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 Travaux dans la ville [privé : Kerio]

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Athanase Eärfalas
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Athanase Eärfalas


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MessageSujet: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeVen 4 Jan 2008 - 23:38

Un grand chantier se tenait au centre de Thaeru, la petite ville calme et tranquille où s’était implantée la caserne de la Cross Guard, il y a de nombreuses années de cela. La bibliothèque municipale tombait en ruine depuis pas mal de temps déjà, et le problème était enfin pris à bras le corps. Toutes les personnes du secteur qui s’y connaissaient un peu en réfection de bâtiments s’étaient réunies spontanément autour de ce projet qui tenait à cœur à la quasi-totalité des habitants.

Athanase s’était joint à eux. Depuis son arrivée dans la ville, il s’était peu à peu fait connaître et apprécier des habitants, qui voyaient en lui "le charmant jeune homme de la Cross Guard qui est toujours prêt à donner un coup de main". Bien évidemment tout le monde ignorait qu’il dirigeait la caserne, car il restait très effacé et discret. Mais la gentillesse que lui renvoyaient ceux qu’il aidait l’encourageait à continuer à rendre service. Il faisait un peu tous les petits boulots imaginables, mais il aidait tout particulièrement pour les travaux en hauteur. Il était léger et agile, et n’avait absolument pas le vertige, et la réunion de ces trois caractéristiques, alliées à la gentillesse de les mettre au service des autres, n’était pas si répandue à Thaeru.

Par conséquent, il s’était rapidement retrouvé désigné pour travailler sur le toit de la bibliothèque, alors même que certaines parties n’avaient pas encore été consolidées. Il partageait cette tâche avec Nicolas, grande perche d’une vingtaine d’années qu’il avait déjà rencontré sur un chantier similaire. Contrairement à lui, Nicolas était très expansif et il essayait coûte que coûte d’engager la conversation avec un Athanase rendu quasi-mutique par sa timidité maladive qu’il contrôlait tant bien que mal face à ses soldats mais ne parvenait à réfréner à l’extérieur. Après l’avoir interrogé sur sa famille, son enfance, ce qu’il faisait à la Cross Guard, et n’avoir rencontré que des réponses maladroites et évasives, Nicolas abandonna plus ou moins et se mit à parler de lui. À la mi-journée, Athanase aurait pu citer dans l’ordre les cinq ou six dernières petites amies de son compagnon de travail, et connaissait tous les ragots du coin. Quand après la pause du midi Nicolas commença à le travailler au corps pour qu’il lui raconte ses propres histoires de cœur, Athanase fit l’effort de sortir de sa léthargie pour changer de sujet, et il était en train de le questionner sur son opinion quant à la Cross Guard quand il crut entendre une voix qui lui était familière …

Il s’approcha du rebord du toit et jeta un coup d’œil sur ce qu’il se passait en bas. Et put en effet apercevoir une silhouette connue.
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Kerio
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MessageSujet: Re: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeSam 5 Jan 2008 - 22:03

Kerio approchait du centre de la ville avec sérénité. Il avait passé la journée à se promener dans cette ville qu’il habitait depuis quelques temps déjà mais qu’il ne connaissait absolument pas.
En arrivant, il avait découvert les joies des portails magiques, et il en avait usé et abusé pour visiter les grandes villes du coin, car il aimait les grandes villes.
Il s’était particulièrement attardé à Lestower, la ville de l’Echiquier, et avait essayé de faire connaître un peu la Cross Guard et d’engager des volontaires, sans énormément de succès d’ailleurs, mais toute publicité est forcément bienvenue, et le but était aussi psychologique. Voir un jour l’Echiquier tomber à cause d’un petit groupe de soldats dont on ignore tout ne serait pas forcément une bonne chose pour la cohésion de la ville. Et en tant que politique, Kerio pensait aussi à ça lorsqu’il se promenait dans les rues de Lestower, et comme il le faisait en ce jour avancé dans celles de Thaeru.
Car il avait décidé de faire une pause dans ses excursions pour l’heure et voulait aussi découvrir la ville où il habitait présent.

En discutant avec des autochtones, il avait appris beaucoup de choses sur la ville elle-même et sur la Cross Guard. Kerio était très intéressé par la disparition de la Cross à la fin du dernier War-Game et regrettait que personne ne puisse lui en dire plus. Il avait déjà discuté de cela avec le chef il y a fort longtemps, mais l’idée de recherche était un peu tombée dans l’oubli.
Et il avait pour projet depuis longtemps de chercher la bibliothèque de la ville pour voir s’il trouvait quelque chose d’éclairant quant à l’histoire de la Cross, qui lui apprendrait par la même occasion sur l’Echiquier.

Et, l’aubergiste chez qui il avait pris son déjeuner lui avait confié que la bibliothèque était en rénovation et qu’elle ne serait sans doute pas accessible, mais, dans son désir d’aider la population, Kerio avait décidé de s’y rendre avec Pythagore (qu’il ne quittait jamais de toute manière), car à moins qu’elle ne soit entièrement en pierre, il pourrait se rendre fort utile.

Il vit alors la bibliothèque municipale, c’était un bâtiment assez grand pour la petite ville où elle se trouvait. De nombreuses personnes grouillaient autour de l’édifice. Kerio s’approcha confiant. Il était en forme et n’avait pas utilisé son ärm de la journée.
Il attrapa un pèquenaud qui tenait un plan de l’édifice probablement et essayait de le déchiffrer. Il avait tout à fait l’air d’un chef de chantier.



Bonjour mon brave.
C’est une beau bâtiment que vous avez-là, permettez que je vous aide à le réparer.
J’habite à la Cross depuis quelques mois et j’ai quelques qualifications magiques en ce qui concerne le bois et le métal. Je peux sans doute être utile à ma ville malgré mon grand âge.
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Athanase Eärfalas
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MessageSujet: Re: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeVen 11 Jan 2008 - 23:16

Kerio était là et proposait son aide au chef de chantier. Celui-ci, un habitué des chantiers de plus ou moins grande ampleur, et pour ainsi dire le seul, ou presque, ouvrier qualifié sur le site, accepta bien volontiers. Les travaux d’importance se faisaient souvent ainsi à Thaeru, par une équipe de volontaires encadrée par un professionnel. Et de la main-d’œuvre supplémentaire était toujours bien accueillie.

Athanase, sur son toit, se fit discret. Il se trouvait dans une situation assez ambiguë et n’aimait pas cela. Il n’arrivait d’ordinaire pas à adopter le même comportement dans la caserne et en dehors de ses murs, mais la présence d’un des soldats sur ce territoire neutre le plaçait devant un cas nouveau et impossible à classer entre ces catégories trop tranchées.

Le chef des travaux expliquait à Kerio que le bâtiment était surtout en pierre, mais qu’il pouvait aider au niveau de la charpente s’il se sentait de monter sur le toit. On avait monté un échafaudage le long du mur de la bibliothèque, mais les toitures restaient difficiles d’accès, et de plus n’étaient pas encore consolidées. Une bonne partie des tuiles avait été ôtée, pour faciliter l’accès à la carcasse de bois qui soutenait, quoique plus très bien, le tout. Athanase et Nicolas finissaient de la mettre au jour, jouant les funambules sur les poutres instables, parfois vermoulues, parfois pourries et tombant spontanément en copeaux.

Athanase voulut se reculer pour continuer son travail, espérant sans trop y croire que Kerio ne l’apercevrait pas, mais ce faisant il fit tomber sur les deux hommes qui discutaient en contrebas un nuage de poussière et de petits morceaux de bois. Il se figea, à la fois pour ne pas se rendre plus repérable qu’il ne l’était déjà, et pour la raison plus pragmatique que si chute de bois il y avait, il fallait prendre garde à ne pas tomber soi-même …

Nicolas choisit ce moment pour s’approcher d’Athanase. Il était intrigué par son intérêt soudain pour ce qui se produisait au sol, et ne se gêna pas pour lui demander de sa voix claironnante ce qu’il se passait de si passionnant.

Athanase se retourna, se sentant pris au piège.


« Euh, rien, enfin … C’est-à-dire … » s’embrouilla-t-il.

Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Avec tout ça, il était à peu près certain que Kerio l’avait vu. Ou alors c’était une drôle de chance …
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Kerio
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MessageSujet: Re: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeJeu 7 Fév 2008 - 0:18

Le brave soldat s’était lancé dans une passionnante discussion avec le chef des travaux sur l’architecture de la bibliothèque et particulièrement de la charpente, principale partie où il pourrait faire montre de ses talents et de sa générosité.

Le problème principal de la toiture pour l’instant est le contreventement en poinçon qui est totalement à refaire. Il supporte pour l’instant une grande partie de la charpente sur le côté est.


Il arborait dans ses mains un croquis que lui seul comprenait une épure très grise et parvenait sans la froisser à indiquer du doigt au vieil homme la façade est du bâtiment.

Mais, le poinçon risquerait de céder avec la force de flambage.

Il s’arrêta et regarda Kerio avec l’air de celui qui vient de faire une bonne blague et attend que les autres comprennent et le félicite.

Oui, l’anti-flambage. Qui cède à cause du flambage. Le charpentier n’était vraiment pas bon.

Kerio sourit, gêné… Il ne comprenait absolument rien.

Qu’attendez vous de moi ?

L’autre se repencha sur sa feuille illisible pour le commun des mortels et gratta son glabre menton.

Hum…Les pannes semblent solides, je pense que l’impératif serait de s’occuper de répartir correctement le poids du toit sur la charpente fragile, donc de réparer l’entraxe et le chevron qui a été très endommagé par les tractions et les compressions successives dues aux récentes tempêtes. Ils sont en bois tous deux. Après, il faudrait remplacer le blochets, voire les contrefiches, les jambes de forces et les pieds de bille, mais c’est moins urgent.

Kerio se sentait de moins en moins à l’aise. Il n’était pas charpentier et ne pipait pas grand-chose du vocabulaire hyper technique de l’autre.

Mais concrètement, là, qu’est-ce que je peut faire ?

C’est à ce moment qu’un nuage de poussière et de sciure leur tomba dessus.
Ils se mirent tous deux à tousser en levant les yeux vers le toit.
Malgré la poussière qui lui obstruaient la vue et les petits morceaux de bois qui lui blessaient les yeux, Kerio crut reconnaître une silhouette familière.


Oui, il faut absolument s’occuper de cela avant que ça devienne dangereux pour ceux qui réparent l’autre versant de la ferme.

La ferme ? Mais c’est une bibliothèque

L’autre éclata d’un rire bruyant.

Ah, vous être meilleur que moi !!

Il sortit son mouchoir pour s’essuyer le front et se calma un peu. Kerio se gratta la tête d’un air dubitatif.

Venez, je vais vous montrer ce que vous pourrez faire pour nous aider. À propos, je m’appelle Edmond Duthoit [NB : ce n’est pas seulement un calembour pourri, cette homme a réellement existé. Le nom de son maître est par ailleurs assez traumatisant =____= ].

Il lui tendit sa main que le travail du bois avait rendue sèche. Kerio changea son bâton de main pour serrer la sienne et se présenta à son tour. Ils rentrèrent dans le bâtiment.

Voyez, les solives boîteuses et la première panne sablières qui partent en lambeaux. Et l’humidité a totalement rendu les liteaux malléables et dangereux pour l’édifice.

Le lieu était très bien éclairé par un énorme trou dans le toit. Duthoit leva le doigt vers la fente béante et en fit le tour tout en lu expliquant qu’il devrait concentrer ses efforts sur la consolidation de dieu sait quel morceau de bois au nom totalement ridicule et clair quant à sa fonction.
Puis il fit glisser son index sur son plan de la charpente tout à fait méconnaissable.


Vous voyez, c’est cette pièce qui est censé être là. Je sais, ça n’y ressemble plus beaucoup, mais les ouvriers qui sont passés par le toit l’ont encore plus démoli. Il faut que ça ressemble à nouveau à ça.
C’est un travail de précision extrême. La stabilité de tout la bibliothèque pourrait bien dépendre de cette toute petite lierne.


Kerio commençait à se demander sérieusement s’il avait fait un bon choix en proposant ses services…
Il avait déjà réparé la charpente de la Cross Guard, totalement instinctivement. Mais là, il ne pourrait plus le faire à sa sauce (bourrine) et il lui faudrait suivre les instructions de cet homme passionné qui semblait ne pas remarquer que son interlocuteur ne comprenait pas un traître mot de son discours.

Duthoit attrapa un jeune volontaire qui passait pas là avec une scie et lui demanda d’apporter l’échelle. Puis il se retourna vers Kerio avec un sourire énorme.


Comment va opérer votre magie Kerio ? Faut-il tailler les pièces déjà façonnées ou vous pourrez vous débrouiller avec le grume net ?

Kerio tenta un petit rire. L’autre le suivit.

Je m’en doutez, vous l’avez connu vous aussi, ce brave Grum’net Vitruve ! Moi aussi, figurez vous ! C’était un charpentier de génie, paix à son âme !
Mais vous ne m’avez pas répondu.


Et bien… euh… donner moi du bois et je vous ferai une charpente !

Il tentait d’avoir un ton enjoué, mais il était totalement déboussolé. Etrange, ça lui arrivait de plu en plus souvent depuis qu’il s’était retrouvé dans ce monde. Mais jamais avant, du moins depuis qu’il était duc, il n’avait eu à balbutier ou à douter devant quelqu’un, et jamais il n’ avait eu à dire qu’il ne comprenait pas. C’était plutôt lui qui devait expliquer ses stratégies militaires très embrouillées à ses malheureux généraux.

Non, donnez moi un grume net et je supporterai tous les toits du monde ! Quelle belle devise ! Surtout quand on se fait appeler Grum’net.

Ils éclatèrent de rire de concert. Il commençait à prendre le coup.

*Bon, il est bien gentil, mais je sais pas si je vais le supporter longtemps ce brave type. Lui, son Grimnut, ses solives boiteuses et ses pannes sablières !*

Un autre nuage de poussière tomba depuis le toit non loin de Kerio. Il resongea alors à ce qu’il avait vu au haut []d’une treille (des grumes murs apparemment et couvert d’une peau vermeille XD)[] du toit précédemment.

Déjà, son nouvel  « ami » montait sur l’échelle et l’invitait à le suivre. Kerio blémit.

Hum, voyez vous, je sui un peu âgé pour ce genre d’acrobaties, alors il faudra sans doute s’y prendre en plusieurs fois.


L’autre sourit.

Même la charpente de la Boergerie ne s’est pas faite en un jour !

Kerio se mit à rire en surveillant l’autre. C’était facile finalement.
Il monta à son tour sur l’échelle et rejoint son Duthoit sur une poutre aux allures solides.
Il n’avait pas le vertige, il était déjà monté sur les poutres de la caserne, mais il ne se sentait pas très à l’aise.
Il sortit néanmoins son ärm et l’activa en consummant au passage un nuage de sciure qui tombait sur eux. Pour faire un peu d’esbrouffe.

Il se retourna vers l’autre, qui le regardait, un peu surpris.


On commence ?

Il tenta d’imiter son sourire niais et invitant à rire. L’autre se mit en effet à rire et lui tendit un grosse bûche marronâtre tout en essayant de retrouver le sens dans lequel il fallait tenir le plan.
Kerio jugea le moment propice.


Dites moi, qui sont les courageux qui sont montés réparer le toit ?
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Athanase Eärfalas
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MessageSujet: Re: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeLun 11 Fév 2008 - 0:07

Oh, réparer est un bien grand mot vous savez … Pour l’instant, ils se contentent d’enlever les tuiles, ça au moins c’est dans leurs cordes. Non pas que je n’aie pas confiance, mais bon, je connais Nicolas, il va profiter de ce que son camarade ne s’y connaît pas aussi bien que lui en charpenterie pour lui faire faire n’importe quoi.

Devant le regard totalement inexpressif de Kerio, Edmond se décida à expliciter un peu plus son propos.

Nicolas, c’est mon apprenti. Un brave gars, dans le fond, mais … RETOURNE TRAVAILLER IMMÉDIATEMENT AU LIEU D’ÉCOUTER AUX TRÉMIES, ESPÈCE D’ÉCHANTIGNOLE !!! Hem … Vous voyez, il n’est pas très studieux …

Nicolas jugea préférable d’obéir à Duthoit et de s’éclipser discrètement. Il retraversa le toit en sens inverse pour rejoindre Athanase qui essayait vainement de se faire oublier et continuait à ôter ses tuiles, préférant se concentrer sur ce qu’il faisait plutôt que de faire l’imbécile comme son camarade. Nicolas lança un regard vaguement réprobateur à Athanase -qui ne le remarqua même pas-, paraissant lui reprocher son manque d’implication dans ses tentatives de faire tourner son maître en bourrique.

Un peu plus bas, Duthoit continuait son laïus.


Il est loin d’être stupide, mais il préfère toujours faire le zouave que de travailler … Mais j’en ferai quelque chose, vous verrez ! conclut-il avec un sourire finalement peu rassurant. Quant à l’autre, c’est un gamin du coin. Il est gentil, très serviable … Nicolas n’a pas encore réussi à le débaucher, c’est dire s’il est bien ! Et il explosa de rire.

De son côté, Nicolas persévérait dans la tâche qu’il semblait s’être assigné : faire parler Athanase. Pour l’instant, le résultat n’était guère probant. Avec une moue déçue, il s’approcha une nouvelle fois de sa victime.


Tu sais, c’est pas parce que le "patron" dit qu’il faut être sérieux que t’es obligé de tirer une tête d’enterrement … Décrispe-toi un peu !

Il ponctua ses propos d’une grande claque amicale dans le dos d’Athanase, qui, déséquilibré, se rattrapa de justesse, bien qu’un peu plus bas … Il se cramponna à la poutre salvatrice, tentant de calmer les battements de son cœur qui s’étaient emballés. Il releva la tête et put apercevoir la figure passablement gênée de Nicolas qui, livide, semblait presque aussi troublé que lui. L’apprenti charpentier lui tendit finalement la main pour l’aider à remonter.

Euh, désolé … Je ne pensais pas que tu allais tomber, tu es monté sur gyroscope d’habitude !

Athanase ne releva pas. Il continuait à se concentrer sur son souffle, souhaitant garder le contrôle de ses nerfs, qu’il sentait prêts à se briser.

En vérité, il était épuisé. Il ne dormait pas beaucoup, et seulement par petites tranches entrecoupées de cauchemars qui le laissaient incapable de se rendormir avant longtemps. Il s’y était accoutumé, à la longue, car cela ne datait pas d’hier, mais depuis quelques jours c’était pire. Chaque matin le voyait se lever plus fatigué que la veille au soir, les nerfs tendus par ses efforts à faire comme si de rien n’était.

Il se redressa finalement, très pâle, et fit mine de repartir travailler. Nicolas l’arrêta en lui saisissant la manche, et lui demanda d’un ton sérieux qui tranchait avec son comportement habituel :


Athanase ? Tu es sûr que ça va ?

Athanase acquiesça mollement, puis devant l’air peu convaincu de son camarade il finit par répondre.

Oui, pas de problème.

Et il obligea ses lèvres à se plisser en un pâle sourire, qu’il espérait donner l’illusion du naturel.

Je pense que tu ferais mieux d’aller te reposer, tu n’as pas l’air dans ton assiette … lâcha Nicolas. Son regard ne laissait pas de choix. Aussi étrange que cela puisse paraître, il semblait être réellement inquiet pour son camarade.

Entre temps, Edmond avait poursuivi sa noble tâche, à savoir balancer négligemment sur le pauvre Kerio le plus de vocabulaire technique possible. Il avait vaillamment entrepris de lui expliquer quelle forme exacte il fallait donner à telle ou telle pièce, et les conséquences de la moindre erreur. En bref, il lui mettait la pression.


Bon, jusque là vous me suivez je pense ? Rien de bien extraordinaire … Et quand on aura fini ça, on ira taquiner le blochet !

Selon sa saine habitude, il explosa de rire à son propre calembour, sous l’œil un brin blasé de Kerio.

Par contre, je me demande en quel état … marmonna Duthoit. Hep, gamin ! lança-t-il à Athanase qui s’approchait de là pour redescendre à terre sous l’impulsion de Nicolas. Dis-moi dans quel état sont les pannes faîtières !

Athanase eut un temps d’arrêt, puis il descendit aux côtés du charpentier et lui lança un regard perdu avant de se rabattre sur l’épure. Ça, là. expliqua distraitement Edmond en pointant du doigt la pièce concernée sur le croquis. Le jeune homme esquissa un mouvement vers le toit, puis hésita. Par-dessus l’épaule de Duthoit, il adressa finalement un timide salut de la tête à Kerio. Le charpentier surprit ce manège, se retourna vers Kerio, puis à nouveau vers Athanase, et enfin s’exclama :

Ah ! Mais c’est vrai que vous devez vous connaître ! Vous êtes tous les deux à la Cross Guard, je me trompe ?

Athanase secoua doucement la tête en signe de dénégation. Il était horriblement mal à l’aise, comme souvent face à Kerio. Il avait le sentiment que le vieil homme le méprisait cordialement, et cela l’attristait. Lui avait beaucoup d’estime pour Kerio, mais ne savait comment lui prouver qu’il n’était pas le gamin irresponsable qu’il paraissait voir en lui. L’ex-duc était prompt à pointer ses erreurs, et le jeune homme craignait tout faux pas. Mais être confronté à lui ici, face également à Duthoit, qui ne comprendrait sans doute pas son comportement envers le vieil homme et ne se priverait pas de lui faire remarquer, cette confrontation le plongeait plus encore que d’ordinaire dans le malaise. À la caserne, c’était presque facile, tout était bien rôdé : il jouait son rôle de chef, Kerio son rôle de conseiller méticuleux à l’extrême, et finalement chacun savait ce qu’il avait à dire et à faire. Ici, la situation était différente, et il en avait une conscience aiguë. À la caserne, il parvenait à dissimuler toute émotion. Ici, la timidité et le mal-être transparaissaient dans ses yeux. Son épuisement même menaçait de se faire jour d’une minute à l’autre ; il le contenait encore pour l’instant, mais n’était pas certain d’y parvenir longtemps.

Il détourna le regard et remonta souplement sur le faîte du toit, allant étudier l’état des pannes.

Le charpentier le suivit à peine des yeux puis, sans laisser à Kerio la possibilité d’en placer une, repris son quasi-monologue.


Bon, alors, ça c’est fait, les entretoises c’est bon, énuméra-t-il un suivant du doigt sur l’épure les pièces qu’il citait, celle-ci on s’en contrefiche ! Il s’étouffa de rire un moment puis continua comme si de rien n’était. Les contrefiches sont encore potables, enfin, façon de parler ! Il se gaussa derechef. Hem … Bon alors ça vient ces pannes faîtières ?

Il va falloir les changer je pense …
répondit la voix ténue d’Athanase, bien plus haut sur la ferme. Elles ont l’air vermoulu …

Rha, c’est bien notre veine …
ragea Duthoit. C’est à se demander comment ce bâtiment tient encore debout !

Athanase rejoignit Kerio et Edmond qui continuait de pester sur le thème de "le bois c’est plus ce que c’était, aujourd’hui faut tout changer au bout de trois jours, avant on pouvait construire des bâtiments qui duraient des siècles, si si, je vois que vous ne me croyez pas" et autres choses de la même farine. Il hésitait à descendre à terre. Il ne voulait pas se donner l’air de fuir.
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MessageSujet: Re: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeSam 29 Mar 2008 - 16:14

La situation devenait intéressante. Il n’avait pas rêvé, il avait bien vu son chef préféré manquer de tomber du toit… Mais il aurait dû s’en douter, le peu de conversations qu’il avait déjà pu avoir avec les Thaoriens l’avait laissé deviner qu’Athanase était assez connu pour ce genre d’aide. Mais personne ne semblait savoir qu’il dirigeait le Cross Guard.
A présent, Le jeune garçon était à quelques mètres de lui. Ils s’étaient vus et salués, aussi simplement que possible, puis, comme Duthoit semblait avoir encor besoin de lui, le chef restait là, un brin embarassé. Kerio jugea le moment opportun.
Il coupa le passionnant monologue du chef de chantier, désireux de revenir en terrain connu.


Dites-moi Edmond, que pensez-vous de la Cross Guard ?

Ainsi, Athanase se sentirait obligé de rester… Malgré l’estime qu’il avait fini par éprouver à son égard, il adorait le titiller. Il ne pouvait s’empêcher d’admirer son travail parmi les soldats, et devait reconnaître qu’il était bien loin de ce qu’il avait pu imaginer lors de leur première rencontre.

Oh, et bien, moi, vous savez, ce n’est plus vraiment de mon âge… enfin, je ne devrais pas dire ça, je vous vois, et vous avez l’air de vous porter plutôt bien …

Il avait réussi à troubler le brave homme. Ce n’était pas l’effet recherché, mais il n’était pas peu fier. Il sourit de toutes ses dents (car il a encore toutes ses dents)

Je n’essaye pas de vous enrôler, au contraire, le pays a besoin de charpentier comme vous, d’hommes qui savent ce qu’ils font, pour avancer. Non, j’aimerais savoir ce que vous pensez du rôle de la Cross Guard, et de la politique de notre reine.

Nicolas passa la tête par l’énorme trou dans la toiture et fit sursauter son maître.

Moi, je pense que c’est n’importe quoi tout ça ...

Un objet lourd et encombrant venait de s'abattre sur le sol, juste en dessous d'eux, et les paroles du jeune homme furent masquées par le bruit. Mais Kerio n'en perdit pas pour autant son répondant.

Et bien, pourquoi ne t’engages-tu pas à nos côtés ?

Il haussa ses larges épaules, et comme son maître le regardait de travers, il retourna à son travail. Kerio continua son discours il savait exactement où il voulait aller.

Vous savez, il ne faut pas forcément grand-chose pour nous aider à vous protéger. Soyez seulement nos oreilles, et tenez nous au courant des choses étranges qui peuvent se dérouler ici à cause des sbires de Diana, et ça sera déjà bien.

Il était lancé dans sa propagande. Il avait oublié toutes ses inquiétudes quant au sol qui se trouvait loin, et ils en oubliaient de travailler. La présence de son chef à ses côtés, modifiait tout.

Je me suis engagé parce que je veux agir activement pour le peuple. C’est un peu la seule chose qu’il me restait à faire, à mon âge pour me rendre utile. Mais il est dommage que les jeunes s’intéressent si peu au monde qui les entoure et à la politique, vous ne trouvez pas ?

Ah ça, pour sûr, vous avez raison ! Tenez moi ce bout, je vous prie


Il lui tend un bout de son papier raturé qu’il a déplié de toute sa longueur. Kerio le pris en regardant du coin de l'oeil le jeune Athanase qui avait l'air très mal à l'aise. Il lui rappela quelqu'un... Bien sûr, il ressemblait à celui qui l'avait accueillit lorsqu'il était venu s'engager à la Cross Guard, quelques mois plus tôt. Il pensait qu'Athanase avait bien changé depuis ce jour... peut-être pas tant que ça.

Prenez Nicolas par exemple, il ne vit que pour les ragots du coin. Je suis sûre que si vous lui aviez demandé qui était Diana, il aurait répondu qu’elle sort avec son voisin… Tenez ce morceau, il faut qu’il ait cette forme là, exactement comme la pièce qui est là. Gamin, déplace l’échelle un peu, sinon, elle risque de gêner.


Athanase s’éxécuta. Kerio relâcha un instant son attention pour se concentrer sur son travail. Mais la machine était lancée.

Et toi gamin, pourquoi es-tu allé à la Cross Guard ?

Exactement ce que Kerio voulait savoir mais n’osait le demander.
Car, du peu qu’il en savait, il avait pris seul l’initiative de reformer la Cross Guard, qui avait disparu, et de recruter des soldats. C’était là une action louable dont il le féliciterait bien, mais quelque chose lui semblait louche. Il n’arrivait décidemment pas à comprendre ce gamin. D’ailleurs, le jeune homme qu’il avait en face de lui était absolument incomparable avec l’homme qui dirigeait la caserne. Celui là pouvait se faire vaguement respecter et obéir par une poignée de personnes sans forcer, et essayait de maintenir la force brute de Glarf, ou la surpuissance pas toujours très maîtrisée de Steve, ou même la folie furieuse de la prêtresse. Même le mystérieux muet que Kerio avait longtemps soupçonné de n’être qu’un espion de la reine, semblait le respecter. Et l’Athanase qui se tenait devant lui était timide et n’attendait que des ordres.
Des ordres comme il en avait refusé venant de Kerio, il y a fort longtemps.
Non pas que le vieux lui en ait gardé rancœur… mais disons qu’il ne pouvait rater un occasion de l’embêter un peu. C’est pourquoi il s’efforçait de toujours avoir un conseil, ou mieux, une critique à émettre à son égard. Mais quelque chose le chagrinait profondément. Il n’arrivait vraiment pas à le comprendre, et à comprendre ses motivations. Une chose, notamment, énervait secrètement le vieillard : il était toujours debout. Le chef de la Cross semblait ne jamais dormir… En effet, Kerio se couchait tôt et ne pouvait le voir quitter ses fonctions ; mais il était un lève-tôt, et il s’étonnait chaque matin de le trouver tout réveillé et déjà au travail lorsque lui quittait sa chambre, aux aurores.
Il avait essayé une fois, de se lever encore plus tôt, simplement pour être prêt avant lui, mais il avait échoué encore et l’avait trouvé, au beau milieu de la nuit, à faire des moulinets avec une arme… Alors, trop troublé pour oser le déranger, il était parti terminer sa nuit et s’était trouvé de fort mauvaise humeur le lendemain.
C’est pourquoi il continuait à prendre un malin plaisir à taquiner, parfois méchamment, le chef. Le personnage l’intriguait énormément, et en ce moment plus encore. Mais justement, c’est ce qu’il allait répondre à ce moment précis qui allait être fort intéressant.
Il n’avait décidemment pas prévu que la restauration de la bibliothèque pouvait être aussi palpitante.

Il activa son ärm et façonna le morceau de bois que tenait Edmond en tentant de se concentrer sur Pythagore en retenant son excitation et son impatience quant à la réponse du jeune homme.
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Athanase Eärfalas
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MessageSujet: Re: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeDim 20 Avr 2008 - 22:28

Je …

Le jeune homme hésita. Le regard pesant d’Edmond sur lui, et l’attention de Kerio qu’il devinait, le rendaient nerveux, et la question était loin d’être facile.

Il avait voulu s’engager à la Cross pour protéger les gens. Mélange d’idéalisme et d’orgueil. Il s’était cru capable de protéger les autres, mais il avait découvert depuis que parfois ils ne désiraient pas être aidés … Diana avait bien des adeptes. Et d’un autre côté, il ne pouvait pas non plus, à lui tout seul, protéger toute la population. D’où la nécessité de la Cross Guard … Mais il commençait à comprendre, même s’il le refoulait pour l’instant dans son inconscient, que, même avec l’aide de tous ses soldats, cette tache ne pouvait jamais aboutir.

Il ne comprenait pas encore ce qui le gênait. Il ne comprenait pas encore d’où lui venait cette sensation diffuse de se battre contre une ombre, ce sentiment d’inutilité qu’il ne repoussait qu’à grand peine. Mais ce n’était qu’une question de temps.


Je suppose que c’est à cause de l’éducation que j’ai reçu … On m’a appris l’entraide, le sacrifice de soi pour autrui, et l’amour de la justice et de la liberté …

Son regard oscillait, incapable de se fixer sur Kerio ou Edmond, mais refusant de se tourner vers la terre. Non pas qu’il eût le vertige, loin de là, il était aussi à l’aise sur une poutre à quatre mètres du sol que sur le sol sablonneux du terrain d’entraînement ; mais sa gêne combattait son refus de la montrer, et sa fatigue n’aidait en rien ce dernier à triompher.

C’est tout … acheva-t-il d’une voix faible.

Duthoit fronça les sourcils. Cette explication ne semblait pas le convaincre totalement ; ou bien peut-être qu’il la jugeait horriblement banale et peu intéressante ?


Ah oui ? Tu m’excuseras, mais c’est quand même pas banal. À ton avis, combien de gosses sont éduqués comme ça par leur mère ? Tous sans doute, ou presque … Et sur tous ceux-ci, combien s’engagent dans une telle lutte ? Pas beaucoup je pense …

Il jeta un regard mauvais à Athanase.

Enfin, si tu ne veux rien nous dire … À ta guise …

Non ! Non, ce n’est pas ça … protesta Athanase, relevant enfin ses yeux troublés vers Edmond.

Cloué par le regard inquisiteur de celui-ci, il déglutit péniblement. Duthoit ne le lâcherait pas tant qu’il n’aurait pas une explication qui lui convienne, c’était assez clair. Le problème, c’est que le jeune homme n’en avait pas d’autre.

Il détourna à nouveau le regard, paraissant tout à coup se passionner pour le mur à sa gauche.


Je … Je ne sais pas … murmura-t-il, comme pour lui-même.

Durant un instant fugitif et éphémère, à peine plus long qu’un battement de paupière, le doute et l’épuisement s’inscrivirent sur son visage, mais il les chassa vite, même s’il ne put repousser l’embarras qui pourtant ne se montrait déjà que trop.

Sa vue se brouilla. Le monde tournoyait autour de lui.

Le vertige n’avait duré qu’une fraction de seconde. Il n’était pas tombé, n’avait pas bougé, et les deux hommes qui l’observaient n’en avaient probablement rien perçu. Mais lui si. Et cela l’effrayait.

Quelque chose changea imperceptiblement dans son attitude. Il était impossible de pointer du doigt quelque chose de précis, mais il avait l’air plus sûr de lui. Son visage était totalement neutre, fermé. Edmond ne verrait peut-être rien. Kerio verrait son chef, là où n’était l’instant d’avant qu’un gamin paumé.


Si vous avez raison, et que ce n’est pas mon éducation qui m’a poussé à m’engager, j’ignore moi-même ce que cela peut être. Quelque chose de plus personnel ? Mon caractère ? Je ne sais pas. Je crois simplement que c’était ce que je devais faire. Agir pour les autres, et non pour soi, me parait être la meilleure chose à faire.

Edmond eut l’air surpris, à la fois par la brusque prise d’assurance d’Athanase et par la teneur de son discours. Il hocha la tête, comme en signe d’assentiment, même s’il était difficile de dire si tel était vraiment le sens qu’il fallait donner à ce geste.

Le jeune homme était calme. Cela contrastait violemment avec l’attitude qui était la sienne il y avait quelques minutes encore, mais cela ne lui paraissait pas étrange ou inhabituel. C’était sa défense contre le monde extérieur … Mais aussi contre son monde intérieur. Il ne pensait qu’à ce qu’il devait dire ou faire sur l’instant, parvenant par un tour de pensée incompréhensible à oublier tout le reste. Même sa fatigue. Il ne devait pas être fatigué, donc ce problème n’existait plus. Tout simplement. Bien évidemment, le sommeil viendrait plus tard réclamer son dût, et avec les intérêts, mais en attendant, et comme des centaines d’autres fois, il se pliait à la règle commune de l’attente. Le calme n’était pas une façade. Il était profond, et ne masquait rien. Car les pensées douloureuses désertaient l’esprit du jeune homme lorsqu’il se forçait ainsi à n’être plus que sa fonction.

Il oubliait cette douloureuse sensation de ne rien pouvoir faire. Il ne l’avait pas encore identifiée, cette impression insidieuse, mais c’était elle qui le rongeait, le laissant épuisé par ce combat contre un adversaire d’autant plus fort qu’il était en lui. S’il n’était utile à personne, il … Non, il valait mieux ne pas y penser.

Et c’est ce qu’il faisait.


Et t’es jamais égoïste ? T’es pas normal toi …

Athanase sursauta, tout comme Edmond. Ils n’avaient pas entendu Nicolas s’approcher. Duthoit ouvrit la bouche pour le réprimander, mais se ravisa. Ravi qu’il le laisse s’incruster ainsi, l’apprenti s’allongea sur le toit, au bord du trou, et, dardant sur Athanase un regard gentiment moqueur, il poursuivit.

J’ai du mal à y croire ! Perso, je connais personne qui pense pas à soi, même si c’est pas tout le temps !

Athanase soutint son regard. Surpris, Nicolas eut un mouvement de recul, le fixa pendant un moment, puis finit par détourner les yeux.

OK … marmonna l’apprenti, visiblement mal à l’aise, les rôles s’inversant. Oublie ça …

Il y eut quelques secondes de silence, finalement rompu par le rugissement qui tenait lieu de rire à Edmond.

Bravo gamin ! Ça faisait longtemps que j’avais pas vu Nicolas écraser comme ça ! Félicitations !
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MessageSujet: ah, c'était le bon temps ^^   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeJeu 24 Avr 2008 - 12:04

Le vieux duc sourit dans sa barbe [c'est une expression, Kerio est imberbe, je le répète =____=]. Il en faudrait plus pour connaître les véritables motivations du jeune et mystérieux chef de la Cross Guard. Il commençait à se demander s'il réussirait à le savoir un jour...

Pfff soupira Nicolas avant de repartir faire semblant de bosser.

Edmond se pencha à nouveau vers son épure, puis vers le travail de Kerio, qui s'écarta, un peu tendu de voir ce qu'allait en dire le maître.

Hum.... c'est assez ressemblant avec la pièce originale, c'est du beau travail, je vois que j'ai à faire avec un spécialiste. Venez, il faut faire la même chose de l'autre côté.

Il se tourna vers Athanase qui reprenait ses esprits.

Toi aussi, viens par là, nous allons avoir besoin de petites mains fines comme les tiennes pour attraper les clous coincés dans le bois.

Il se redressa et se déplaça sur la poutre en se tenant au toit. Athanase, qui était juste à côté le suivit. Kerio se redressa à son tour, un peu mal à l'aise. Sa vision commençait à se troubler un peu, il ne fallait pas qu'il force trop.
C'était là le principale inconvénient de son ärm, Pythagore : pour les grosses transformations bien bourines, tout allait bien, mais dès qu'il fallait un peu plus de précision, ça devenait impossible à maîtriser sans y laisser beaucoup de forces.
Décidemment, il se faisait vieux.


Vous voyez, Kerio, cette vieille bâtisse commence à avoir fait son temps... Regardez cette disposition des poutres ! Il y a longtemps qu'on a trouvé mieux. Une petite tempête, et hop, tout est à refaire ! A croire qu'elle a été fabriqué avec du pommier !!

Il explosa de rire devant ce qui devait être une blague et trébucha sur sa poutre, manquant de tomber.

Oh, "l'ambourde" !

Cette fois, il éclata d'un rire si retentissant que Nicolas repassa la tête par le trou et fit une espèce de contorsion de sa tête pour l'apercevoir, assis à se tenir les côtes d'une main et le plan de l'autre. Mais non, il n'y avait rien de plus intéressant que d'habitude. Déçu, il retourna glander.

Tiens, gamin, tiens-moi ça un moment

Il légua le plan au chef de la Cross Guard et se releva pour extirper de la poche de son pantalon un chiffon avec lequel il s'épongea le front. Puis il se pencha vers la solive du coin.

Hum ...C'est bien ce que je pensais. Kerio, refaites-moi l'entrevous je vous prie. Dis-moi, gamin, à ton avis, elle pèse combien cette poutre ?

Un petit sourire s'afficha sur son visage. Sans laisse le temps à Athanase d'en placer une, il continua :

C'est lourd dis !

Il repartit dans un fou rire.

C'est l'hourdis ! L'hourdis, après la lambourde, l'hourdis ! Je suis en forme aujourd'hui !

Il échangea un regard complice avec Kerio qui se sentait trop mal à l'aise pour faire semblant d'avoir compris ses calembours, et essayait de rejoindre le lieu où il allait devoir effectuer sa nouvelle mission.
Edmond se mit alors à tourner sa tête de tous côtés, recherchant quelque chose (sa prochaine blague débile sans doute =p).


Il faudrait que l'un de vous deux attrape la corde qui est accroché juste là, s'il vous plaît ! Il tendit le doigt en direction de l'objet cité, qui était fixée au dessus d'eux et descendait vers le sol.
Allez, donnez-la-moi, vite, débrouillez-vous entre vous !

Il s'arrêta, le bras en l'air et les yeux dans le vague, à répéter sa dernière phrase doucement, comme si quelque chose clochait.

Débrouillez-vous entre vous ... débrouillez-vous entre vous ... Entrevous !! Elle est bien bonne celle-là !!

Kerio, qui était plus proche de la corde qu'Athanase, tendit la main pour l'attraper.
A ce moment, Nicolas cria, à l'attention de son maître :


Les liteaux sont tous pourris ! j'arrive pas à les retirer !

Cela fit encor sursauter le pauvre Kerio, déjà en situation délicate. Il manqua de chuter dans le vide, et retrouva un équilibre précaire en se tenant à quatre pattes, comme il pouvait.
Déjà Athanase, le voyant en difficulté, faisait un mouvement pour l'aider.
Edmond qui n'avait rien vu de tout cela répondait à son élève.


Oui, je sais que le lattis est pourri, mais ce n'est pas ça que je t'ai demandé de faire, abruti !

Mais c'est pas le lattis, c'est les liteaux ! Ce truc-là !

Il repassa le buste dans le trou en tendant un morceau de bois endommagé à l'attention d'Edmond Duthoit. Mais en s'appuyant un peu trop fort sur le rebord de l'ouverture, il décrocha un peu de poussière de bois que le vioque reçut en pleine face

Imbécile ! Touche pas à ça ! Enlève la couverture, je t'ai dit, pas les liteaux ! Il se retourna vers Kerio et Athanase tandis que Nicolas repartait à ses tuiles en râlant( Jamais content celui-là... gnagna gna, pas les liteaux, la couverture... n'empêche que je sais ce que je dis, c'est pas le lattis ou chais pas qui, c'est les liteaux, non, mais c'est moi qui les ai sous les yeux ces liteaux, oui ou non ?! ). Bon, elle arrive, cette corde ?

[i] C'est le moment que Nicolas choisit pour resurgir brusquement.


hé ! Athanase, viens voir un peu ! Y a Mathilde qui passe dans le coin, je suis sure qu'elle va te plaire celle-là !

Nicolaaaaaas !

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, car il fut interrompu par le cri étouffé de Kerio qui venait de tomber, sous l'effet du choc de la voix réprimandante du chef de chantier.

Dans sa chute, il attrapa la corde que réclamait Edmond et qui n'était autre qu'un dispositif de poulie destiné à approvisionner les travailleurs du toit en outils qu'ils ne pouvaient emporter dans leur ascension.

Edmond et Athanase, qui avaient de bons réflexes attrapèrent l'autre bout de la fameuse corde juste à temps pour offrir au vieillard une chute amortie.
Il resta quelques temps au sol, la main sur son dos douloureux tandis que les ouvriers autour accouraient inquiets.


Dernière édition par Athanase Eärfalas le Jeu 24 Avr 2008 - 21:55, édité 2 fois (Raison : problème de couleurs, comme d'habitude ...)
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Athanase Eärfalas
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MessageSujet: Re: Travaux dans la ville [privé : Kerio]   Travaux dans la ville [privé : Kerio] Icon_minitimeVen 27 Juin 2008 - 22:26

Athanase se précipita à terre sans attendre l'autorisation d'Edmond. Pourvu que Kerio n'ait rien ! C'était de sa faute, il aurait du réagir plus vite et s'occuper de cette fichue corde !...

Ce n'est qu'arrivé aux côtés du vieillard qu'il se rendit compte qu'il tremblait de la tête aux pieds. Comme s'il était lui-même tombé de haut. Comme s'il avait senti d'un coup le vide sous ses pas. Il ne put s'empêcher de jeter un regard furtif vers les poutres au-dessus de lui, et une sensation de vertige l'envahit. Tant de néant entre ici et là … Tant de distance entre ici et ailleurs … Comme entre deux êtres …


"Kerio, vous n'avez rien ?" demanda-t-il, laissant percer son inquiétude.

Le duc lui fit signe que tout allait bien et se releva en grimaçant tout de même un peu -mais était-ce par douleur ou parce qu'il avait été obligé d'accepter l'aide de son jeune chef ?...

Duthoit rejoignit les deux soldats, s'enquit de l'état de Kerio, puis, rassuré, exigea que Athanase le raccompagne immédiatement chez lui,
"et puis tu n'as qu'à rentrer chez toi toi aussi, tu es tout pâlichon, repose-toi ça vaudra mieux."

Le jeune homme ne protesta pas. C'était vrai qu'il était épuisé. Il remercia le charpentier et Kerio et lui prirent le chemin de la caserne. Côte à côte mais silencieux. Athanase trop emmuré dans sa timidité et son malaise, Kerio … trop fatigué pour le taquiner ? Trop surpris par son comportement des minutes précédentes ? Trop plongé dans sa réflexion ? Ou peut-être qu'il avait simplement envie d'apprécier le silence …
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