Duo de délinquants [avec Devon !] (oh, quelle belle teinte ! (rire))

Devon se retourna et se retrouva nez à nez avec un jeune homme qu'il connaissait de vue, enfin c'est beaucoup dire. Il l'avait croisé deux trois fois dans les couloirs du chateau de l'échiquier et en avait déduit qu'il appartenait au même clan que lui. Mais de ce garçon il ignorait tout jusqu'au nom.

Il s'approcha néanmoins du marionnettiste accoudé au comptoir comme ses bras pouvaient le lui permettre et engagea la conversation.

"Vous désirez voir Devon ? Mais il est devant vous monsieur."

Il se redressa et sourit, l'oeil brillant. Apparament il venait de boire déjà plus que nécessaire.

"Mon nom est Devon Kaomiru Kenta, je suis le patron de la poupée de cire, que me vaux l'honneur de vous recontrer dans cette misérable gargotte messire ?"

Quand même ... Il vaut le détour, ce connard ! Je peux pas m'empêcher de le surveiller discrètement, en faisant semblant de rien évidemment, je vais pas lui montrer qu'il m'a tapé dans l'œil non plus ! Le mec violacé -ouais, finalement, il lui arrive pas à la cheville, au roux- balance mollement la main pour lui dire genre ouais la taverne c'est par là tu trouveras bien tout seul mon gars. C'est ça, bouge pas ton cul surtout ! M'enfin en attendant j'ai pas l'air con moi : je vais quand même pas le suivre l'autre ! Encore que ...



Je suis content : je suis enfin parvenu à mettre la main sur ce Fou que je cherchais depuis quelques jours. Cela faisait un moment déjà que j'envisageais de l'aborder et de lui poser quelques questions ; en effet, j'avais entendu parler de lui dès mon entrée à l'Échiquier ou presque, forcément, c'est le seul à avoir un grade aussi élevé ... À part la Reine bien sûr.

"Ah, messire, tout l'honneur est pour moi !"
Je déclinai rapidement mon identité, et ajoutai :
"Je suis entré à l'Échiquier il y a quelques semaines ... J'ai beaucoup entendu parler de vous, messire Kaomiru, et je n'ai pas pu résister à l'envie de rencontrer une telle célébrité ... Pensez donc : le Marionnettiste ! En personne !"

"Fufufu ♥ Oui en effet c'est moi, le Grand Marionnettiste lui même."

Et dire qu'il restait encore sur terre des gens assez sot pour flatter l'égo de cet imbécile ! Il étirait un grand sourire satisfait et laissais Pandore lui lancer des fleurs. Il appréciait une telle compagnie tout en pensant que c'était trop beau pour être la vérité. Comme le répètait à longueur de journée son crétin de laquais, les choses vraies ne sont pas agréables et les choses agréables ne sont pas vraies. (cit Laotzu) Et Devon jouait sur cette apparence qu'il se donnait de mec étouffé par son égo, alors qu'en vérité les choses n'étaient pas aussi simple. Néanmoins il resta sur ses gardes et continua de s'amuser à incarner la prétention sans borne.

"Pandore tu dis ? C'est amusant comme nom. Tu désires boire quelque chose ?"

Il appella une poupée et lui commanda deux bières. Quand l'innocente créature revient avec un plateau chargé de deux pintes, Devon la fit servir et venir s'assoir sur ses genoux.

"Elle est pas toute jolie ? C'est ma petite Hugame ♥ Ne me demande pas pourquoi ce nom, c'est une trop longue histoire... Elle aime bien qu'on la gratouille derrière l'oreille ♥ C'est moi qui l'ai faite, et j'en suis très fière."

Putain, mais va te faire ... ! Ouais c'est ça, et ma main dans ta gueule, tu la veux aussi ?! Nan mais quel connard celui là, pour qui il se prend, genre il se croit tout permis et juste parc'qu'y a du monde dans la rue vas-y que je te fous la main au cul nan mais quel connard.
Chais pas comment il fait le rouquin il se démerde pour pas se faire piétiner et il a l'air d'aller là où il veut -même si y a cinq minutes il savait pas où c'était, qu'il allait. Nan j'le suis pas ! C'est juste qu'on allait dans la même direction. Et puis d'abord qu'est-ce que ça peut vous foutre, hein ? Bande d'emmerdeurs ...
Mais c'est pas possible ce truc qu'est-ce qu'ils font là tous ces gens bordel ?! Jamais vu autant de monde dans le secteur ... C'est carnaval ou quoi ?! Nan j'ai pas l'heure, t'as pas plus subtil comme technique de drague, eh, connard ?! Ouais c'est ça casse toi, la queue entre les jambes hein ?
...
Il est passé où, le mec aux yeux glaciers ?



Je fis volontairement abstraction de l'erreur de Devon, et laissai mon regard errer sur la création du Marionnettiste. Hugame ... Maintenant que je l'avais immédiatement sous les yeux, je me voyais forcé d'admettre que la réputation du Fou n'était pas usurpée, loin de là. Avant qu'il ne me le fasse remarquer, je n'avais pas pris conscience de la nature factice du simulacre ; ce n'est qu'après coup qu'enfin concentré sur les articulations des membres, je pus apercevoir les fines jointures qui l'apparentaient à une créature d'un autre monde. Un tel talent était presque effrayant.
"Vous avez de quoi, déclarai-je enfin en triturant machinalement mes longs cheveux noirs. C'est une pure merveille."
Je caressai encore du regard les courbes miniatures de la poupée, puis me jetai à l'eau.



Le rouquin classieux est planté devant une baraque bruyante, le nez en l'air. Il cherche des piafs ou quoi ? J'me d'mande quand même s'il s'rait pas un peu ... Non ? Ah tiens non, il mate une enseigne qui se balance en grinçouillant. "La poupée de cire" ? Bon ben faut croire qu'il a trouvé c'qu'il cherchait, mon gars. D'ailleurs il fait ni une ni deux, il affiche un sourire radieux -quoiqu'un brin crétin, si vous voulez mon avis. Il doit quand même être un peu allumé le mec- et il pousse la porte.



"Messire Kaomiru, je vais être franc avec vous. J'ai longtemps hésité à me présenter devant la porte du château car je craignais de ne pas être à la hauteur de ce qu'on attendrait de moi. J'avais entendu dire que la puissance d'une Pièce était directement mesurable au nombre de ses ärms et à l'habileté avec laquelle elle les maniait."
Je contemplai le reflet mouvant de mon visage dans la bière, puis portai prudemment la chope à mes lèvres. Mes yeux se posèrent de nouveau sur Hugame, et je me surpris à demander : "Si j'en juge à celui-ci, les costumes de vos pantins sont également superbes. Est-ce vous qui les avez créé, ou vous adressez-vous à un maître costumier ?... Non, ne me répondez pas, je m'égare. Revenons aux ärms.
Ce qui m'a le plus surpris dans les rumeurs qui me parvenaient, repris-je en reposant ma pinte sur le plateau, c'est qu'elles prétendaient que vous n'en utilisiez quasiment jamais. Vous maîtrisez la magie sans l'intermédiaire d'un ärm, Messire. C'est une capacité uni ..."
C'est alors que la porte de la taverne s'ouvrit sur un étrange individu.



"Bonjour tout le monde !"

Un jeune homme aux cheveux roux entra dans la taverne de la poupée de cire -Pandore. Il venait de s'exclamer bruyamment, en souriant, juste pour saluer les buveurs -qui n'en avaient pas vraiment besoin, d'ailleurs. Portant à présent tous les regards sur lui, il s'approcha sans perdre son sourire de la personne qu'il recherchait depuis quelques dizaines de minutes, un certain Devon.



"... que.", terminai-je dans un souffle. L'apparition bruyante d'un jeune homme roux aussi propre sur lui que peu discret détourna immédiatement mon attention de la conversation. Je ne me souvenais même pas du début de ma phrase au moment où j'en prononçais la dernière syllabe. Comment diable pouvait-on manquer à ce point de savoir-vivre ?!? Ce type dérangeait tout le monde avec ses cris !
Je m'aperçus cependant que ma réaction était disproportionnée. Il n'avait prononcé qu'une seule phrase, ce n'était pas suffisant pour le juger.
Je me concentrai donc pour retrouver le fil du discours que je tenais à la deuxième Pièce de l'Échiquier, mais mes efforts firent long feu quand je vis que l'individu se déplaçait vers notre table.



Même de là où je suis, à l'extérieur de la taverne, j'entends mon rouquin piailler ses salutations à la populace occupée à se noyer dans la bibine. Pfff ... Après une entrée pareille, j'peux pas franchement continuer à le suivre sans me faire cramer illico.
...
Tant pis pour moi.