. Il ne pouvait pas échouer maintenant, après avoir tout quitté, après avoir traversé la moitié du pays avec prestance et en semant une vague de panique qui le succédait et le précédait même parfois, après avoir prêté un serment qu’il regrettait déjà, après cette chute redoutable dans ce maudit escalier…

De petites mains s’affairèrent pour tâcher de remettre un peu d’ordre à son vêtement. Il ne fallait pas qu’on découvre sa véritable identité. Du moins, pour l’instant. Mais tout allait bien, personne n’avait encor remarqué ce qui clochait, personne ne connaissait son lourd secret…
Il était parvenu au bas de l’escalier sans trop de dommages. Il jeta un coup d’œil aux jumeaux qui semblaient prendre beaucoup de plaisir à le regarder trimer… puis il se lança dans la montée, en sifflant dans sa tête un air combatif.

Il trouvait tout ceci ridicule, et il songea qu’il perdait son temps. Mais si on n’avait rien trouvé de mieux pour faire respecter l’ordre et régner la discipline…

Il se demanda si on allait lui faire monter les escaliers plusieurs fois. Puis en voyant le sourire machiavélique que ne s’effaçait pas, il se demanda si on allait lui faire monter les escaliers souvent…

Des tas de questions sans réponses fourmillaient dans son esprit. Mais il ne les leur poserait sûrement pas… Il espéra alors qu’il rencontrerai une personne aussi charitable que celle qui lui avait appris à se servir de son ärm…

Il franchit la dernière marche et se tint bien droit entre eux, attendant la suite des réjouissances comme un bon soldat bien discipliné. Tout allait bien. Du moins, pour l’instant.


[c'est vraiment marrant... il ya ceux qui savent qui doivent bien se marrer en lisant les post. et il y a ceux qui ne savent pas, qui font plein de bêtises que j'essaie de rattraper...]

Les frères Zvarwolf semblaient satisfaits d’eux. Ils avaient bien fait cavaler le nouveau pion, qui à présent tentait de se tenir droit devant eux. Alors, avec un ensemble dont eux seuls étaient capables, ils sourirent et … partirent, l’ignorant avec superbe.

Philibert se retrouva seul, debout en haut des escaliers, à bout de souffle, et probablement désarçonné ? Toujours est-il qu’il n’eut pas le temps de réfléchir à son sort …

Une silhouette fine se glissa hors de l’ombre derrière lui et se posta lentement sous son regard, comme pour appuyer sur le fait qu’elle aurait pu surgir n’importe quand. C’était une portion de ténèbres animée, d’où seul émergeait un masque blanc, d’un blanc de mort, qui tranchait au milieu du noir tel un flocon de neige au milieu d’une roche stérile. Mais la jeune fille qui se cachait derrière lui n’avait rien d’un fragile flocon. Elle semblait tirer son allure de la Mort lui-même, et se faire passer pour lui face à des nombreuses victimes de sa cruauté.

Le nouveau venu intéressait la jeune femme. Obéissant, soit, mais en même temps elle sentait en lui des possibilités bien plus exploitables par elle.

Cristal parla tout à coup, brisant le silence sans sommation. Sa voix grave et naturellement menaçante n’était audible que de Philibert, mais lui ne pouvait perdre aucune de ses paroles.

« Salutations … Bienvenue en ces lieux, voyageur … Je me nomme Cristal. Je souhaitais juste vous mettre en garde … Pensez-vous avoir fait le bon choix ? L’Échiquier n’est plus aujourd’hui ce qu’il était … »

La jeune femme s’assit sur le rebord de la première marche. Elle ressentait une lassitude étrange, qu’elle n’avait jamais ressentit auparavant. Était-ce l’influence du nouveau venu ? Impossible de le dire, et de toutes façons Cristal ne se posait pas la question. Elle savait seulement qu’avec ses questions Philibert lui avait remis en tête des choses qu’elle avait oublié depuis longtemps … Pourquoi elle-même était entrée à l’Échiquier, au-delà de sa volonté de se battre et de son plaisir de tuer. Qu’elle aussi avait un idéal. Elle avait beau ignorer d’où celui-ci lui venait, elle n’en ressentait pas moins un pincement au cœur quand elle réalisait à quel point elle n’avait fait que s’en éloigner au fil du temps …

Elle finit par briser le silence qui s’était installé.

« Je suis entrée à l’Échiquier en voulant purifier le monde de ses souillures … Je croyais que c’était pour moi le meilleur moyen d’y parvenir. Mais en vérité … »

Elle baissa d’un ton, et Philibert dû se rapprocher pour l’entendre.

« La reine, Diana … Vous avez dû la rencontrer, une femme aux cheveux roses … Elle ne pense qu’à son pouvoir personnel. Elle semble n’avoir aucun autre but que d’utiliser ses Pièces pour récupérer encore plus de pouvoir, sans rien en faire de plus. »

Cristal se tourna vers Philibert et, lentement, elle fit glisser son capuchon, laissant échapper un flot de cheveux d’un noir profond, puis ôta son masque. Elle le garda à la main, plongeant ses yeux jaunes dans les fentes du masque de l’homme face à elle. Son visage laissait transparaître une sorte de tristesse, de lassitude peut-être ? Elle changeait. Il y avait encore peu de temps, jamais elle ne se serait autorisée à éprouver la moindre émotion, et encore moins à la laisser voir à qui que ce soit. Surtout un inconnu.

« J’ai été piégée, tout comme vous sans doute. Ce n’est pas sous les ordres de cette femme que l’on peut agir pour son idéal … Nos seuls droits sont de nous taire et de nos seuls devoirs de nous plier à sa volonté. »

Elle se tut à nouveau, et afficha un sourire auquel ses lèvres pâles n’étaient pas habituées. Rien de cruel dans ce sourire-ci … Rien que du désenchantement.

« Je suis désolée de vous annoncer cela ainsi … »

Et elle le pensait vraiment.

Philibert était dans tous ses états et ne savait pas où se mettre.
C’était presque son premier réel contact avec des humains depuis qu’il avait quitté sa montagne. Et il fallait avouer que les coutumes locales le laissaient un peu pantois.
Pour commencer, il venait de traverser une période éprouvante et aurait bien voulu se restaurer. Mais à la place, il était debout, emmailloté un peu n’importe comment dans son vêtement, face à un escalier où était assise son interlocutrice.
Et un silence pesant régnait.
Il n’osait plus rien dire.
Avait-il fait une bêtise ?

Mais enfin, elle parla.
Philibert se sentit alors rassurée, elle avait le ton de ceux qu’il fréquentait auparavant. Un ton un brin autoritaire mais sans être sadique comme celui des jumeaux terrifiants, non, c’était quelque chose de plus subtil.
Une voix de chef qui sait ce qu’il veut et comment l’obtenir, malgré les difficultés qu’il doit surmonter, mais que tant de complications fatiguent et lassent un peu.

Et sa voix se fit plus basse.
Philibert se déplaça rapidement pour ne pas perdre une miette de son discours, ces gens là ne répètent pas leurs paroles et les pèsent précautionneusement.

Mais quelque chose le fit reculer.
Elle le voussoyait.
Car il savait qu’elle lui parlait à lui, et à lui seul, mais pourtant on l’avait voussoyé.
C’était la première fois que ça lui arrivait.
Il ne savait pas comment le prendre. Était-ce une marque de respect ? Il n’avait pourtant rien fait d’exceptionnel jusqu’à l’heure.

Son esprit s’embrouilla, il ne parvenait à saisir le sens de ses mots, car la forme l’avait rebuté.
Alors elle retira son masque et lui lança un regard si triste qu’il se souvint alors ce qu’il faisait là.
Il se rappela son idéal et la cause de tant de sacrifices.

Quelque chose d’étrange se produisait.
Il avait quitté son entreprise pour changer le monde, mais il rencontrait des difficultés si similaires… Et il était à nouveau pris de cette impression de se démener inutilement, face à des collaborateurs et des instances supérieures aveuglées par autre chose que le bonheur commun de l’entreprise dont-ils se montraient pourtant les premiers défenseurs lors des briefings de fin d’années.

Et cette forme de résignation dans le regard de cette jeune fille l’acheva.

Il se rapprocha et se démena comme il pu pour s’asseoir près d’elle.
Une main aux gros doigts propres et manucurés n’ayant jamais connu d’autre travail que celui de signer des paperasses futiles trifouilla dans un repli intérieur du vêtement sombre et en tira une tablette de chocolat précautionneusement emballé sans un papier métallique et brillant. Il l’ouvrit rapidement, car il en avait en vie depuis longtemps, puis en tendit quatre carrés à Cristal. Puis par une manipulation aussi rapide qu’efficace, il glissa deux carrés sous son masque.
Il mâcha lentement en savourant.
Puis il se mit à réfléchir. Il n’avait pas l’habitude de se livrer à ce genre de tour d’esprit, mais le sujet l’intéressait et il le connaissait un peu.

Si notre reine n’est plus celle qui guide nos actions vers un monde meilleur, alors sans doute manque-t-elle de conseillers compétents. Ou alors de moyens.
Il faut lui faire part de nos doutes et déléguer un comité de discussions pour améliorer la situation et…

Il allait rajouter « ne pas perdre la production de l’année ». La situation était totalement irréaliste. [c’est le cas de le dire ^^’’’’]
La naïveté rayonnait à travers son masque, il ne savait pas du tout dans quoi il s’était engagé, et malgré ses antécédents récents, il avait un fond de bonté naturelle.
Et il n’avait pas encor tout à fait réalisé qu’il n’était pas à sa place.

Il se tut en attendant la réaction de Cristal.

Cristal accepta avec surprise le chocolat qu’on lui tendait. Cela faisait tellement longtemps qu’on ne lui avait rien offert spontanément comme cela … Enfin, si l’on exceptait Devon. Mais Devon était un cas à part, il l’aimait, ou du moins prétendait l’aimer, il n’y avait rien de bien extraordinaire à ce qu’il lui donne quelque chose. Pour Philibert, la situation était différente. Il ne la connaissait pas, mais avait tout de même cette gentillesse et cette spontanéité que Cristal n’avait pas souvenir d’avoir déjà vu chez un humain depuis une éternité. Déjà, elle commençait à apprécier le jeune homme.

Elle croqua un carré de chocolat et le fit doucement fondre sur sa langue. Pour la première fois elle savoura vraiment le goût à la fois sucré et légèrement amer de cette friandise. Il faut dire qu’elle n’avait pas vraiment eu une enfance sucrée …

Philibert se taisait. Avec son masque, impossible de lire sur son visage ce qu’il pouvait penser, si seulement il pensait. Peut-être lui aussi restait-il simplement assis à déguster l’instant présent ? Cristal, si impatiente d’ordinaire, restait calme, devenait même de plus en plus calme. Elle profitait de cet instant d’entente, qui ne durerait peut-être pas.

Au bout d’un moment assez long, Philibert prit la parole. La jeune fille fut plutôt désarçonnée par ce qu’il envisageait.

D’un côté, cela lui semblait totalement surréaliste. Envisager que la reine manquait de conseillers compétents, et qu’il fallait peut-être déléguer un comité pour résoudre ce problème, était sensiblement au-dessus de ses forces. On parlait de Diana, reine de tout Mär Heaven, Diana qui justement gouvernait seule, sans accepter la moindre insubordination. Cristal avait décidément du mal à imaginer que cette reine puisse accepter les conseils ou les critiques.

D’un autre côté … Pourquoi pas ? À sa connaissance, personne n’avait jamais entrepris de donner son avis à la reine, et rien ne permettait d’affirmer que celle-ci n’en tiendrait pas compte. Après tout, si cela était fait dans l’optique évidente d’améliorer le quotidien de tout Mär Heaven … Tant que cela n’empiétait pas sur le pouvoir de Diana … Pourrait-elle vraiment s’en offusquer ?

C’était à présent Cristal qui s’enfermait dans le silence de la réflexion.

Elle finit par se rendre compte que son chocolat fondait entre ses doigts, et mit le dernier carré qui lui restait dans sa bouche.

Oui, cette idée était vraiment étrange, mais plus elle y pensait plus elle se disait que cela aurait valu la peine d’être tenté … Si Diana n’avait pas depuis quelques temps la sale manie d’apparaître pour de courtes période pour ensuite disparaître sans crier gare. Ils n’avaient pratiquement aucune chance de la retrouver à présent.

« Je crois que personne ici n’avait jamais envisagé d’agir ainsi … Votre idée me plait, même si je doute qu’il soit possible de la mettre en pratique. La reine est rarement présente, et il sera difficile de la convaincre de nous écouter … »

Elle secoua doucement la tête en signe de dénégation.

« Je crois qu’il est trop tard maintenant pour tenter cela. Voyez-vous, nous ne sommes pas les seuls à penser que Diana ne joue pas son rôle … »

Et la jeune fille se tut, ne sachant comment amener ce qu’elle voulait expliquer, et se demandant si finalement elle était bien sûre de vouloir impliquer ce jeune homme si gentil dans le massacre qui se préparait.

Sans le vouloir sans doute, Philibert était en train d'amener la conversation là où Cristal avait voulu le faire en la lançant. Mais à présent la jeune femme hésitait. Elle savait pertinemment qu'une rebellion se préparait, mais cela n'avait rien du changement de dirigeant pacifiste que son interlocuteur semblait envisager. Non, cela se ferait dans la violence, pour ne pas dire dans le sang, et ceux qui seraient du côté des perdants n'auraient pas grand espoir de s'en tirer. Et elle n'avait pas très envie de mêler Philibert à cette "guerre" interne. Encore qu'elle ignorait tout des capacités offensives et défensives du jeune homme ... Il serait peut-être tout à fait apte à se défendre ? Mais le problème n'était pas seulement là. Il semblait d'une naïveté presque sans bornes, pensant sincèrement que la reine ne pouvait que vouloir le bien de l'Echiquier en tant qu'organisation ... à moins qu'au contraire, il ne cache son jeu derrière une comédie bien rôdée.

Mais quoi qu'il en soit, il était sans doute préférable de le mettre au courant : soit qu'il se joigne à la cause, apportant un soutien toujours bienvenu, soit qu'il puisse se tenir à l'écart des combats. Il fallait juste éviter de le braquer, car s'il venait à les trahir ...

"Je pense que ... Enfin, nous sommes tous d'accord sur le fait que Diana n'a pas conscience du problème."

Elle choisissait ses mots avec soin, essayant de trouver la formulation la plus à même de convaincre Philibert.

"Elle risque de refuser la passation de pouvoir. Je crois qu'au fond, c'est cela qui lui plait : le pouvoir. Ces autres dont je vous parle sont prêts à se battre s'il le faut pour l'avenir de l'Echiquier, et à travers lui pour tout Mär Heaven. Ils se préparent à faire part du problème à la reine, en groupe, tous réunis autour d'elle pour lui montrer à quel point le changement est nécessaire. Mais Diana a des fidèles ... Par exemple les jumeaux Zwarvolf, ces deux hommes qui vous torturaient presque quand je suis arrivée. Ils sont fidèles à elle plus qu'à l'Echiquier, et risquent de ne pas accepter nos revendications. Vous avez vu de quoi ils sont capables, alors même qu'ils n'avaient aucune raison de faire quoi que ce soit de violent. Imaginez quelle pourrait être leur réaction s'ils pensent être témoins d'une trahison envers leur souveraine ... La situation pourrait dégénérer très vite."

Elle observait Philibert, cherchant à deviner malgré son masque ce qu'il pensait de son discours.

Il faisait de son mieux pour ne pas trembler sous son vêtement. Car il était à la fois terrorisé et exalté.
D’autres personnes partageaient son point de vue, et étaient prêts à se battre, même contre leur propre reine pour le bien de Mär Heaven. S’ils existaient, Philibert voulait être parmi eux.
Pas en première ligne, contre la reine elle-même, qui devait être puissante pour diriger ainsi une organisation, ou contre ses fidèles qu’elle avait probablement choisis avec soin, mais là où il pourrait aider, à présent qu’il savait un peu mieux se servir de son ärm. Chacun selon ses moyens, lui répétait-on souvent.
Et il avait de cette phrase, qui était déjà la devise de ses premiers employeurs, sa propre devise en devenant lui-même le modeste chef de sa compagnie ; compagnie qu’il avait choisi d’abandonner pour se consacrer à d’autres valeurs qui lui étaient étrangères jusqu’alors. C’étaient ces valeurs qui l’avaient délogées et il voulait se battre encor pour elles.
Mais même contre ses détracteurs précédents, il se battrait. D’ailleurs, à présent qu’il savait qu’ils ne nourrissaient pas la même envie de changer le monde, il regrettait sa soumission, il regrettait de ne pas s’être battu contre eux. À présent qu’il ne tremblait plus, il se demandait pourquoi il avait sagement obéi au lieu de se lever contre le tyran.

Il doit bien en avoir d’autres plus forts et plus sages qu’eux. Nous ne devons pas nous laisser brimer et offenser. Il nous faut réagir ! Battons-nous pour ce qui est juste !

Et tandis qu’il haussait la voix et avait recouvert toute sa vitalité (effet miracle du chocolat ?), des images anciennes lui revenaient. Il se souvint alors pourquoi il ne s’était pas battu. On l’avait menacé avant toute chose, et toutes les menaces qu’il avait pu rencontrer dans sa misérable existence n’étaient que peu de choses face à celle-ci. Il avait été agressé avant même d’être présenté. Ces gens-là ne reculeraient devant rien.
La peur le saisit à nouveau et à la gorge. Il déglutit. Il regrettait presque sa trop grande exaltation. Car il se savait faible malgré tout, et il avait conscience que sa motivation ne suffirait pas.
La peur de ne pas être à la hauteur l’avait encor rattrapé.

Il sentait ses poils se hérisser dans son dos, comme souvent lorsqu’il avait peur ou se laissait prendre à une exaltation quelconque.
Il ne savait plus quoi dire, il doutait de lui, il doutait de tout.
Mais s’il avait quitté ses montagnes, c’était aussi pour vaincre tout cela. Il n’aurait su dire pourquoi, mais quelque chose en lui hurlait vaillamment tandis que couinait, acculée de toutes parts par la bonne volonté incroyable de celui qu’on a longtemps appelé Philibert Murmel Monty, la peur qui habitait couramment ceux de sa race.
Et tout d’un coup, sans autre raison que la faiblesse de son esprit si attaché à des rêves enfantins et naïfs, tout basculait et s’inversait ; la peur reprenait le pas en terrant dans l’ombre, aux côtés des maigres idéaux froissés du montagnard reconverti, la vaillance et le courage stupide qui l’avait déterré de chez lui.
Il luttait pourtant.

Il tenta de retrouver un peu d‘enthousiasme dans ses dernières paroles. Mais déjà, il ne croyait plus vraiment ce qu‘il affirmait avec hargne, comme pour s‘en convaincre lui-même inconsciemment.

Une révolution est en marche ! Il nous faut la mener à bon port, tous ensemble ! Qui sera notre guide ?


_____________

Les émotions de Philibert étaient difficiles à sonder. Dissimulé sous le masque, son visage pouvait avoir n’importe quelle expression. Rendus flous par le large manteau, ses mouvements n’étaient que très peu révélateurs. Lire dans son regard ? Inutile d’y songer, l’ombre du capuchon le rendait invisible. Seule sa voix faisait le lien avec le monde extérieur. Seule sa voix osait quitter son univers pour entrer dans celui d’un autre. Seule sa voix véhiculait, parfois, quelque chose qui ressemblait à un sentiment. Cristal était comme pendue à cette voix. Elle se concentrait sur la moindre inflexion, le moindre changement de ton, chaque détail qui pourrait l’aider à savoir ce que pensait son interlocuteur.

Pour le peu qu’elle en entendait, elle avait la sensation que Philibert était plutôt d’accord avec ce qu’elle disait. Mais rien n’était moins sûr. La psychologie n’était pas le point fort de la jeune femme, qui avait passé les dernières années de sa vie à limiter le plus possible les contacts avec les membres de son espèce, et le cas échéant à placer une lame acérée entre elle et autrui. Comment aurait-elle pu s’habituer à lire dans les voix ce que les mots taisaient ?

Elle savait lire les visages, et les gestes de tout le corps. Sur ce point, les humains restaient des animaux, et le chasseur sait toujours déchiffrer les signes des bêtes qu’il traque. Mais la parole … Cet artifice typiquement humain, si pesant et inutile parfois ! Jamais Cristal ne laissait à ses victimes le loisir d’émettre des sons autres que des cris de bête sauvage. Au fond, peut-être en avait-elle peur ?...

La jeune fille hésitait sur la réponse à apporter à Philibert. Sans le savoir, il avait mené la discussion exactement là où elle souhaitait la voir aller. Mais elle avait changé d’avis. Elle n’était plus aussi sûre de vouloir l’impliquer, et plus le temps passait plus elle se convainquait qu’elle ferait mieux de se taire. Pourtant, quelque chose la poussait à dévoiler le fond de sa pensée à ce jeune homme qui avait su la toucher.

« C’est-à-dire que … »

Sa voix elle-même hésitait. Elle secoua la tête, puis se jeta à l’eau.

« Je regrette de vous avoir parlé de tout ceci. Je dois dire qu’en vérité, il n’y a rien de clair. J’entends les gens murmurer, et c’est tout. Pour être tout à fait honnête avec vous, j’ai commencé à vous en parler dans le but que vous m’aidiez à mettre tout cela en place, mais je réalise que c’est inutile. Je ne connais personne qui remplacera avantageusement Diana. C’est une mauvaise souveraine … mais je n’ai rien de mieux à proposer. »

Son ton las laissait voir à quel point elle avait déchanté.

« Et surtout pas ceux qui voudraient prendre le pouvoir. Car c’est de cela dont il s’agit, d’une prise de pouvoir en bonne et due forme. Je doute que tous ces gens envisagent ne serait-ce qu’un instant de négocier avec Diana. »

Elle soupira, puis reprit, le regard fixé sur les marches devant elle.

« Je ne peux que vous conseiller de vous tenir à l’écart, lorsque cela éclatera. Vous valez mieux que de périr stupidement dans des circonstances aussi … »

Elle laissa sa phrase en suspens. Le ton de sa voix la rendait suffisamment claire ainsi …

Comment une si courte discussion avec Philibert avait-elle pu l’amener à remettre à ce point en question ses convictions ? C’était pourtant ce qui s’était produit. D’un coup, elle réalisa qu’elle était devenue cette bête sans âme qu’elle avait toujours haï chez les humains. Elle était devenue cette personne cruelle, incapable de compassion. Elle était devenue cette égoïste, cette indifférente, cette fille qui ne voulait pas voir le malheur des autres car elle n’en avait cure. En voulant s’éloigner des Hommes, elle était devenue l’une des leurs.

Un sourire dur et sans joie vint jouer sur les lèvres de la jeune femme. Un sourire de pur cynisme, de ceux qui sont l’unique alternative à la folie.

Son excitation retomba brutalement lorsqu’il perçut une hésitation dans la voix de son interlocutrice. Comment pouvait-on hésiter en s’engageant dans une révolution ?

Ses paroles furent encor plus redoutable pour lui. Après lui avoir donné cet espoir fou, elle le faisait retomber salement en concluant ainsi.

Philibert allait s’insurger contre ce comportement. Cela faisait partie de ce qu’il reprochait aux humains. Ils ne savent jamais ce qu’ils veulent.

Lui savait ce qu’il voulait : il voulait rentrer à l’Échiquier, cette association qui cherchait à rassembler les meilleurs guerriers à l’aide d’une hiérarchie très précise leur permettant de se dépasser et, par la puissance ainsi rassemblée, de changer le monde et de le faire évoluer vers quelque chose de meilleur.
Et, à présent qu’il y était, tout devenait plus obscur, et il ne voyait pas comment ce dessein aboutirait.

Il se sentait découragé. Et il faisait froid.
Cependant, il écoutait Cristal en retenant son incompréhension et sa colère.
Elle continuait de le voussoyer, à sa grande surprise.
Il se sentait flatté par cette marque de respect. Ses paroles venaient confirmer ce sentiment.
La fierté prit le pas sur l’incompréhension. Il réalisa qu’il était enfin parvenu à réaliser son premier rêve.

Cristal sourit soudainement.
Philibert en fut ému. Il ne connaissait pas la palette large de sourires que les zygomatiques humaines pouvaient offrir, et n’avait connu que le sourire satisfait du patron lorsqu’il lui annonçait que le travail était bien fait, et le sourire sadique du même patron lui réservait quelques crasses. Mais tout cela était bien loin à présent, il s’était reconstruit par deux fois depuis qu’il n’avait plus vu ce sourire.
Pourtant, il avait besoin d’un patron et d’une entreprise à mener.
Et si la reine de l’Échiquier semblait ne pas être en mesure de lui répondre à ses besoins, il allait devoir trouver mieux ailleurs.

Il glissa négligemment un autre morceau de chocolat dans sa bouche et il prit la voix plaintive qu’il prenait jadis, avant de prendre la tête d’une entreprise d’artisanat locale, lorsqu’il avait une requête à déposer aux pieds de son patron.

Cristal, dis-moi ce que je dois faire. Fais-moi découvrir l’Échiquier.

Il voulait se rendre utile et surtout, il voulait servir la cause de l’organisation telle qu’on la lui avait conté. Et son interlocutrice lui inspirait de la confiance. Elle semblait partager tacitement son idéal.

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Interloquée, Cristal fixa à nouveau son regard sur le jeune homme.

"Vous dire ce que vous devez faire ?"

Elle secoua la tête, son sourire se muant en une moue désabusée.

"Ce n'est pas à moi de vous dicter votre conduite. Vous seul pouvez décider de la voie que vous souhaitez prendre. Quant à moi … Je suis incapable de faire un choix correct pour moi-même, j'ai cru prendre un chemin quand je m'éloignais de tous mes idéaux … Je suis probablement la personne la moins bien placée pour vous aider … Et j'en suis désolée. J'aimerais de tout cœur pouvoir vous venir en aide, vous conseiller, mais j'en suis incapable."

Elle se releva et acheva, d'un ton qu'elle voulait plus enjoué.

"Par contre, je peux vous faire découvrir l'Échiquier !"

Le château était vaste, mais la jeune femme en connaissait les moindres recoins … des caves jusqu'au toit. Inclus. Tout en faisant visiter à Philibert, elle laissait ses pensées vagabonder. Nul besoin de se concentrer sur ses pas pour arpenter ces couloirs mille fois remontés, mille fois descendus. Depuis son arrivée, elle s'était faite ombre, rôdant dans le manoir à toute heure du jour ou de la nuit, susceptible de surgir derrière n'importe qui à tout moment … Même si personne ou presque ici ne s'effraierait de si peu. Toutes les Pièces l'entendaient arriver. Ce qui lui changeait de l'ordinaire : aucun des humains qu'elle avait assassiné ne l'avait entendue venir …

Les Pièces n'étaient pas des proies pour elle.

Mais peut-être …

Ses pensées prenaient un tour dangereux tandis qu'elle continuait, en apparence impassible, à expliquer à Philibert quelles étaient toutes les pièces qu'ils croisaient. Oui, peut-être que … S'ils la croyaient … S'ils lui faisaient confiance … Cela valait la peine d'être tenté …