Tournoi : premier tour, Glarf vs Cristal

Le damier de Ragenrave revenait à la vie. Après de longues années passées à végéter, il reprenait son rôle là où il l'avait laissé : montrer à une foule de plus en plus nombreuse des combats ärmés. Des combats amicaux, ou des combats à mort, mais le plus souvent des combats violents et acharnés. Des combats où personne n'acceptait la défaite, et où un revirement était toujours possible ...

"Glarf, de la Cross Guard, contre Cristal, de l'Échiquier ! Arbitre : le Pêcheur, de Luberia !"

En entendant son nom [qui l'appelle ?], le petit bonhomme sortit de la foule déjà amassée là et alla se placer au centre du damier, un pied sur une case noire, et le second sur une case blanche.
Il déplia alors le tabouret portatif qu'il avait emporté en prévision, si le combat durait trop longtemps et se révélait très peu intéressant...

Il s'assit et jetta des regard dans toutes les directions en essayant de repérer au loin à quoi pouvaient bien ressembler les deux combattants qu'il ui était donné d'arbitrer en ce jour.

[Hum ... Ou bien y'a une invasion de marchands de poissons commentateurs sur ce terrain, auquel cas va falloir dératiser à grand coup de bidules du GF, soit c'est une miniprise de contrôle qui est loin d'être mini vu le nombre de lignes ainsi corrompues ...
Quid ? (copyright)]

[je plussois dans l'interrogation ]

Amusant. Cet être négligeable, qui tenait tant à se mettre en avant en commentant le match, commençait par une telle erreur d’interprétation … C’était bien là le ridicule des humains en général.

Debout sur le bord du damier, Cristal observait son adversaire. Une sorte de montagne verte, armée d’un gourdin, et qui paraissait d’une intelligence encore plus basse qu’un humain moyen. Elle eut un mince sourire, qui resta dissimulé dans l’ombre de son capuchon, derrière son masque blanc que le "présentateur" n’avait pas du voir, sans quoi il n’aurait peut-être pas affirmé si haut et fort qu’elle était de la Cross Guard … N’importe qui pouvait porter un masque, bien sûr, mais les membres de l’Échiquier étaient bien plus connus pour cela que leurs opposants.

La jeune fille contourna le terrain pour aller s’incliner devant Diana, la reine, sa reine … Du moins pour l’instant. Elle se redressa sans attendre la permission de sa suzeraine et alla prendre place face à Glarf, au centre du damier.

Elle était impatiente de combattre.

[Joker, de quoi tu causes mon brave ? J'ai dit poissonnier, pas pêcheur.]

Diana inclina la tête en direction de Cristal lorsque celle-ci entra dans l'arène.

Le jeune pion n'avait plus qu'à prouver sa valeur. Ce ne serait que la deuxième fois qu'elle la verrait combattre, et pourtant, elle aimait ce personnage.

La jeune fille aux longs cheveux noirs semblait prise d'une impatience à l'idée de se battre contre cette chose qui lui faisait face. La Cross Guard devait avoir épuisé toute ses ressources pour en arriverà ce point. Elle ne put s'empêcher de lancer un regard narquois au jeune Earfalas, chef de la Cross Guard. Son regard avait l'air totalement perdu dans le vague.

Oui, vraiment, il devait être désespéré.

Puis elle adressa un signe à l'arbitre.

Le combat pouvait commencer.

Le Pêcheur, qui venait de réussir à faire taire son concurrent dans la vente de poiscailles et dans les commentaires totalement à côté de la plaque, se replaçait au centre de l'arène lorsque la reine lui fit signe que le combat pouvait commencer.

Il tâcha de retrouver un peu de calme en ses esprits tourmentés, et prononça avec un sérieux indigne de lui:
" Que le combat débute !"

Puis il se mit sur le côté, observant avec attention les deux combattants en en faisait des calculs sur les sommes qu'il avait à gagner avec ce match.

La jeune fille semblait bien plus redoutable qu'elle en avait l'air, mais l'autre monstre avait probablment plus d'un tour dans son sac... Il était impatient de voir comment tout ceci allait tourner.

L'esprit de l'escroc était tout fébrile... une odeur de sang l'agitait.
Un combat violent se tramait ici encor.

Edition pour correction orthographique ^^

Le combat commençait donc. Une question restait cependant dans le substitut d'esprit de Glarf : lequel donc des deux humains se farcir le premier ? C'était pourtant censé être un jambon à la fois... Mouais, il en résultait donc qu'un des deux n'était logiquement pas comestible.
Essayons.

Glarf s'approcha négligemment du Pêcheur, colla son nez à dix centimètres de son visage et renifla un grand coup. Euuuuârk. Voilà pourquoi l'odeur de poiscaille flétrie ne le dérangeait pas d'avantage. Il sentait déjà le hareng saur à foison. L'orc manqua de peu de lui éternuer en pleine face, déviant le jet quelque part dans les tribunes, d'une façon moyennement efficace au jugé du cri de dégoût qui lui revint de cette direction.

Bien. C'est donc l'autre le sac à viande à abattre. Glarf désangla donc son arme de précision et s'approcha avec un air de traqueur professionnel de la petite chose encapuchonnée et masquée. C'était vraiment un humain, ça ? Comment savoir, aucun bout ne dépassait de l'enveloppe de tissu et de céramique. Faudra mordre dedans pour s'en assurer alors.

*Grgnf. J'aime pas les emballages, c'est d'une complication insupportable d'en sortir la viande.*

Il soupesa son gourdin, resserra sa prise, en tapota l'avant tête contre sa main gauche, puis le leva à bonne hauteur au dessus de son épaule, les pointes vers l'arrière tout en s'approchant doucement. La bestiole n'avait pas l'air trop effarouchée, si elle faisait une mauvaise estimation de l'allonge d'une fente abattue, il pourrait l'étaler en un coup bien ajusté.

"Grunt. Bouge paaaaaas."

« Grount ? »

L’orc considéra une fois de plus l’étrange coutelas trouvé dans son épaule, sans avoir la moindre idée de comment la chose avait pu venir s’y loger. Cela faisait bien trop longtemps qu’il n’avait fait la visite interactive d’une cuisine, ni subi l’ire de son cuisinier à grands jets d’ustensiles tranchants ou perforants (pour une raison obscure, il semblerait que les cuisiniers humains déconsidérassent les outils contondants dans les arts de la table) Se trouvait pourtant ce méchant couteau à viande suintant un liquide verdâtre et purulent par plus de pores que Glarf. Il tenait l’engin par le bout du manche, lame vers le bas, et observait avec attention les gouttes tomber de la pointe et perforer le sol dans une gerbe de fumée. Intrigué, il porta l’arme à la bouche et la suçota un instant. Il recracha immédiatement la ferraille à gigot, qui rebondit bruyamment au sol et finit sa course au creux de la jointure d’une dalle mal scellée à quelques ricochets de là. Ce poison était affreusement amer, l’orc utilisait pourtant fréquemment divers produits corrosifs aux fins d’ajouter du piquant à ses cocktails, ne s’étant jamais douté qu’une substance puisse avoir une agressivité aussi marquée malgré un goût aussi infâmement aigre.

« Beurk. Pas bon. »

Il referma grossièrement sa plaie en tirant un pan de peau pendouillant à l’une des extrémités jusqu’à sa confrère, fit une solide quoique sommaire couture avec un tendon de bœuf qu’il gardait sous la dent comme une espèce de gomme à mâcher, puis expectora sur le tout pour en accélérer la cautérisation naturelle. Le tout avait duré une vingtaine de secondes, que sa vile adversaire avait très certainement mis à profit pour tramer quelque machiavélique projet. Le sourire narquois et provocateur irradiant son masque –au sol mais toujours fidèle au poste de limpide reflet de son âme malfaisante– n’y laisser planer aucun doute : il n’était pas seulement envisageable qu’elle ne fomentât point en ce moment même une vicieuse et retorse stratégie macabre dans le but inavouable et inavoué de vaincre l’orc par un procédé plus que déloyal. Ô que c’est bas, çà.

« C’est bien digne de l’Echiquier, tiens. Un ramassis de pleutres bouffis d’orgueil et de soif revancharde dont le but existentiel est de vous lâchement poignarder entre les omoplates de toute la misérable force de leurs petits bras squelettiques de faibles lavettes décharnées, dixit ce cher commentateur grossiste à l’haleine du grand large, soudainement pris d’inspiration –et ayant manifestement suivi le même enchaînement d’idées que notre bon narrateur– nous ravissant de nouveau de ses plaisants et pertinents commentaires. Il s’était en fait tu le temps de se rendre compte de sa bévue puis de se mettre au courant de la situation réelle, du moins semblerait-il... Beuh, on en a la nausée rien qu’à les voir. Sûr que se cache derrière cette façade blême et fétide encagoulée une affreuse créature difforme et bossue dont le camouflage dans ces vilaines étoles noires n’est que honte coupable de sa propre laideur. Ça garde au moins le mérite de nous épargner à nous, spectateurs purs et innocents le nocif d’horreur brute spectacle de cette erreur vivante dont la sacrilège parenté ne saurait rationnellement être attribuée à la nature. Bâh, il est des monstres qu’il faudrait interdire. »

Voyant dans les mimiques de dégoût contagieuses du public envers son adversaire une incitation à l’achever au plus vite, Glarf s’exécuta. Affichant clairement ses intentions, il arracha cette fois-ci des deux mains une case du damier et la tint fermement au dessus de sa tête en progressant vers Cristal, ce malgré les tremblements intempestifs de son épaule droite. L’orc souhaitait manifestement l’aplatir d’un seul coup du bloc rocheux, escomptant sur le fait que celui-ci serait trop large pour qu’elle parvienne à s’en tirer d’une simple pirouette en guise d’esquive. Un rictus d’appétit vint se prêter à l’arboration sur son faciès non moins difforme que le supposé pur produit de l’art moderne dissimulé sous la sombre robe intégrale de la mystérieuse protagoniste encapuchonnée. Non pas que cette espèce de momie poussiéreuse à s’en noircir de crasse lui donnasse faim, mais la sonorité de chair écrasée sous l’énorme pilon de pierre et réduite à un composé de pulpe organique qu’il entendait d’ores et déjà délicatement tinter à ses oreilles lui réveillait les papilles gustatives.

« Slurp. »

Arrivé à mi-chemin de l’étendue le séparant de la silhouette impénétrable tant le chaperon faisait ombrage sur son seul révélé visage, il hésita, sembla brusquement changer d’avis et stoppa. Il empoigna alors fermement de la main gauche sa brique géante par la tranche, pivota avec geste et promptitude puis projeta son fardeau d’un efficace mouvement latéral. Le bloc fusa en tournoyant selon sa normale passant par le centre de gravité avec la célérité d’un cheval de course monté sur ressorts, l’allure moyenne d’un dantesque frisbee se désagrégeant en plein vol et larguant des morceaux de plus d’un kilo, et la dangerosité approximative d’un obus de 75mm. L’orc toujours en position olympienne du lanceur de disque admirait la trajectoire de son projectile, bien parti pour intercepter le truc mou et noir à hauteur de tête.

La douleur lui coupa le souffle. Cueillie au flanc par le gourdin de Glarf, Cristal ne tressaillit même pas en heurtant le sol après son vol plané, tant son corps entier était paralysé. Durant quelques secondes son esprit fut totalement vide, puis la conscience lui revint peu à peu, et avec elle la souffrance de plus en plus aiguë. Elle n’aurait su dire à quel point exactement elle était blessée, car les signaux que les envoyaient ses nerfs se brouillaient les uns les autres, la plongeant sous une masse indistincte de douleur irradiant de son côté gauche, tandis que son crâne mis à mal par les dalles, tant lancées que heurtées, se mettait de la partie. Elle chercha péniblement sa respiration. Elle sonnait à ses propres oreilles faible et haletante.

Elle rouvrit lentement les yeux. Tout d’abord, elle ne vit que les mèches sombres tachées de sang qui lui barraient le visage, puis son regard accommoda et elle put distinguer ce qui se produisait au-delà. Elle aperçut alors l’orc qui s’avançait vers elle de son pas pesant. La petite parcelle de son esprit qui parvenait encore à rester claire et lucide lui fit savoir qu’elle devait faire quelque chose, mais avec tout le sang perdu la tête lui tournait et elle ne réagit pas. Pourquoi ce sentiment d’urgence ?... Pourquoi vouloir bouger ?... Pour…

Elle se redressa à demi, dans un effort qui lui arracha une grimace de douleur. Elle était livide, et une sueur glacée se mêlait au sang qui lui coulait du front sur la joue avant de goutter à terre. Des larmes de souffrance et de rage perlaient au coin de ses paupières.

L’orc avançait toujours, bientôt il serait assez proche pour … Allez savoir quoi. L’achever, sans doute.

La jeune fille voulut se relever, mais c’était bien évidemment peine perdue. Elle se traînait dans la poussière pour s’éloigner de la créature qui la dominait, s’écorchant mains et jambes sur les éclats de dalles qui jonchaient à présent le damier de Ragenrave. Glarf la suivait du regard, faisant de temps en temps un pas vers elle, semblant attendre qu’elle s’arrête toute seule pour la cueillir, sans effort. Quand il se déciderait, elle ne pourrait rien faire. Elle était condamnée …

Il fallait cesser là le combat.

Ce n’était pas une décision facile à prendre. Jamais la jeune femme n’avait courbé l’échine devant un adversaire, jamais elle ne s’était sentie aussi impuissante. Même lors de son combat contre Devon, lorsqu’elle était entrée à l’Échiquier, quand elle était entièrement sous l’emprise de sa manipulation, même là elle n’avait pas capitulé, refusant de dire ces deux si petits mots : j’abandonne. Mais quelque chose l’avait quitté, quelque chose qu’elle regretterait longtemps …

L’indifférence à la mort.

À présent elle voulait vivre, irrépressiblement. Pourquoi ce changement s’était-il fait jour en elle, elle pensait le savoir, mais ne le comprenait pour autant. Le monde n’avait pas changé, et son opinion à son sujet était restée la même … Mais la vie s’agrippait à elle autant qu’elle à la vie, et, dans un effort de volonté bien plus difficile que ses efforts pour se mouvoir, elle redressa le menton avec orgueil, refusant de baisser la tête face à un adversaire, et lança, du plus fort qu’elle put :

« J’abandonne ! »

[Je réclame une intervention de l'arbitre ]